fecret; elle l'aima toujours tendrement, & parut fe contenter du froid retour de l'eftime qu'on ne pouvoit lui refufer. Elle étoit boiteufe comme fa mère, & d'une figure auffi commune que celle de fa mère étoit noble: elle n'avoit que les graces peu piquantes de la bonté; François fentit du moins le prix de fon ame & la refpecta jufqu'à déférer souvent à ses confeils dans les matières les plus importantes. Ces détails ne peuvent être indifférens dans l'Hiftoire de François I. dont le regne fut celui de la galanterie, autant que de la bravoure & des talens. PREMIERES CAMPAGNES de François, &c. jusqu'à la mort de Louis XII. Depuis la mort de Gaston de Foix la tendreffe de Louis XII. s'étoit raf. femblée toute entière fur le Duc de Valois, & le Duc de Valois brûloit de rendre Gaston à Louis XII. la gloire de ce jeune Héros l'enflammoit d'une généreuse émulation. Il fit fes premières armes dans cette guerre malheureufe', où la France entamée de tous côtés, luttoit difficilement avec des forces inégales contre l'Europe entière: elle ofoit pourtant encore fournir des fecours à fes Alliés opprimés. Une armée commandée par le Duc de Longueville, & par ce Charles de Bourbon fi fameux dans la fuite, marchoit vers la Navarre pour rétablir Jeand'Albretdans le Royaume dont il avoit été injuftement dépouillé; mais une méfintelligence funefte divifant les deux Généraux, arrêtoit les progrès de cette 1512 Martin Dut armée. Le Roi qui s'étoit fi bien Bellay, 1. 1. trouvé d'avoir confié au jeune Gafton le foin de l'Italie, envoya le jeune Valois prendre le commandement de l'armée de Navarre. Toute difcorde finit à fon arrivée. Le refpect dû à fon rang, fa politeffe, fes égards pour les deux Généraux qu'on lui fubordonnoit, fur-tout cette ardeur pour la gloire, ce germe d'héroisme impatient d'éclore, qui bril feq. Favin, hift. loit dans fes yeux, qui animoit toutes fes démarches, réunirent tous les cœurs fous fes loix : on courut aux Petrus de Espagnols, qui campés alors à S. Angleriâ. Jean Pied-de- Port, défendoient Epift. Sci. & l'entrée des Pyrenées ; on préfenta la Marianna bataille à ce Duc d'Albe (1), qui de Navarre. venoit de s'illuftrer par la conquête rapide, mais facile de la Navarre. Le Duc de Valois fe propofoit d'égaler la gloire que Gafton de Foix avoit acquife à Ravenne, dût-il périr comme lui dans le fein de la victoire; mais le Duc d'Albe répondit prudemment, que le Roi fon maître lui avoit défendu d'expofer fa nouvelle Bellay, 1. 1. conquête au hazard d'une bataille; on le força cependant d'abandonner le paffage des montagnes & de reculer au-delà de Roncevaux. Le defir de l'amener à la bataille qu'il évitoit, engagea les François au fiége de Pampelune, ils efperoient même qu'à leur arrivée les habitans pourroient fe déclarer pour leur Roi; alors l'ar Martin dn (1) Fréderic de Tolede. mée Efpagnole privée des reffources qu'elle tiroit de cette Place, & enfermée dans les montagnes par les François & les Navarrois réunis, eût infailliblement péri de misère. Mais l'activité du Duc d'Albe prévint les François & contint les Navarrois. Ce Général avoit pénétré le deffein de fes ennemis, & s'étoit jetté dans Pampelune; cependant ni ce nouvel inconvénient, ni la rigueur de la faifon déja fort avancée, ni la difette des vivres dans un pays montagneux, aride & couvert de neige, n'euffent peut-être empêché le fuccès de ce fiége important, fi l'irruption de l'Empereur & du Roi d'Angleterre en Picardie, n'avoit précipité par ordre de la Cour, le retour de l'armée de Navarre en France. Le froid, la faim, les maladies, les fatigues, les marches forcées, plus à craindre que les Efpagnols, pourfuivirent cette armée dans fa retraite, & le Duc de Longueville, l'un de fos Généraux, mourut au milieu de la route. 1513. L'année fuivante le Marquis de Rothelin fon frère (1), devenu Duc de Longueville après lui, perdit la liberté à la journée de Guinegaste ou des Eperons; c'étoit la deftinée Martin du de Maximilien de battre les François Bellay, 1. 1. en cet endroit : trente-quatre ans auparavant, le même lieu l'avoit vu vainqueur du fameux Defcordes ou Defquerdes, l'éleve de Charles le Téméraire, & le meilleur Général de Louis XI. mais il eut peu de part au fuccès de la journée des Eperons, Guicciard, tout l'honneur de cette victoire apliv. 12. partenoit aux Anglois, Plufieurs HifDu Bellay, toriens, du nombre defquels eft Gui→ chardin, difent même que l'EmpeHift. du reur arriva au camp plufieurs jours après la bataille. Mém. de liv. I. Chevalier Bayard. Journal de Louise de Sa Louis XII. qui avoit éprouvé dans la précédente campagne les talens militaires du Duc de Valois, le choifit Bellay, 1. 1. pour réparer cet échec, pour raffurer les troupes allarmées, pour fouf voye. Mém. de du (1) Brantôme confond mal à propos ces deux Ducs de Longueville. |