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l'attaque, & bien-tôt il se voit abandonné de tout le monde. Il comptoit fur l'Empereur qu'il croyoit intéreffé à défendre l'honneur de fon investiture; l'Empereur fut défarmé par une tréve & ceffa de vendre à Sforce fes foibles fecours. Quinze jours fuffirent aux François & aux Vénitiens pour envahir tout le Milanès. Sforce fe retira auprès de Maximilien avec fes enfans & fes tréfors, après avoir muni le Château de Milan, dont il confia la défense à Bernardin de Corté, qu'il croyoit fon plus fidéle fujet. & qui rendit lâchement aux François cette Fortereffe.

Guicciard,

liv. 4.

Le Roi fit fon entrée à Milan en habit Ducal; il fignala fa bonté envers fes nouveaux Sujets par la fuppreffion d'une partie des impôts & par la conceffion de divers priviléges; il donna le Gouvernement du Duché à Trivulce (1), Gentilhomme Milanois, qui, mécontent de Sfor

(1) Jean-Jacques Trivulce, depuis Maréchal de France,

ce, avoit trouvé un afyle en France,& avoit été un des Généraux de l'armée victorieufe; le Roi crut que les Milanois feroient touchés d'une fi noble récompense accordée à un de leurs Compatriotes, & que cet exemple attacheroit la Nobleffe du pays à fon fervice; mais le caractere dur & fier de Trivulce, la fupériorité choquante qu'il affecta fur fes égaux, la protection imprudente qu'il accorda aux Guelphes, & qu'il poufla jufqu'à perfécuter les Gibelins; d'un autre côté la liberté exceffive des François auprès des femmes Italiennes, liberté fi contraire aux mœurs du pays, tout concourut à ébranler la nouvelle domination & à favorifer le rappel de Ludovic: il revint à la tête d'une armée de Suiffes, & fes peuples qui le haïffoient moins que Trivulce, le reçurent avec joie; la Ville de Côme chaffa les François ; Trivulce fortit de Milan, furieux & humilié, il fe retira dans Mortare avec fa cavalerie. Ludovic rentra dans prefque toutes fes Places.

Seconde conquête du Mi

Mais un Général plus prudent & lanès Jous plus habile que Trivulce, la TremoilLouis XII. le, arrêta bien-tôt les progrès de Ludovic; il le joignit près de Novare, les Suiffes qui fervoient dans fon armée gagnerent ceux de Ludovic; ceux-ci fe mutinent, refusent de combattre, veulent reprendre la route de leur pays. Ludovic fe jette à leurs Guicciard, pieds, leur rappelle leur devoir, les

iv. 4.

conjure avec larmes de ne point l'abandonner; ils ne lui répondent que par de nouveaux outrages, ils y mettent le comble en livrant Ludovic; il s'étoit déguisé pour échapper aux François; les Suiffes le leur défignérent. Ludovic enfermé à Loches fans avoir pu obtenir la permiffion de voir le Roi, paffa le refte de fes jours dans la captivité, il y languit encore dix ans ; le Cardinal Afcagne. Marie fon frere tomba entre les mains: des Vénitiens, qui le livrérent aux François ; il fut enfermé dans la Tour de Bourges, où Louis XII. avoit été enfermé lui même fous le régne précédent. Quelques châtimens tempé

rés par la clémence, punirent la révolte des Milanois, & tout rentra dans l'obéiffance.

Troifiéme

du

On vit avec étonnement Maximi- Maximilien. Sforce. lien Sforce rétabli douze ans après dans le Milanès par ces mêmes Suiffes qui avoient livré fon pere. L'hiftoire du Milanès fous Louis XII. & fous François I. reffemble à une lon- conquête Milanès fous gue fuite de parties de jeu, toujours Louis XII. alternativement gagnées & perdues. Louis XII. renvoie en Italie la Tremoille, & pour la troifiéme fois le Milanès eft reconquis par les François. Sforce s'enferme dans Novare, la Tremoille mande au Roi qu'il va lui envoyer le fils prifonnier comme il lui avoit envoyé le pere, & que le même lieu aura été funefte à tous les deux ; mais les Suiffes fe piquérent d'expier leur infidélité dans le même lieu où ils l'avoient commife, ils remporterent une victoire complette fur la Tremoille, qui, forcé d'évacuer le Milanès, fut encorerepouffé jufqu'au milieu de laBourgogne, Les Suiffes demeurerent les

véritables maîtres du Duché de Milan, & permirent à Maximilien Sforce d'y regner fous leur protection. Louis XII laiffa cet affront à venger à François I.

Il réfulte de ces événemens trois différentes prétentions, celles des Sforces, celles de la Maifon d'Arragon, & celles de la Maison d'Orléans.

PRETENTIONS DES SFORCES.

Celles des Sforces n'étoient fondées que fur un mariage avec une bâtarde, & fur une inveftiture donnée au hafard comme tant d'autres.

PRETENTIONS DE LA MAISON D'ARRAGON.

Celles de la Maison d'Arragon fe tiroient d'un teftament de PhilippeMarie, dernier Duc de Milan du nom de Visconti, par lequel Alphonfe Roi d'Arragon & de Naples, étoit inftitué héritier du Duché de Milan.

Mais la fubftitution faite dans le contrat de mariage de Valentine de Milan, par Jean Galéas pere de Va

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