Liv.XXIV. Ces idées fur ce genre de bâtiment, me femblent confirmées par la baraque ou la maison de planches, conftruite par les foldats d'Achille pour loger plus commodément leur Prince : il eft à préfumer qu'elle étoit diftribuée, en général, dans le goût d'une maison qu'il auroit habiIliade, tée. Homere nous dit que Priam, fuivi du Héraut Idée, alla dans le Camp des Grecs demander le corps de fon Fils, on les fit coucher l'un & l'autre fous le Portique, après leur avoir accordé l'afile mérité par la foumiffion de ce pere affligé, & par la présence du Héraut. Il paroît qu'on les conduit du côté de la porte en les éloignant du corps de logis; car cette baraque avoit une cour formée par des Liv. XX. pieux. Dans un autre endroit de l'Odyffée, Homere dit qu'Ulysse se coucha fous le Vestibule ; ce fait indique, ce me femble, une même chofe que le Portique, & me paroît d'autant plus confirmer mon fentiment, que le Vestibule a toujours été entendu d'une piéce précédente celles de la maison. Ces fortes d'obfervations ne font point indifférentes pour les Artistes. Quand on a une idée juste de ce que l'on représente , la plus médiocre partie introduite dans une composition, parle favorablement à l'efprit de l'homme fçavant ; elle éclaire celui de l'ignorant. Ce dernier croit fouvent avoir trouvé une critique à placer ; & la honte qu'il retire d'une décision hazardée, ne le corrige peut-être pas toutà-fait, mais au moins elle le rend plus timide & plus réservé. Du Foyer. Le Foyer étoit un afile inviolable chez les Anciens. On ne doit pas douter que le culte du feu, établi dans les tems les plus reculés, n'ait été le principe de cette vénération. On voit dans la vie de de Dacier. Numa, plufieurs fiécles après la prife de Plut. trad, Troye, » que ce Roi fit le Temple de » Vesta tout rond pour y garder le feu facré, voulant représenter par-là, non la figure de la terre, comme fi c'é» toit Vefta, mais celle de l'Univers, au " pas A milieu duquel les Pythagoriens placent » le feu qu'ils appellent Vefta & Unité. Denys d'Halicarnaffe & plufieurs autres, ont rapporté des exemples de l'afile obtenu par le Foyer. Ceux que Plutarque nous a confervés dans les vies de Thémiftocle & de Coriolan, doivent fuffire ici; ils font modernes à l'égard d'Homere, mais ils prouvent la continuité de cet ufage, & nous donnent encore de plus grands détails, mais toujours dans le même esprit. » Thémistocle bánni d'Athénes par » l'Oftracisme, se rendit fuppliant d'Ad» mette Roi des Moloffes, & d'une ma» niére finguliére & fort extraordinaire ; » car prenant entre fes bras le fils du Roi, il s'affit au milieu de fon Foyer entre ses » Dieux domestiques. Les Moloffes esti»ment cette forte de fupplication, la plus grande & la feule qu'on ne fçauroit pref» que rejetter. » Coriolan banni de Rome, s'étant déguifé vint à Antium chez les Volfques, »entra, comme Ulyffe, dans la Ville des Odyssée; » Ennemis ; c'étoit fur le foir. Il trouva beaucoup de dans les rues, gens & per» fonne ne le reconnut ; il alla tout droit » à la maifon de Tullus fans être vu, & وو. دو alla s'affeoir auprès du Foyer dans un » grand filence ; & s'étant couvert la tête, » il demeura là fans: remuer & fans dire » une feule parole. Les gens de la maison "en furent fort étonnés ; ils n'oferent » pourtant le faire fortir, car fon habit & »fon filence lui donnoient une forte de » majefté qui le rendoit refpectable ̧; » mais ils allerent annoncer cette furpre"nante avanture à Tullus qui foupoit. Liv. IV. Liv. VII. » Coriolan en fe faifant connoître à Tul- Après ces deux exemples, je reviens à Odyffée, Homere. La façon dont Ulyffe paroît chez Alcinous, eft une preuve de l'afile qu'on obtenoit par le Foyer. La Peinture ne doit point négliger des ufages auffi marqués. Nos Peintres, petits maîtres, tourneront facilement en ridicule cette façon de demander afile : cependant, malgré l'attitude baffe & ignoble qu'elle exige nécessairement, ils doivent convenir qu'un Prince qui fe foumet à une pareille démonstration, ajoûte certainement à l'impreffion que doivent caufer & le fait en lui-même & la fituation dans laquelle il fe trouve. Il eft vrai que nos mœurs s'op |