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foumettre, que de fe montrer en Italie avec une puiffante armée. Il entra en maître dans Florence & dans Ro

Philippe de

Comines,liv.

me; il paffa au Royaume de Naples avec auffi peu d'obftacle que s'il eût 7, prefque traversé une Province de France. tout entier. Guicciard Ferdinand devenu odieux à fes peu- liv. 1. ples, étoit mort (de frayeur, diton,) au bruit de fon arrivée.

1494.

Alphonfe fecond fon fils, plus ARRAGON odieux encore, s'étoit enfui lâche- BATARDE Alphonse II. ment & étoit allé fe faire Moine à

Meffine.

En vain le jeune Ferdinand II, Ferdinandla fils d'Alphonfe, affembloit à Naples la Nobleffe & le Peuple, déteftoit humblement en leur préfence les vexations de fon pere & de fon ayeul, & promettoit de fe gouverner par d'autres maximes. On le plaignit & on l'abandonna; il fe retira dans l'ifle d'Ifchia, ordinaire afyle des Rois de Naples détrônés, & Charles VIII; plus heureux que Céfar, avoit vaincu avant que d'avoir vu. L'Europe entiére s'allarma d'un Philip. de fuccès fi rapide, toute l'Italie ofa en

Comin, &

fin s'armer contre le vainqueur, elle appella même des fecours étrangers, une ligue formidable fut formée à Venise contre les François. A cette nouvelle Charles VIII, auffi léger

Guicciard, que vaillant, fembla se dégoûter

Jiy. 2.

d'une conquête, qui alloit lui coûter plus à conferver qu'elle n'avoit coûté à faire; il quitta le Royaume de Naples & reprit précipitamment la route de France; mais il falloit parcourir de nouveau l'Italie entiere: fon retour fut plus traverfé que ne l'avoit été fon arrivée; les Confédérés tenterent de lui fermer le passage, la victoire de Fornoue le lui ouvrit. Les Généraux qu'il laiffa dans le Royaume de Naples furent braves, imprudens & malheureux. D'Aubigny gagna la premiere bataille de Seminare, Percy fon lieutenant tailla en pieces quatre mille Napolitains près d'Eboly; mais la maladie du premier, la préfomption indocile du fecond, firent plus de mal que leur valeur n'avoit fait de bien.Gilbert de Montpenfier,qui, en qualité de Gou

par

Philip. de Comines, 1.

Guicciard,

verneur du Royaume de Naples, les
commandoit tous deux, fut contraint
pour fauver l'armée Françoife, qui
s'étoit laiffé enfermer dans Atelle,
de rendre le Royaume entier
une capitulation honteuse, que Phi- 8. c. 14.
lippe de Comines compare à celle
où le bonheur des Samnites força
l'orgueil Romain près les Fourches
Caudines. D'Aubigny refufa de s'y
foumettre. Montpenfier n'eut pas la
douleur d'y furvivre long-tems, il
mourut de la pefte à Pouzzols (1).

Ferdinand II, toujours cher aux Napolitains, qui ne l'avoient abandonné que par inconftance & par crainte, fut reçu dans toutes fes Places aux acclamations d'un Peuple enivré de joie, & il ne refta aux

(1) Louis de Montpenfier, fon fils aîné, ayant fuivi quelques années après Louis XII. dans l'expédition de Naples, alla prier fur la tombe de Gilbert; la folitude, le filence, la triftefle du lieu, cette efpece de présence de fon Pere, qui lui en retraçoit tous les malheurs, firent fur fon ame une impreffion fi profonde de tendrefle & de douleur, que la fiévre le faifit, & qu'il mourut à Naples où on le tranfporta.

1. 3.

François de cette expédition fi brillante, qu'une raison éternelle d'en détefter le fouvenir (1).

Alphonfe voyant ce retour de fortune, voulut quitter fon Cloître & reprendre le Sceptre; il en fit parler à fon fils. Ferdinand fûr que l'affection des Peuples fe bornoit à fa perfonne & ne remontoit pas jufqu'à fon pere, répondit qu'il falloit attendre que les affaires fuffent affez folidement rétablies, pour qu'Alphonfe ne fût pas obligé d'abandonner le Royaume une feconde fois. Il eût pu épargner à fon pere cette dure ironie. ARRAGON Au refte il jouit peu de fon rétabliffement, il mourut fans enfans l'année suivante; Fréderic fon oncle lui fuccéda, & Naples dans l'efpace de trois années avoit vu cinq Rois différens; Ferdinand I., Alphonfe II., Ferdinand II., Charles VIII, & COURONNE Fréderic.

BATARDE.

Frederic.
J49 6.

DE FRANCE.

Louis XII.

Louis XII. en exerçant fes droits fur le Royaume de Naples, crut de

(1) On verra cette raifon au commencement du premier chap. liv. s. de cette Hiftoire.

voir

I 500.

ARRAGON

Ferdinand le

partager fa conquête, pour l'affurer davantage, il s'affocia le Roi d'Arragon Ferdinand le Catholique (1). Il lui céda la Pouille & la Calabre, fe réservant Naples, la Terre de Labour & l'Abruzze: ce traité fut fecret & Fréderic l'ignora.. Le Roi d'Arragon affectoit de paroître le protecteur de ce Prince, fon LEGITIME, proche parent, qu'il alloit opprimer. Catholique. Sous prétexte de le fecourir contre les François, il envoya Confalve de Cordoue, dit le Grand Capitaine, avec des troupes pour lesquelles il lui demanda quelques Places dans la Calabre. Fréderic ouvrit fans défiance fes ports & fes places à Confalve. Le repentir fuivit de près fon erreur. Louis XII. fit attaquer le Royaume de Naples par deux armées, l'une de terre, l'autre de mer; en même-tems Guicciard, les Espagnols leverent le mafque, & liv. s. & liv.

(1) Ferdinand le Catholique étoit fils de Jean Roi d'Arragon, frere d'Alphonfe le Magnanime & fon fucceffeur aux Royaumes d'Arragon & de Sicile, mais non au Royaume de Naples, qu'Alphonfe avoit laiffé à Ferdinand fon bâtard,

6.

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