l'Empire leur étoient un peu moins POLOGNE, BOHEME La Pologne, la Bohême & la Hongrie étoient gouvernées par des Rois particuliers, moitié héréditaires moitié électifs, prefque toujours occupés à repouffer les irruptions des Ottomans; c'étoit alors la Maison de Jagellon, qui portoit avec éclat ces trois Couronnes. TURQUI E. La Puiffance Ottomane prenoit tous les jours de nouveaux accroiffemens; une fuite non interrompue d'Empereurs belliqueux & conquérans, avoit en peu de tems élevé les Depuis en Turcs au comble de la gloire. Deviron 1324; puis Soliman I. jufqu'à Mahomet II. ou environ. ils n'avoient ceffé de s'étendre dans Paul. Jov. les trois parties du monde alors connu. Mahomet II. le plus terrible de ces Conquérans, fut le premier qui jufqu'en 1441 de reb. & vit. Imperator. pénétra jufqu'en Italie; il faccagea Le Prince Otrante, il fit trembler Rome, il Cantim. hift. parut prêt à engloutir l'Univers des Turcs. Chrétien; il échoua pourtant devant Belgrade & devant Rhodes, ces deux fameux boulevards de la Chrétienté. L'Ifle de Rhodes étoit alors défendue par cette Milice religieufe, née de la charité, formée dans le fein des Croisades,refte noble & précieux de cet efprit de Chevalerie pieufe, qui avoit produit autrefois tant de folie & tant d'héroïfme. Les Chevaliers Hofpitaliers de Saint Jean, accrus des dépouilles des malheureux Templiers, avoient été transportés par la viciffitude des événemens, de Jérufalem à Acre, d'Acre à Limiflo dans l'Ifle de Cypre, de Limiffo dans l'Ifle de Rhodes, dont ils firent la conquête le 15. Août 13 10. A peine en étoient-ils en poffeffion, qu'Othman I. Chef de la race des Ottomans, voulut la leur enlever; il fut repouffé avec perte; Mahomet II. ne fut pas plus heureux en 1481. & mourut cette même année, lorfqu'il fe difpofoit à remettre le fiége devant Rhodes, & à envoyer une nouvelle Armée en Italie. Bajazet II. attaqua Rhodes avec auffi peu de fuccès. Sélim I. fon fils, ayant conquis la Palestine, les Turcs devinrent encore plus ennemis des Chevaliers de Rhodes, qui prétendoient n'avoir point abandonné le projet de délivrer Jérufalem & les lieux faints. L'Ordre de Saint Jean réuniflant des Chrétiens de prefque tous les Etats de l'Europe, formoit une espéce de Croifade perpétuelle contre les Infidèles. Cette énorme Puiffance Mahométane, qui avoit englouti tant d'autres Puiffances, fentoit que la Chrétienté ne fubiroit jamais fon joug, tant que la barrière qu'oppofoient les Chevaliers de Rhodes ne feroit point renverfée; Selim fe difpofoit donc auffi à faire le fiége de Rhodes vers le tems de l'avéne ment de François I. Après les Chevaliers de Rhodes; l'Allemagne dans fa partie Orientale, & l'Italie dans toutes fes parties étoient les Puiffances de l'Europe le plus effentiellement ennemies des Turcs, & les plus expofées à leurs incurfions. La France n'avoit pour s'armer contre les Turcs, que l'intérêt commun de la Religion, qui pouvoit céder aux intérêts particuliers de la politique;les Turcs pouvoient faire d'utiles diverfions contre le Roi d'Efpagne, dans le Royaume de Naples, & contre l'Empereur en Allemagne; mais une telle alliance eût paru infâme & monftrueuse. On n'avoit point encore affez compris que dans les alliances d'Etat à Etat, c'eft la feule conformité d'intérêts qu'on doit confulter. Il faut avouer cependant que s'il n'y avoit qu'une indécence apparente, il y avoit un danger réel à attirer les armes des Infidéles dans des Etats Chrétiens. RECAPITULATION. En réfumant tous ces objets politiques, & en embraffant le tableau général de l'Europe dans l'Etat où il fe présente à la mort de Louis XII. on trouve que le nouveau Roi, dans fes projets de conquête fur l'Italie, devoit être traversé par l'Empereur par le Roi d'Espagne, par les Sforces, par les Suiffes, & fecondé par les Vénitiens &par le Duc de Savoye. On ne fçavoit encore quel parti prendroient les Génois, les Médicis, le Roi d'Angleterre, l'Archiduc Charles. La France, outre fes Alliés, avoit un certain nombre de protégés foibles ou malheureux, mais qui pouvoient la fervir utilement dans l'occurrence, moyennant les fecours qu'elle leur fourniroit; tels étoient en Italie les Feudataires du S. Siége; du côté de l'Espagne, le Roi de Navarre & le Roi de Portugal; entre l'Allemagne & les Pays-Bas, le Duc de Gueldres; dans les Ifles Britanniques, le Régent d'Ecoffe. La France pouvoit encore être secondée par les Turcs, fi elle ofoit accepter leurs dangereux fecours. On n'avoit prefque rien à espérer ni à craindre des autres Puiffances, |