Monftralet, il 1435. vol. 2. que le Duc d'Orléans; il avoit eu comme lui un pere à venger (1), il avoit comme lui ouvert les portes du Royaume aux Anglois, & comme lui s'en étoit repenti; rendu à la Chron. année bonté naturelle de fon cœur avoit, on peut le dire, pardonné en Maître à fon Roi (2), en Pere à l'Etat, en Héros au Duc d'Orléans dont il paya en partie la rançon. Alors toute difcorde fut étouffée l'affaffinat du Duc de Bourgogne avoit expié l'affaffinat du Duc d'Orléans; on détefta ces crimes & on les oublia. Une paix fincére réunit les Maifons d'Orléans & de Bourgogne; le mariage de Charles avec Marie de Cléves, niéce de Philippe le Bon, mit le fceau à la réconciliation. Charles s'occupa toujours tendre⚫ ment des intérêts de fa patrie; il vit (1) Le Duc de Bourgogne Jean, aflaffiné par la faction Orléanoife, fur le pont de Montereau dans fon entrevûe avec le Dauphin (depuis Charles VH.) (2) Charles VII. par la paix d'Arras conclue en 1435. Claude de Hift.de Louis Mezerai. avec douleur la conduite altière & violente de Louis XI. ramener dès Seyffel, Hift. le commencement de fon regne les de Louis XII. troubles que la prudence de Charles Matthic VII. avoit pacifiés. Dans une affemXI. liv. 2. blée des Etats tenue à Tours, il parla M. Duclos, contre ces nouveaux défordres avec Hift.de Louis la liberté que fon rang, fon expérience, & fes vertus fembloient auLe 4. Jan- torifer; le Roi, dont l'oreille fuperbe s'offenfoit de la vérité, lui répon dit avec une aigreur outrageante, qui précipita en deux jours ce Prince fenfible autombeau. XI. liv. 3. vier 1464. Louis 11. Duc d'Or léans, Louis II. (1) fon fils exerça longde- tems dans l'adverfité les vertus qui puis, Louis firent dans la fuite le bonheur de la France. France. Louis XI. perfécuta en lui & le nom d'Orléans qu'il haïffoit, & X11. Roi de le mérite perfonnel, toujours fufpect Claude de aux tyrans. Il imagina un genre de Seyfiel, Hift. de Louis XII. perfécution afforti à fon caractère artificieux; il prit foin de marier honorablement ce jeune Prince pour le (1) Du nom d'Orléans, connu parmi les Rois de France, fous le nom de Louis XII. priver (1) de poftérité; il le força d'époufer Jeanne de France fa fille, Princeffe vertueuse, mais difforme, contrefaite, incapable d'avoir des enfans: il fallut fubir ce joug, une vengeance terrible eût fuivi de près le refus. Sous le regne fuivant, la foiblefle de Charles VIII. le pouvoir exceffif de la Dame de Beaujeu, la néceffité de foutenir les droits de premier Prince du Sang, l'ardeur de la jeuneffe, la fougue des paffions, la fatalité des conjonctures, emportèrent le Duc d'Orléans au delà des bornes légitimes, & il n'en fut que plus malheureux. Ses intentions étoient pures, mais fa conduite fut quelquefois irrégulière; il fe révoltoit, il fe fou mettoit; il fe révoltoit encore, il bravoit la Dame de Beaujeu, qui le (1) Teleft du moins le motif que les Hiftoriens attribuent à Louis XI. & fon caractère rend leur conjecture vraisemblable, quoiqu'il fût affez naturel de penfer que Louis XI. vouloit procurer à fa fille ug établissement avantageux, en la mariant au premier Prince du Sang. Jean, Comte d'Angoulême, tige particu lière de cette branche. haïffoit d'autant plus qu'elle l'avoit peut-être aimé, il regrettoit cette célèbre Anne de Bretagne qu'il avoit eu le courage de céder au Roi; il fouffroit, il faifoit des fautes, c'étoit apprendre à regner & à pardon ner. BRANCHE D'ANGOULEME. Lorfque Charles, Duc d'Orléans, touché du repentir d'avoir attiré les Anglois en France, fut contraint, en les renvoyant, de leur payer les fervices qu'ils ne lui avoient pas rendus, il ne put fournir qu'une partie Jean Juvenal de la fomme qu'ils exigèrent, & leur Hift.de Char- donna pour ôtage du refte, fon jeune les V1. année frere Jean (tige de la branche d'An des Urfins, 4412. goulême qui, plus malheureux que lui, refta trente-deux ans entre les mains des ennemis. Charles prifonnier lui-même, ne pouvoît le délivrer; mais il fut libre te premier par la générofité de Philippe le Bon, & il femble qu'alors le Comte d'Angoulême eût dû trouver dans un frere qui l'avoit livré à la captivité, les mêmes fecours que ce frère avoit trouvés dans un ennemi qui n'avoit pas contribué à fon malheur. Quoiqu'il en foit, il fallut que le Comte d'Angoulême vendit le Comté de Périgord, & qu'il engageât une partie de fes biens pour recouvrer la liberté, le plus précieux de tous. On ne l'entendit fe plaindre ni de la rigueur du fort, ni de l'oubli de fa famille, ni de l'indifférence de la Cour; il dédaigna de s'illuftrer dans les agitations brillantes de l'intrigue & de l'ambition, il chercha une gloire plus folide dans la retraite, dans la pratique des vertus, dans l'amour de fes fujets. Sa mémoire eft encore chère Papyre Maf & vénérable aux habitans de l'An- Jean le Bon goumois: ils le béniffent comme le Comte d'Angoulême. bienfaiteur de leurs peres, ils le révèrent comme un Saint; on a même imprimé un livre de fes vertus & de Vie de Jean fes miracles; mais s'il n'a pas fait pré- goulême, pa cifément de ces miracles trop multi- Jean Duport pliés par la fuperftition, trop légèrement niés par l'incrédulité, il en a fait un toujours trop rare, celui de fon, Vie de Comte d'An |