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néral mention que de ceux-là; ils font les feuls que toutes les Nations puiffent

comparer.

que

On doit s'étonner que le Pouffin, l'on fçait avoir été rempli de la lecture des Poëtes de l'antiquité, & qui en a tiré de fi grands fecours, n'ait emprunté d'Homere que des pensées acceffoires dont il a embelli fes compofitions, fans en tirer aucun fujet qui ait été l'objet & le fondement d'aucun de fes Tableaux : on ne dira pas qu'un génie trop férieux & trop auftere l'engageoit à préférer des fujets purement historiques, puifqu'il a fait un fi grand nombre de Tableaux remplis de fictions poétiques, & qu'il a peint deux fois Achille reconnu à la Cour de Licomede, & deux fois, Vénus donnant des armes à Enée.

On peut inférer de ces obfervations; que les grands Maîtres qui ont puifé dans Homere & dans Virgile font en petit

nombre, & n'ont pas encore rempli tou tes les conditions que la Peinture eft en droit d'exiger, & qu'ils font bien éloignés d'avoir profité de tous les avantages qu'elle peut tirer de ces grands Poëmes, & que par conféquent il est poffible de préfenter à ce grand Art au moins des vues plus exactes & plus détaillées. Cependant un Artiste enflammé pour fon talent, ne doit rien négliger pour voir les fujets gravés d'après Jules-Romain & le Primatice, que j'ai cités plus haut : on ne pourroit refuser sans injustice, à ces grands Maîtres, les plus fortes & les plus grandes idées dont la Peinture est susceptible; leurs compofitions ferviront encore à lever plufieurs difficultés de détails, & à faire fentir beaucoup de facilité pour le total de l'entreprise dont il est ques

tion.

Pour exécuter le grand nombre des fujets que fournit un feul des trois Poë

mes que j'entreprens de développer, il eft néceffaire de supposer un Prince assez puiffant & touché des grandes idées dans les Arts, pour defirer le fpectacle d'une fuite auffi nombreuse, & pour élever en conféquence une Galerie capable de la contenir. L'immenfité de l'efpace occupé par une semblable fuite, feroit en quelque façon réduite & diminuée par les moyens fuivans.

Les tableaux ne pouvant être foumis à une largeur égale par la raifon du plus ou du moins d'étendue des fujets, toutes les figures feroient au moins tenues d'une proportion générale & uniforme : celle que le Pouffin a le plus souvent employée dans fes Baccanales, c'est-àdire, de vingt ou vingt-deux pouces,me paroîtroit la plus convenable; elle eft plus susceptible de toutes les expreffions du fentiment & de toutes les fineffes de l'Art;

elle foumet au Spectateur le fujet repré

fenté ; & fi les Figures colloffales, & ce qu'on nomme en Peinture des Machines, conduifent l'homme à l'admiration; il n'est pas moins conftant que les sujets rendus d'une médiocre proportion, l'intéreffent davantage ; non-feulement parce qu'il embraffe plus aifément la totalité de leur fujet, mais parce qu'ils lui fant soumis, & que fans en convenir, peut-être même fans en avoir de doute, il aime à dominer jufques fur ces représentations inanimées.

Malgré cette diminution ou cette réduction fur la proportion des figures, les idées d'Homere préfentent plufieurs actions qui exigeroient encore des toiles, d'une grande étendue en largeur; ainfi je voudrois qu'au moins la hauteur de ces toiles fût uniforme, c'est-à-dire, qu'elle eût environ trois pieds & demi ou quatre pieds.

Avant que d'entrer dans le détail des

compofitions, il faut convenir que la fuite tirée d'un Poëme, présente plufieurs fujets qui ne feroient ni fentis ni entendus, s'ils n'étoient accompagnés de ceux qui les fuivent ou qui les précedent. Cependant l'Auteur duquel on les a tirés, doit être regardé comme servant à la fois de commentaire & d'explication; mais après cette réflexion fur le total, dont l'exécution ne peut que difficilement avoir lieu, je dois ajoûter que plufieurs de ces fujets offrent des Tableaux

que l'on

peut

exécuter féparément. La grande imagination d'Homere les a principalement confacrés à l'Univers, foit

foit par

la peinture des paffions & la beauté des fituations, foit par leur liaison avec la Fable. L'Europe entiére devroit rougir, ce me semble, de voir le plus grand nombre de ces beaux fujets fi peu connus, ou pour mieux dire abfolument ignorés. Qu'on ne dife point que c'est une raifon

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