Sleidan. liv. 10. Tel eft l'état actuel de ces affaires; mais François I. à fon avenement, avoit à exercer fur Naples les droits de la Maison de France, droits fur lefquels l'heureuse ufurpation de la Maifon d'Arragon avoit prévalu. II°. MILAN ET GENES. Les droits fur le Milanès étoient Commentar. propres à la Maifon d'Orléans. Les Vifcontis, famille puiffante de Milan, avoient fu profiter des troubles que les factions des Guelphes (1) & des Gibelins excitoient au quatorziéme fiécle dans toute l'Italie. Chefs du parti Gibelin, ils avoient chaffé les Guelphes de Milan, & s'étoient infenfiblement élevés à la SouveraiMAISON DE neté fous les titres de Vicaires de Léandre Al- l'Empire, de fils de l'Empire, &c. Le Roi de France Jean, pour payer aux Anglois fa rançon, fut VISCONTI. berti. Coria (1) Dans les querelles du Sacerdoce & de l'Empire, les Guelphies étoient les partisans du Pape, &les Gibelins c.ux de l'Empereur, Sabellicus. Merula. forcé de vendre Ifabelle fa fille à Jean Galeas Visconti, qui dans la fuite maria Valentine fa fille à Louis Volaterran. Duc d'Orléans, frère unique de Charles VI. tige commune des deux branches d'Orléans & d'Angoulême. L'éclat & le crédit que ces deux alliances avec la Maifon de France donnèrent aux Viscontis, leur firent obtenir de l'Empereur Venceflas, les titres de Ducs de Milan & de Ducs de Lombardie: car tous ces petits Souverains qui s'élevoient alors en Italie, lorfqu'ils vouloient joindre Pauli Jovi, les titres à l'autorité, s'adreffoient vite duodetoujours ou au Pape ou à l'Empe- mitu Mereur, fuivant qu'ils étoient ou Guel- diolani Prinphes ou Gibelins. cim vice co cipum. On avoit ftipulé dans le contrat Argumen de mariage de Valentine de Milan, tam devolute qu'au défaut d'enfans mâles iffus de Mediolan. ad Jean Galéas, Père de Valentine, le AurelianoDuché de Milan, appartiendroit à pum domum. Valentine & à fa poftérité. rum Princi Græv. antiquit. Ital. t. Jean Galéas eut deux fils qui fe 3. p. fuccédèrent l'un à l'autre, & moururent fans enfans. Alors on vit paroître une foule de Prétendans. L'Empereur Fréderic réclamoit fur Milan les droits furannés de l'Empire. Le Duc de Savoye, les Vénitiens, dévoroient dans leur cœur cet Etat. fans alléguer d'autres droits que celui de voifinage & de bienféance. Alphonfe, Roi d'Arragon, raviffeur heureux du Royaume de Naples, efpéra auffi de s'emparer du Duché de Milan, à la faveur d'un teftament par lequel le dernier (1) Vífconti frère de la Ducheffe d'Orléans, l'a voit inftitué fon héritier. Charles Duc d'Orléans, fils de Valentine, paffa en Italie, pour faire valoir les droits qu'il tenoit de fa mère; mais il ne put obtenir que le Comté d'Aft. Les Milanois amoureux de la liberté, ne vouloient plus (1) Il reftoit encore des Vifcontis, mais qui n'étoient point de la branche Ducale, & qui n'avoient ni droits ni prétentions au Duché. On verra quelques -uns de leurs defcendans, figurer en fubalternes dans les troubles du Milanès fous François I. berti. Ital. Defcript. Romanula. de Maîtres, il leur en vint cependant du côté qu'ils en attendoient le moins. Un homme (1) dont la fortune n'avoit fait, dit-on, qu'un payfan, Léandre Al & dont elle prit plaifir dans la fuite à faire un Héros, labouroit en paix les champs de Cotignole. Des Soldats paffant fous fes yeux, cet afpect lui fit éprouver ce que la fable raconte d'Achille, qui, à la vue des armes qu'Ulyffe lui présenta, démentit son déguisement, par un instinct plus prompt que la réflexion. Attendulo fentit de même qu'il étoit né pour les armes & pour la gloire. Il crut cependant devoir confulter le fort; il jetta le coûtre de fa charrue fur un arbre, réfolu de s'enrôler fi le coûtre y reftoit, & de s'en tenir à fon état de Laboureur, s'il retomboit.Le coûtre refta fur l'arbre: Attendulo par (1) Il fe nommoit Attendulo ou Jacomuzzo. Les uns le font fils d'un Cordier, les autres d'un Cordonnier, mais Sanfovin & Leodrifius Cribelli lui donnent une origine noble, & Paul Jove dit qu'il étoit d'une honnête famille. C'est peut-être l'amour du merveilleux qui a fait prévaloir l'opinion qu'il étoit d'une bafle origine. SFORCE tit; il ne fervit pas long-tems fans qu'on s'apperçût qu'il étoit né pour commander; il paffa rapidement par tous les degrés Militaires, & devenu bien-tôt le plus fameux Capitaine de l'Italie, il vit jufqu'à fept mille Volontaires raffemblés fous fes enfeignes; il vendit fes fecours à ces Sou verains d'Italie qui faifoient toujours la guerre qu'ils ne fçavoient point faire. Ce fut lui qui eut la gloire de délivrer Jeanne feconde, Reine de Naples, affiégée dans un des Châteaux de fa capitale par Alphonfe Roi d'Arragon. Attendulo portoit alors le nom de Sforce, nom de guerre qu'il rendit le plus illuftre de fon Cribelli de tems. Une mort malheureuse termivitâ rebufque na cette honorable carriere; fon geftis Sfortiæ, &c. cheval le précipita dans une fondriére où il fut noyé. Leodif. Il laiffa des fils légitimes que leur médiocrité a replongés dans le néant. Mais François Sforce, son bâtard, marcha fur ses traces, égala fa gloire & furpaffa fon bonheur. Protecteur & Conquérant du Milanès, il le dé |