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>> nombre de fa Gendarmerie. L'au»tre bande qui vint à mon frere fut » très bien recueillie, & à cette

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heure-là arriva Barthelemi Del> vian avec la bande des Vénitiens, gens de cheval, qui tous enfemble » les taillérent en piéces, & moi » étois vis-à-vis les Lanfquenets de » la groffe troupe qui bombardions » l'un & l'autre, & étoit à qui fe délogeroit, & avons tenu bute huit » heures à toute l'artillerie des Suif» fes, que je vous affure qu'elle a fait baiffer beaucoup de têtes. A la fin » de cette groffe bande, qui étoit >> vis-à-vis de moi envoyérent cinq » mille hommes, lefquels renverfé> rent quelque peu de nos Gendar>> mes, qui chaffoient ceux que mon » frere d'Alençon avoit rompus

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lefquels vinrent jufques aux Lanf» quenets, qui furent fi bien recueil>> lis de coups de haches, butes, de >> lances & de canon, qu'il n'en réchappa la queue d'un, car tout le Camp vint à la huée sur ceux-là, >> & fe ralliérent fur eux; & fur cela

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fîmes femblant de marcher aux autres, lefquels fe mirent en défordre, & laifférent leur artillerie, » & s'enfuirent à Milan ; & de vingt>> huit mille hommes, qui là étoient » venus, n'en réchappa que trois >> mille, qu'ils ne fuffent tous morts » ou pris ; & des nôtres, j'ai fait faire → revûe, & n'en trouve à dire qu'en» viron quatre mille. Le tout, je >> prend tant d'un côté que d'autre à >> trente mille hommes. La bataille a » été longue, & dura depuis hier les → trois heures après-midi, jusques » aujourd'hui deux heures, fans fa> voir qui l'avoit perdue ou gagnée, » fans ceffer de combattre, ou de ti»rer l'artillerie jour & nuit ; & vous » affure, Madame, que j'ai vû les Lanfquenets mesurer la pique aux "Suiffes, la lance aux Gendarmes ; » & ne dira t-on plus que les Gen>> darmes font liévres armés, car fans point de faute, ce font eux qui ont » fait l'exécution, & ne penferois point mentir que par cinq cent & par cinq cent, il n'ait été fait tren

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»te belles charges avant que la ba» taille fût gagnée. Et tout bien dé>> battu depuis deux mille ans an çà, » n'a point été vûe une fi fière ni fi » cruelle bataille, ainfi que difent » ceux de Ravenes, que ce ne fut au prix qu'un tiercelet. Madame, le » Sénéchal d'Armagnac avec fon ar»tillerie, ofe bien dire qu'il a été » cause en partie du gain de la ba» taille, car jamais homme n'en fer>> vit mieux. Et Dieu merci tout fait → bonne chère, je commencerai par » moi & par mon frere le Connéta"ble, par M. de Vendôme, par M. » de Saint-Pol, M. de Guife, le Ma"réchal de Chabannes, le Grand» Maître, M. de Longueville. Il n'eft » mort de gens de renom qu'Ymber>> court & Buffy qui eft à l'extrémité, » & eft grand dommage de ces deux » perfonnages. Il eft mort quelques » Gentilshommes de ma Maifon » que vous faurez bien fans que vous » le récrive. Le Prince de Talmont » eft fort bleffé, & vous veux encore

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≫ affurer que mon frere le Connéta

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ble & M. de Saint-Pol ont auffiTM » bien rompu bois, que Gentilshom"mes de la Compagnie quels qu'ils foient, & de ce j'en parle comme » celui qui l'a vû, car ils ne s'éparpargnoient non plus que Sanglers » échauffés. Au demeurant, Mada» me, faites bien remercier Dieu par-tout le Royaume de la victoire

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qu'il lui a plû nous donner. Mada» me, vous vous moquerez de Mef>> fieurs de Lautrec & de Lefcun qui » ne se font point trouvés à la ba» taille, & fe font amusés à l'appointement des Suiffes qui fe font moquès d'eux ; nous faifons ici grand → doute du Comte de Sanxerre, pour » ce que ne le trouvons point.

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» Madame, je supplie le Créateur > vous donner très-bonne vie & lon"gue ; écrit au Camp de Sainte-Brigide, le Vendredy, quatorziéme »jour de Septembre mil cinq cent » quinze. >>

En rapprochant cette Lettre de la relation que j'ai donnée de la bataille de Marignan, il fera aifé de voir que

j'ai pris le plan & les difpofitions générales de cette bataille dans le récit du Roi lui-même, mais que je me fuis écarté de ce récit dans quelques détails. J'ai dû en effet combiner cette Lettre avec le récit des Historiens contemporains les plus exacts, tels que du Bellay & Guichardin. Cette Lettre écrite le jour même de la bataille, dans le tumulte d'un Camp dans l'yvreffe de la joie, fe reffent, à quelques égards, de la précipitation avec laquelle elle a été écrite. Les particularités n'étoient pas encore bien connues ; le nombre total des morts y eft exagéré, celui des morts célèbres parmi les François étoit encore ignoré; mais le défordre & le fracas de cette terrible bataille font pien peints dans cette Lettre, & l'on y voit refpirer en quelques endroits l'ame humaine & fenfible de François I.

Fin du Tome premier.

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