Charles rendre fes peuples heureux.Son goût pour la retraite ne nuifit point à fa valeur; il fe fignala dans l'expédition qui enleva aux Anglois la Guyenne en 1451.& 1452. Il eut de Marguerite de Rohan fa Comte d'An- femme, Charles Comte d'Angoulêgoulême. me, qui ne dégénéra point de la vertu de fes ancêtres ; il parut avec éclat à la Cour, il obtint le Gouvernement de Guyenne. La politique jalouse de Louis XI. lui enleva l'occafion d'une brillante fortune. Marie de BourgoPhilippe de gne, la plus riche héritière de l'EuComines, 1. rope, recherchée par tous les Prin C. 3. ces ambitieux, offrit fa main au Dauphin, ou au Comte d'Angoulême. Louis XI. rejetta ces deux propofitions fi avantageufes à la France. Le Comte d'Angoulême époufa Louife, fille de Philippe Duc de Savoye. On verra dans la fuite le bien & le mal que cette femme célèbre fit auRoyau me. NAISSANCE DE FRANÇOIS. Le Comte d'Angoulême, fimple & modefte comme fon Louife de Sa❤ voye. La Comteffe d'Angoulême, qui, comme femme & comme mere, devoit être frappée des moindres détails qui intéressoient celui qu'elle appelloit fon Roi, fon Seigneur, fon Cé- Journal de far, & fon Fils, tient dans fon journal un regître fidéle de tous les petits dangers auxquels l'enfance de François a échappé, de tous les accès de fiévre qu'il a eus, &c. Elle nous apprend que le petit chien Hapeguay, qui étoit de bon amour & loyal à fon Maître mourut le 24. Octobre. 1502.3 mais elle ne nous dit pas un Labidem. bid. mot des progrès de Péducation de François, du développement de fes bonnes qualités, des mefures prifes pour étouffer les mauvaises. Ces objets ne lui ont point paru affez impor tans. Au refte, il faut convenir qu'à tra vers les périls dont toute enfance eft affiégée, & dont François ne pouvoit être exempt, elle en remarque deux qui dûrent faire frémir une mere, & que l'Hiftoire peut ne pas dédaigner. Ce Prince n'avoit encore que fix ans, lorsqu'une haquenée que le Maréchal de Gyé, fon premier Gouver neur, lui avoit donnée; l'emporta près d'Amboise à travers la campagne, avec une fougue que rien ne put retenir. On crioit, on fe défefpéroit, tout le monde croyoit le Prince perdu: mais Dieu, dit la Comteffe d'Angoulême, ne men oulut abandonner cognoiffant que fi cas fortuit m'eût fi foudainement privée de mon amour, j'euffe été trop infortunée. Sept ans aprés, François fe pro menant dans un jardin à Fontevraud, une pierre lancée apparemment avec une fronde par-deffus les murs, lui porta au front un coup dont la violence fit craindre pour les jours. Le Comte d'Angoulême fon pere étoit mort dès 1496. Louis XII. fon coufin étoit parvenu à la Couronne en 1498. Si nous en croyons Machiavel, à la mort de Charles VIII. on foutint que Louis XII. étoit déchu du droit de fucceffion à la Cou ronne, parce qu'il avoit porté les armes contre la France, Machiavel ajoûte que deux circonftances furent favorables à ce Prince; l'une étoit fa richeffe qui lui afsûra un grand parti; l'autre, l'enfance de François, qui n'avoit alors que quatre ans. On ne fait où Machiavel a pris ce fait, qui n'eft rapporté par aucun autre Auteur, mais qui préfenteroit une question bien importante dans le Droit Public. On conçoit que les ennemis de Louis XII. ont pû vouloir l'élever. Le même principe eût encore exclu du Trône un bien mau vais & un bien bon Roi, Louis XI. & Henri IV. Louis XII. fi femblable au dernier, fi différent du premier, Pere du peuple, ne fut pas moins le Pere des Princes orphelins, il se croyoit refponfable des vertus & des lumiè res que l'éducation pouvoit leur procurer. L'Archiduc Philippe, fils & gendre de ses ennemis (1), qui avoit peut-être concouru quelquefois avec eux à le tromper, mais qui refpectoit fa vertu & qui aimoit fon carac Mémoires tère, lui déféra en mourant (2) la tuBellay, liv.1. telle de fon fils aîné, Charles d'Autriche (3). Louis répondit généreu He Martin Du (1) Maximilien I. Empereur, & Ferdinand le Catholique, Roi d'Espagne. (2) Nous rapportons ce fait d'après Du Bellay. & plufieurs autres Auteurs: nous ne le difcutons point, parce qu'il eft étranger à l'Hiftoire de François I.; mais nous exhortons nos Lecteurs à voir ce que le Père Daniel en dit (à l'année 1507.), peutêtre préfereront-ils le témoignage de Godefroy à celui de Du Bellay; nous continuerons cependant de fuivre l'opinion la plus ancienne & la plus établie. (3) On le nommoit alors Duc de Luxembourg, on le nomma depuis Prince d'Efpagne. C'est le fameux Empereur Charles V. |