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ceux qui marcha le plus près fur ses tra

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François I. qui vouloit attirer JulesRomain à sa Cour, reçut le Primatice de sa main. Ce Peintre ingénieux décora de fes Ouvrages tous les Appartemens de Fontainebleau, & par-tout il fit ufage de la Fable; mais il s'attacha principalement au Poëme d'Homere, & il Y. puifa la plus grande partie des sujets de fes Tableaux. On voit dans l'Antichambre du Roi, appellée autrefois la Chambre de Saint Louis, une fuite de grands Tableaux peints à fresque * fur les murailles; ils représentent les événemens les plus remarquables qui précéderent le Siége de Troye. On trouve encore en plufieurs autres endroits de cette Maison Royale quelques fujets de l'Iliade: mais l'Ouvrage le plus étendu & le plus confi

* Ce font ceux qui furent réparés il y a environ 30 ans par Vanlo Paîué. ̈

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dérable`qu'il ait exécuté, eft une longue Galerie dans laquelle il repréfenta en 58 Tableaux diftribués entre chaque trumeau les Avantures d'Ulyffe décrites dans l'Odyffée ; il y montra beaucoup d'invention & de facilité, mais fort peu de connoiffance des anciens ufages; reproche que mérite, à plusieurs égards, JulesRomain fon maître,

Polidor de Caravage, qui a fait un fi grand honneur à l'Ecole de Raphaël, loin d'être accufé d'un semblable défaut, doit recevoir l'éloge que mérite une précision merveilleuse; il a fi parfaitement faifi le véritable goût de l'antiquité, que fi l'on n'étoit certain du contraire, on prendroit ses ordonnances pour des copies de bas reliefs antiques; avec cette différence qu'il a répandu un mouvement & une cadence dans la difpofition de fes groupes, que les Anciens ne paroiffent pas

* Cette fuite a été gravée par Théodore Vantulden.

avoir trop recherchés, & que lui a donné la fcience du clair-obfcur qu'il a poffédée dans un dégré éminent. Les sujets qu'il a traités, & qu'il a peints en clair-obfcur fur quantité de façades de maifons à Rome, font prefque tous empruntés de la Fable ou de l'Hiftoire profane. On doit regretter qu'il n'en ait tiré aucun d'Homere & de Virgile, il n'y auroit rien eu à defirer dans leur difpofition ; on auroit cru voir la chose même. Cet éloge eft la vérité pure; & quand on confidere fes Ouvrages, on fe croit transporté dans les tems héroïques, & l'on apprend à connoître dans fes peintures, principalement la forme des habillemens & des armes en ufage chez les Anciens auffi je le répéterai, à force d'étudier ces différens objets fur les Monumens, il fe les étoit rendus fi familiers, que lorsqu'il en imaginoit de fa pure invention, ils prenoient le caractere de l'antiquité, & fembloient

être réellement l'ouvrage d'un ancien Artiste. La justice que je lui rends peut être utile à ceux qui veulent observer le Coftume, & doit leur faire fentir qu'on ne leur demande pas toujours une imitation servile de ce qui a été fait, mais des représentations qui ne péchent point contre la vérité, & qui rentrent au moins dans l'ordre de la vraisemblance.

De tous les Peintres qui ont paru depuis Polidor, Rubens a été le feul qui fût digne de peindre d'après les defcriptions d'Homere & de Virgile. Il est certain qu'il avoit lû & médité ces grands Poëtes. On regrettera long-tems le Livre que l'on a vu entre les mains de M. Bourdaloue, l'un de nos meilleurs con

*

L'Ouvrage écrit par ce Peintre, homme de Lettres, pé rit à l'incendie qui nous a privé, il y a une trentaine d'ânnées, de plufieurs autres raretés confervées & ramaffées par Boule Ebéniste du Roi, que des études folides, jointes à un goût naturel, avoient rendu le premier de fa profeffion, & dont les Ouvrages font, avec raifon, fi recherchés. Ce MS. de Rubens étoit compofé, ou plutôt écrit indifféremment en trois Langues, en Latin, en François & en Italien.

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noiffeurs, dans lequel ce grand Peintre marquoit avec foin tous les fujets qu'il croyoit capables d'occuper le pinceau; & dans le nombre, il y en avoit plufieurs tirés d'Homere & de Virgile. Il est fâcheux qu'un Artifte auffi fçavant en foit demeuré à la simple spéculation; car je ne pense pas qu'on puiffe citer la grande & belle Bataille des Amazones, comme un fruit de ses méditations fur les anciens Poëmes. Ce qu'il a fait de mieux d'en avoir infpiré le goût aux Peintres qui font venus après lur, & qui fe font piqués de fçavoir choisir leurs fujets : je mettrai dans ce rang Antoine Coipel, premier Peintre du Roi, qui avoit conçu le deffein de faire des Tableaux pour une tenture de Tapifferies deftinées pour le Roi, & qui auroit été compofée des plus beaux fujets de l'Iliade. Il a exécuté la colere d'Achille & l'adieu d'Andromaque : ces deux fujets ont été gravés, & je ne fais en gé

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