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aux Juges, aux Orateurs, dans les Affemblées publiques & folemnelles, aux Peres de famille, anciennement Rois & Prêtres dans leur domeftique ; enfin dans l'Odyffée il donne un Sceptre à un mendiant. On entrevoit cependant que ce bâton commençoit à fe diftinguer du tems d'Homere ; & les différentes acceptions prouvent encore plus fûrement que ce nom confervoit, dans les tems anciens, un témoignage de fon origine, qu'il n'étoit pas encore devenu une marque absolument diftinctive de l'autorité, & qu'il étoit éloigné d'être comme aujourd'hui, uniquement confacré à la Royauté.

Quelque général que cet usage ait été dans l'ancienne Grece, un Artiste pourra toujours exprimer facilement, par le catacere de la Figure & la façon dont elle porte un bâton, le befoin ou l'autorité ;

*Ces exemples font fi fréquens dans Homére, qu'il eft inutile de les diftinguer par citations.

ainfi de Sceptre ne peut causer aucune difficulté pour la Peinture, fur-tout après les autorités fur lefquelles je vais appuyer mon fentiment.

Il n'existe point aujourd'hui de monu mens du tems d'Homére; mais les Arts ont une tradition fouvent facile à démê ler : c'est une reffource dont il ne faut point abuser.

Le Sceptre de ces premiers tems doit êtrè représenté, lorsqu'il eft dans les mains dune Figure dominante, par une haste, autrement une pique, ou grand bâton avec des moulures rondes à fon extrémité supérieure, & telles qu'on les voit fur plufieurs bas-reliefs antiques ; car les corps d'une pareille legéreté n'ont pû résister à l'injure du tems dans les figures de rondes boffes. On voit encore ce genre de Sceptre plus distinctement & plus fréquemment fur les pierres gravées en creux, principalement dans les repréfen

tations des grands Dieux,& fur-tout dans celles de Jupiter. Le deffein fidèle du Jupiter Stator, planche VII. du Cabinet du Roi, fuffit pour en donner une idée nette & diftincte. Cette Hafte, felon le nom que les Modernes ont donné dans la fuite à ce bâton, avoit donc confervé fon origine, & n'étoit pas toujours armée comme elle le doit être fans doute dans les mains de Mars, de Minerve, de Pallas, de Bellone, des Héros, des Rois, des Dieux mêmes, lorfqu'ils paroiffoient couverts de leurs autres Armes : c'est une distinction à laquelle il faut être attentif, non-feulement pour obferver le Coftume, mais pour caractériser l'action que l'on veut représenter, la Hafte fimple ou armée, pouvant fervir à indiquer le repos & l'autorité, ou la colere & la punition.

Le Sceptre, tel que nous le connoiffons aujourd'hui, a donc tiré fon origine

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j des premiers & fimples témoignages de l'autorité.

Cependant l'antiquité la plus reculée nous donne des preuves de la variété de leurs formes; elle nous affure qu'on les a tenus quelquefois plus courts, apparemment pour une plus grande commodité ; & c'eft, je crois, pour cette raison que la baguette de Mercure, & celle qu'on a donnée quelquefois à Iris, également meffagere des Dieux, nous présentent une véritable image du Sceptre tenu dans une longueur médiocre.

On voit par l'exemple de cet ornement qu'il y a des idées qui n'ont jamais été perdues dans le monde, & qui ont été fucceffivement tranfmifes d'âge en âge. Après avoir vu le Sceptre fimple & commun dans les premier tems de la Grece, nous voyons que les Empereurs d'Orient dans les fiécles que nous appellons le bas Empire, en ont abufé ; ils ont couronné

cette Hafte d'une Figurine représentant la Ville de Rome, ou quelqu'autre Di vinité : de-là font venus les Sceptres gothiques & plus courts de la premiere race de nos Rois & de tous les anciens Princes de l'Europe; cet usage s'eft même étendu jufqu'à quelques dignités Ecclé fiaftiques. Le Sceptre a donc laiffé des traces fi bien établies, qu'il eft à croire qu'elles ne s'effaceront jamais., nolo, a

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Les Hérauts n'ont été représentés par aucun Peintre moderne, du moins je ne me fouviens point d'en avoir vu dans au→ cune de leurs productions peintes ou def finées. Je ne fuis point étonné deî çettê efpece de filence; les monumens anciens ne nous préfentent rien qui puiffe, nous éclaircir fur ce point, & les Auteurs de l'antiquité, Hiftoriens ou Poëtess n'ont point décrit les habillemens des Hérauts 1

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