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dats qu'il laiffa pour garder son Vaiffeau n'étoit probablement pas trois fois plus grand que le nombre de ceux qui l'accompagnoient ; ce qui doit avoir été néceffairement, fi le Vaiffeau d'Ulyffe, fans doute le plus confidérable de fa flotte, a été pareil en grandeur à ceux de Philoctete. Homere fait mention de cette garde laiffée dans le Vaiffeau fans déterminer le nombre des foldats qui la compofoient; il décrit les ordres qu’Ulyffe leur donne en partant, & fur-tout la joie qu'ils témoignerent à fon retour, & les pleurs qu'ils verferent fur la mort de ceux de leurs compagnons que le cyclope avoit dévorés.

Quoi qu'il en foit, on pourroit croire

que le nombre de 50 hommes fur chaque Vaisseau, fut une exagération ; mais ne pouvant présenter que des doutes, ou des vraisemblances fur l'objet en queftion le defir de concilier la plupart

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par

des préjugés reçus, & la néceffité de ler d'un point qui paroît avoir plus de folidité, m'ont déterminé à fuivre Thucydide, & m'ont fait adopter la proportion des Vaiffeaux de Philoctete je ne m'en écarterai point dans le détail fuivant. Tous les hommes de ces équipages étoient à la fois foldats & matelots. Cependant il ne faut pas les regarder comme occupés tous en même tems à la rame, il leur falloit quelque repos ; il étoit néceffaire qu'une partie fût destinée à la rame, tandis que l'autre étoit poftée pour la défense du bâtiment, ou chargée de la manœuvre de la voile & du gouvernail. Il me paroît donc très-vraisemblable que fur de pareils Vaiffeaux ou Galeres, il n'y avoit que dix rames, cinq de chaque côté & qu'elles occupoient vingt hommes, deux fur chacune; il n'en fälloit pas moins pour faire marcher des bâtimens d'une auffi mauvaise construction.

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Pendant que ces vingt hommes ramoient, les autres, dont le nombre ne pouvoit toujours être complet, fe repofoient, comme je l'ai dit, ou étoient employés différemment, fur-tout pour occuper les châteaux d'avant & d'arriere, qui s'élevant à la poupe & à la proue, faifoient toute la force & la magnificence des Vaisfeaux de ce tems.

On voit par ces conjectures, que je n'admets point la fuppofition de Thucydide, qui croit que ces Vaiffeaux n'avoient point de tillac, c'est-à-dire, qu'ils étoient ce que nous appellons des bateaux plats. En effet, les Grecs ne font point représentés dans Homere comme Pirates ; leur armée avoit toute la pompe dont les Vaisseaux de guerre étoient susceptibles; & l'on doit croire que les Princes qui la compofoient, avoient apporté toute leur attention à paroître puiffans & magnifiques aux yeux les uns des autres. Mais

én revenant à des détails plus effentiels, & fans donner l'effor à l'imagination, dix rames doivent occuper un espace de dix ou douze pieds: la poupe & la proue en exigeoient chacune dix, mais par des fallies peut-être de cinq pieds chacune ; par conféquent la quille de ces bâtimens pouvoit n'avoir que 20 ou 22 pieds, tandis que leur largeur étoit de 11 ou de 12 au moins dans leur milieu; ce qui s'accordera toujours avec la comparaifon que j'ai faite ailleurs des plus grands Vaisseaux des Anciens aux chaloupes de nos Vaisseaux de guerre. Je dirai en paffant que je croirois volontiers que les Grecs plaçoient dans l'intérieur du château d'a

vant,

ces,

les chevaux du Char de leurs Prin

la feule cavalerie dont ils ayent fait ufage dans la guerre de Troye.

Des Vaiffeaux d'un pareil gabari devoient être très-lourds & très-difficiles à manier, soit à la rame, soit à la voile ; car

ils n'avoient point du tout de chaffe. Auffi nous voyons que malgré l'expérience de plufieurs fiécles qui ont fuivi ces premiers tems, les Anciens s'embarquoient avec une frayeur dont il eft difficile de se perfuader. La construction de leurs Vaiffeaux étoit en effet très-dangereuse : élevés de l'avant & de l'arriere, difpofition dont la poupe de nos Galeres rappelle le fouvènir, plats comme ils l'étoient pour aborder par-tout, & pour être tirés à terre i leurs manoeuvres devoient être très-difficiles & toujours dangereufes ; mais leurs formes fufceptibles d'ornemens, & telles que nous les présentent les médailles & les autres monumens, font très-néceffaires à conserver dans une fuite pareille à celle dont il s'agit. On peut en juger par les avantages que Jules-Romain & Polidor en ont tirés dans les belles compofitions que j'ai citées plus haut. Au refte, il nous importe peu que ces bâtimens ayent été

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