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d'or, & les moyeux d'argent; les bandes font travaillées; le derriere du Char eft relevé en demi cercle; les courroies d'or & d'argent fervent de foupentes; l'extrémité du timon, auquel le joug eft attaché, eft orné par des courroies pareilles. Le Poëte leur fait produire une richeffe pour la Peinture; car étant plus lon-. gues qu'il ne faut, elles donnent du jeu par leur excédent. Les harnois doivent vraisemblablement être traités dans le même goût que ces courroies.

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L'action de ce Tableau prouve la fimplicité des mœurs confervée au milieu du luxe & des magnificences auxquels les hommes étoient parvenus du tems d'Homere. On peut inférer de cet endroit de l'Iliade , que les Rois les Reines & les plus grands perfonnagés, ne dédaignoient pas de fe rendre à euxmêmes des fervices d'un certain genre, puif qu'en effet Homere, un des Auteurs les plus attentifs au Costume, donne une pareille occupation aux Déeffes. Cependant pour fauver en quelque façon une pratique fi éloignée de nos mœurs, & fi révoltante pour les ufages de l'Europe, l'Artiste doit animer les Déeffes de toute

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la vivacité & de tout l'empreffement poffible.
Cette reffource paroîtra aifément trop foible;
mais on pourra d'autant plus abandonner co

fujet,
, que la fuite de cette action fournit d'au-
tres fujets que la Peinture peut entreprendre.
J'avoue cependant que j'abandonnerois à re-
gret ces ufages fimples des premiers tems; il
eft toujours bon d'en rappeller le fouvenir pour
faire voir que les plus grandes idées de l'huma-
nité s'accordoient alors avec une fimplicité enne-
mie de la molleffe.

XII. T A BLE A U.

Minerve & Junon traverfent l'air & defcendent de l'Olympe avec une rapidité à laquelle l'Artiste doit employer toute fon expreffion. Les Déeffes font placées dans le Char décrit dans le Tableau précédent; Junon conduit & anime les chevaux ; Minerve eft armée de l'égide, ornée de la tête de Gorgone, du cafque d'or ombragé de quatre pennaches; elle tient une lance d'une groffeur & d'une longueur furprenante. Je ne voudrois cependant pas trop charger ce dernier article ; il y a de certaines proportions fouffertes dans le récit qu'on ne

peut altérer impunément dans la Peinture.

XIII. TABLEAU.

Les deux Déeffes arrivées au confluent du Page 731 Scamandre & du Ximoïs, après avoir environné leur Char d'un nuage, partent fans tou

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cher la terre, comme deux colombes qui planent, felon Homere, & s'avancent pour fecourir les Grecs. Je ne diffimulerai point que 'cette marche me paroît hardie & difficile à traiter; mais quand on fuit un Auteur tel qu'Homere, on ne hazarde rien. Quel garant plus folide pourroit-on avoir ? Au refte, la beauté du paysage eft autorifée par le confluent des deux fleuves; le combat vu dans le lointain ; la marche finguliere, mais animée des deux Déeffes; leurs armes décrites dans le Tableau précédent; toutes ces circonftances font heureufes pour la Peinture. Le Sueur a traité deux figures de Saintes dans cette même pofition, & les a rendues avec fon élégance & fa précision ordinaire, tant il eft vrai que l'esprit du Peintre fait tout paffer, & fçait même rendre agréable ce qui paroît impraticable au premier afpect.

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Page 78.

XIV. T A BLE A U.

Diomédé à l'écart du combat, fe repofe & lave fa bleffure fans quitter fes Armes; il eft auprès de fon Char; fes chevaux peuvent être en fueur pour marquer la fatigue qu'ils viennent d'éprouver Sthénélus fon Euyer, eft placé dans le Char. Minerve parle à Dioméde avec action.

XV. TABLEAU.

Homere eft fi fécond pour la Peinture, que ce même événement fournit encore un fujet; il décrit l'inftant auquel Minerve fait defcendre Sthénélus, & fe place avec Diomédę dans le Char pour le ramener au combat. La noblesse des caracteres, la vivacité de l'action, font les principaux moyens de ces fortes de Tableaux; un Artiste dépourvu de nobleffe & de feu, ne doit jamais les entreprendre.

LIVRE SIXIE ME.

I. TABLEAU.

DIOMEDE & GLAUCUS font un échange Page 153. de leurs armes, pour ainfi dire,au milieu du combat. Cette action facile à traiter en Peinture, ne doit point être négligée, non-feulement par rapport au texte d'Homere,mais par rapport aux ufages des Anciens, que les Artiftes ne peuvent trop s'attacher à conferver. La conduite de ces deux guerriers exprime la maniere dont on pouvoit, fans deshonneur, s'écarter de la bataille; elle autorise par conféquent le tête-à-tête & les conversations particulieres que les Modernes ont voulu & veulent encore tourner en ridi cule. Les deux Chars attachés groupent heureusement dans la compofition dont il s'agit : le changement ou du cafque ou du bouclier fuffiroit pour marquer la principale action de ce fujet.

II. T A BLE A U.

La Reine Hécube accourt pour embraffer fon Page is 3:

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