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fituation de ceux qui ont furvécu. Il n'eft pas douteux qu'on ne brûlât les corps du tems d'Ho

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mere & que cet ufage n'eût été interrompu dans la fuite; mais il fe pourroit qu'Homere

qui ne négligeoit rien & qui n'ignoroit rien de ce que l'on fçavoit de fon tems, ait regardé la purification du feu, comme elle eft en effet, c'est-àdire, comme la meilleure & la plus affurée contre la pefte.

Un des inconvéniens de ce fujet, est la difficulté de placer Apollon dans une attitude qui le faffe paroître affez grand pour un événement qui fe paffe dans un auffi grand espace, & dont il eft la figure dominante.

C'est envain pour la Peinture, qu'Homere l'a fait defcendre avec beaucoup d'action du fommet de l'Olympe, & qu'il le place fur un lieu élevé. Je croirois que l'Artifte pourroit le repréfenter affis fur un nudge, & dans l'action d'exercer fa vengeance; cette pofition, furnaturelle répare le défaut de proportion, & fuffit nonfeulement pour élever l'efprit du Spectateur jufqu'à la Divinité, mais pour autoriser des actions encore plus grandes : fi tant eft que ce foit une licence, je la crois, pardonnable,

V. TABLE A U.

Le Confeil des Grecs tenu dans la Tente d'A- Page 14

gamemnon.

On a déja vu ce lieu choifi pour la scene du fecond Tableau de ce même Livre; cette répé tition ne me paroît point un défagrément pour la Peinture; les objets de chaque fujet fournissent affez de différences, pour être tranquille fur un rapport auquel il eft encore aifé de ne pas donner une reffemblance abfolue. On peut varier cette Tente par le plan, par le point de vue, ou par les parties qu'on laiffe ouvertes ou fermées. C'est donc ici le Confeil des Grecs au milieu duquel on pourroit placer un Autel allumé: Calchas fait un contraste heureux par fon habillement & fournit une varieté dans le nombre de plufieurs perfonnages habillés affez uniformément, puifqu'ils font tous armés ; ces points effentiels au fujet, forment des maffes heureuses & variées, mais foumifes par elles'mêmes à l'action principale. Achille représenté debout, l'épée à moitié tirée : le feu & le génie du Peintre doivent tout employer pour exprimer l'empreffement avec lequel Minervè

,

1

il

arrive; elle ne doit, par exemple, toucher
Achille qu'à peine; fa voix l'a déja retenu ;
la regarde & fufpend fon action. Je croirois
même, pour faire fentir, comme le dit Home-
re, que la Déeffe n'eft vue que du feul Achil-
le, que la Peinture pourroit employer une va-
peur, ou plutôt un nuage dont Minerve feroit
environnée par rapport à ceux qui compofent
le Confeil; je ne vois point d'autre moyen pour
conduire le Spectateur à l'idée du Poëte.

Le fujet de cette colere d'Achille eft heureux, même pour la Sculpture; je ne dis pas feulement en bas-relief, mais en ronde bosse, qui plus eft dans une figure feule ; & j'ai vu ce Héros bien rendu par un François dont j'ignore le nom dans une statue grande comme Nature; la colere du Heros étoit noble & terrible, telle enfin que doit être celle d'Achille. Il étoit aifé de concevoir qu'une Divinité modéroit l'impétuofité de fon reffentiment. Cette belle figure eft actuellement à Pont-Chartrain, & malheureusement elle n'eft que de pierre.

VI. T. A BLEAU.

Page 257 Agamemnon fur le rivage fait embarquer

Chryfeis, Ulyffe & les Victimes que l'on devoit offrir à Apollon.

Ce Tableau fournit à l'imagination de l'Artifte, & présente de grandes & nobles varietés; on peut le traiter de plufieurs manieres ; elles feront juftes fi l'on obferve de représenter Chryfeis affligée de quitter, au moins la confidétion dont elle jouiffoit dans l'Armée des Grecs, étant aimée d'Agamemnon, & Ulyffe fatisfait de voir exécuter le confeil qu'il avoit donné.

VII. TA BLE A U.

La purification de l'armée ordonnée par Aga- Page 2 memnon, les facrifices multipliés, préfentent les plus grandes images; le talent du Peintre peut les faire concevoir, avec peu d'ouvrage, auffi pompeux qu'ils l'étoient en effet, L'ignorance où nous fommes des cérémonies de ces fortes de purifications, doit engager l'Artiste à repréfenter quelques Prêtres occupés à prier, levant les mains &c. la diftance à laquelle ils feront représentés, peut fauver une partie de la difficulté. D'ailleurs, les fumées de plufieurs facrifices indiqués fur différens plans, peuvent fervir à produire de grands effets, avec peu

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de peine & un travail médiocre. Cependant
fi l'on ne vouloit pas entreprendre ce fujet à
caufe des difficultés du Coftume, il faut du
moins rendre juftice à Homere, dont l'imagi
nation nous a donné l'idée d'une grande & belle
action; d'ailleurs elle peint les mœurs de ces
premiers Grecs, & nous rappelle l'attachement
aux cérémonies de leur religion, dont ils ne fe
font jamais départis.

VIII. TABLEAU.

Le Tableau qu'Homere nous fournit ici, me paroît un de ceux auquel le Peintre trouvera le plus d'avantage.

Achille devant fa tente, plongé dans une douleur d'autant plus morne & plus abbatue, qu'elle fuccede à la colere la plus violente, & que cette même douleur eft caufée par le défespoir de l'orgueil & de l'amour également offenfés. Achille voit partir Bryfeis; cette belle Esclave lui témoigne la douleur la plus tendre. Patrocle, qui partage le chagrin de fon ami, la remet entre les mains de deux Herauts * envoyés

* Voyez leur habillement décrit à la fin de l'Avertiffe

ment.

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