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OXFORD

OF

AVERTISSEMENT.

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Es Recherches & ces Réflexions ont pour objet l'avantage de la Peinture ; je les ai regardées comme un moyen de la rendre encore plus brillante en l'uniffant avec plus d'intimité aux talens des Poëtes célébres de l'antiquité.

Le dépouillement des Poëmes qu'on eft en poffeffion d'admirer, présenté par rapport à la Peinture, m'a paru la voye la plus certaine pour produire cette union; elle a rencontré jufqu'à présent des obftacles prefque impoffibles à furmonter. Les Artiftes ne peuvent que difficilement s'appliquer à la lecture de ces chefs

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d'œuvres de l'efprit. Les jeunes Peintres trop férieusement occupés dans leur plus tendre enfance des principes de leur Art, font hors d'état de porter leur attention fur d'autres objets. Une application conftante, & qui ne permet aucune distraction, les met feule dans la poffibilité d'arriver à la perfection & aux récompenfes attachées à leurs talens. Ce n'est donc fouvent que dans un âge avancé qu'il leur eft poffible de fe livrer à quelques lectures; mais fouvent leur imagination affoiblie par le poids des années, n'eft plus capable d'exprimer les vives images des grands Poëtes; leur génie éteint, ne peut se rallumer au feu de ces génies créateurs ; ceux qui ont encore des reffources en euxmêmes, ont une fuite d'ouvrages, une efpéce de courant, s'il m'eft permis de parler ainfi, dont ils n'aiment point à se détourner, ou dont ils n'ofent peut-être s'écarter par une crainte du public, que

la pareffe groffit encore à leurs yeux; & quoiqu'il foit raisonnable de fuppofer celui qui regarde un tableau, comme infruit de l'action qu'il représente, il est constant auffi, comme on le verra plus bas, que le Peintre peut quelquefois cher cher à inftruire, fans redouter l'ignorance de fon juge.

Il ne faut donc pas attribuer un certain manque de fçavoir, dont on peut faire le reproche aux Peintres, à leur défaut de naiffance, ou d'éducation, mais à l'Art lui-même, qui veut que dès l'enfance on foit abfolument à lui. J'admire & je loue le réglement des Grecs, qui ne permet- Pline Liv. toit qu'aux hommes libres & diftingués 35. ch. 10, par leur naiffance de pratiquer les Arts, & donnoit l'exclufion aux Efclaves; un ufage contraire chez les Romains a produit, je le fçais, des Artistes médiocres. Cependant je puis affurer que les jeunes gens des plus illuftres familles feroient

auffi peu inftruits que les autres, s'ils s'appliquoient dès leur enfance à la Peinture. J'ajoute que la Nature ne connoît de diftinction parmi les hommes, que celle qu'elle donne elle-même, par la distribution inégale des talens, & qu'elle n'a point égard à la nobleffe du fang, & à la célébrité des Ancêtres, pour faire un homme de génie. Je crois donc que ce seroit une entreprise utile de fuppléer à une étude néceffaire, & de réparer le défaut d'une ignorance en quelque façon indifpenfable : & qu'un moyen d'y parvenir, eft celui de mettre les Peintres en état de parcourir plufieurs volumes' en peu de tems, & avec d'autant plus d'attrait, que ces ouvrages ne leur feront préfentés que par rapport à leur Art. Je crois donc ces recherches néceffaires, quoique l'on puiffe m'objecter l'inconvénient d'une fuite pouffée trop loin, & qu'il foit naturel d'imaginer, que tous les

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