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Sancerre, de Buffy-d'Amboife, de 1515. Roye, &c. Mais celui qui laissa les Brant. Hom. regrets les plus finceres à toute l'arilluft. art. mée, fut le vaillant & infatigable

d'Imber

court.

d'Imbercourt; il portoit un nom illuftre & intéressant ( 1 ), à la gloire

(1) Il étoit petit-fils de ce brave, fidèle & malheureux d'imbercourt, à qui les Gantois rebelles avoient fait trancher la tête à la vue de Marie de Bourgogne, qui demandoit fa grace, en criant qu'il mouroit pour l'avoir trop bien fervie. Le petit-fils eut pour les Rois de France le même attachement que fes ancêtres avoient eu pour la Maifon de Bourgogne. Il fervit utilement Louis XII. dans les guerres d'Italie, on a vu combien il s'étoit signalé fous François I. dans l'expédition de Villefranche. Il n'étoit pas moins infatigable que brave; il s'étoit endurci de bonne heure à toutes les injures de l'air, fur-tout à la chaleur; il prenoit plaisir à faire ses courfes & fes expéditions à la plus grande ardeur du foleil, & la fraicheur de M. d'Imbercourt avoit paffé en proverbe de fon tems comme a fait depuis la fralcheur de M. de Vendôme.

D'imbercourt avoit un foible bien fingulier dans un homme d'un fi grand courage. A l'approche du péril, l'ardear dont il étoit animé, faifoit toujours fur lui l'impreffion que la crainte fait quelquefois fur les lâches; il n'appartient qu'à la naïveté de Brantôme de s'expliquer davantage. » Ce » brave Chevalier, dit-il, avoit une complexion > en lui, que toutes les fois qu'il vouloit venir au > combat, il falloit qu'il allât à fes affaires, & → defcendît de cheval pour les faire, & pour ce portoit ordinairement des chauffes à la Martingalle, autrement à pont-levis; ainfi que j'en ai Dovu autrefois porter aux foldats Espagnols, afin

duquel il avoit beaucoup ajouté, fur- ——--tout dans cette journée de Marignan. 1515. Ses Compagnons défolés lui érigerent un tombeau fur le champ de bataille, avec cette infcription: Ubi honos partus, ibi tumulus erectus.

La lettre que le Roi écrivit à la Ducheffe d'Angoulême, après la bataille de Marignan, fuffiroit pour faire connoître fon caractére, toute fon ame s'y déploye. En parlant de fes Généraux & de fes Officiers, il prend par-tout le ton de l'égalité, & de l'amitié; c'eft un foldat qui parle de fes camarades; c'eft un pere qui parle de fes enfans, dont il est bien

» qu'en marchant ils euffent plutôt fait, fans s'a» muser tant à défaire leurs aiguillettes & s'atta» cher, car en un rien cela étoit fait. De dire que » le proverbe eût lieu à l'endroit de M. d'Imber» court, qui dit, il fe conchie de peur, ce feroic » mal parler, & l'adapter très-fauffement à lui ; car » c'étoit l'un des plus vaillans & hardis du Royau» me, & après qu'il avoit été là, & avoit le cul fur la felle, il combattoit comme un lion.

Ce témoignage que Brantôme rend à d'Imbercourt, lui avoit été rendu par François I. lui-même, & c'eft d'après ce jufte eftimateur du mérite que parle Brantôme. Hom. Illuftr. Tom. I. Vie de 'Imbercourt

1515.

content; il loue les vivans avec tranfport; il regrette les morts avec une douleur tendre; fon ton eft toujours le plus flatteur, parce que c'est le plus naïf. D'autres Rois fe font fait un principe de dire noblement & avec efprit des choses obligeantes à leurs Courtifans; François I. n'a point de fyftême, il fuit fon cœur, il écrit ce qu'il fent. Quand il parle de lui-même, il ne déguife, ni n'exagere fes exploits, il dit la vérité. Quand il parle de fes ennemis, il ne s'amufe point à détefter leur perfidie, il n'infulte point à leur défaite; charmé de leur valeur, il l'admire & la fait admirer,non pour faire le magnanime, non pour relever la gloire de les avoir vaincus ; il céde à l'enthoufiafme qu'excite naturellement en lui la valeur, lors même qu'elle lui est funefte. (1)

(1) C'est dans cette lettre qu'on a puifé la plus grande partie de cette relation de la bataille de Ma rignan, autrement dite de Sainte de Brigite. La let tre eft datée du Vendredi 14 Septembre 1515. Cette lettre trop longue pour être inférée ici, même en

Le Roi, après avoir fait enfevelir les morts & panfer les bleffés, après avoir donné fes ordres pour l'érection d'une Chapelle, en mémoire & en reconnoiffance de fa victoire, arma Chevaliers fur le champ de bataille, ceux qui venoient de s'y diftinguer, mais auparavant il fit à Bayard l'honneur de recevoir lui-même de fa main (1) l'Ordre de chevalerie.

note, fera placée à la fin de ce Volume parmi les differtations.

(2) Varillas difcute longuement le motif de la préférence donnée à Bayard fur tous les autres Ca. pitaines pour ce glorieux emploi. L'Hiftorien de Bayard le dit en un mot. » Il preint l'Ordre de Che-. valerie de fa main. Il avoit bien raifon, car de meilleurs ne l'euft fçu prendre. PaulJove en dit autant; lib. 2. de vità magni Confalvi.» Bayardus, tanquam longè pugnaciffimus opinione omnium exiftimatus, & » hiftor.lib. 15.Bayardum ideò cæteris pratulit quòd » acerrimè inter hoftes pugnantem confpexerat.

Le détail de cette cérémonie dans Symphorien Champier, n'eft pas fans agrément. » Le Roi avant » de créer des Chevaliers, appella le noble Che»valier Bayard: Si lui dit, Bayard, mon ami, je » veux que aujourd'hui foiye faict Chevalier par ➜ vos mains, pour ce que le Chevalier qui a com» battu à pied & à cheval en plufieurs batailles en» tre tous autres, eft tenu & réputé le plus digne » Chevalier. Or eft ainfi de vous que avez en plu>> fieurs batailles & conquêtes vertueufement com

1515.

Guicciard liv. 12.

Belcar. liv. 15. n. 20.

Il marcha enfuite vers Milan; le 1515. Cardinal de Sion s'y étoit retiré plein de rage & de terreur, après la bataille de Marignan; au bruit de l'ap

≫ battu contre plufieurs Nations. Aux paroles du Roi refpond Bayard, Sire, celui qui eft Roi d'un » fi noble Royaume, eft Chevalier fur tous autres » Chevaliers. Si, dit le Roi, Bayard, dépêchez→ vous, il ne faut ici alléguer ne loix ne canons, » soyent d'acier, cuivre ou de fer. Faite mon vou» loir & commandement, fi vous voulez être du nombre de mes bons Serviteurs & Subjets. Certes, répond Bayard, Sire, fi ce n'eft affez d'une fois, puifqu'il vous plaift, je le feray fans nombre, » pour accomplir, moi indigne, votre vouloir & > commandement. Alors preint fon épée Bayard, » & dict, Sire, autant vaille que fi c'étoit Roland » ou Olivier, Godefroy ou Baudouin fon frere. » Certes, vous ês le premier Prince que onques feis Chevalier, Dieu veuille que en guerre ne preniez la fuite. Et puis après par maniere de jeu, » cria hautement l'efpée en la main dextre: Tu es » bien heureuse d'avoir aujourd'hui à un fi ver

tueux & puiffant Roi donné l'Ordre de Cheva»lerie. Certes, ma bonne espée, vous ferez moult » bien comme reliques gardée & fur toutes autres » honorée. Et ne vous porteray jamais fi ce n'est » contre Turcs, Sarrafins, ou Maures, & puis feit » deux faults, & après remeit au fourreau fon efpée.

Le Maréchal de Fleuranges & le P. Daniel difent que cette cérémonie fe fit avant la bataille, mais l'Hiftorien du Chevalier Bayard affûre que cet honneur fut le prix des exploits du Chevalier dans cette bataille, & que le Roi prit confeil des Offi. ciers de fon armée, qui avouerent unanimement que Bayard venoit de les furpaffer tous, & de se supe paffer lui-même à Marignan.

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