fur l'Hiftoire; cette influence n'eft pas moins fenfible dans ce précis célèbre de notre Histoire, qui en contient toute la fubftance, & où tant de portraits vifs & vrais, d'anecdotes piquantes, de rapprochemens heureux, de vûës fines, de réfléxions profondes font difparoître par-tout la féchereffe chronologique ; cet ouvrage devenu un modèle dans fon genre, compte déjà quelques imitateurs habiles.

L'Hiftoire pourroit revendiquer un autre ouvrage (1) du même Auteur, où la forme Dramatique ne fait qu'ajoûter

[1] Le François II. de M. le Préfident Hé nault.

à l'agrément & à l'intérêt, fans rien ôter à la vérité.

Nous fommes bien éloignés de vouloir exclure ceux que nous ne nommons pas, mais comment ne pas diftinguer ici cet homme, ce feul homme auquel il a été donné d'écrire en profe & en vers, dans tous les genres, avec ce charme inexprimable, qui fait que tout le monde fait par cœur tous fes ouvrages?

On a quelquefois reproché aux Hiftoriens agréables de n'avoir pas fait affez d'efforts pour s'afsûrer de la vérité des faits vice d'autant plus confidérable qu'il corrompt le genre hiftorique dans fa fource. Rien ne peut difpenfer l'Hiftorien d'être comme Cicéron l'a dit de Thucydi

de: rerum geftarum pronunciator fincerus.

L'infidélité hiftorique naît ordinairement de deux caufes principales. La première eft l'ignorance des faits, qu'on n'a pas affez approfondis. A cet égard, je voudrois être sûr d'avoir toujours trouvé la vérité, je puis du moins me rendre le témoignage que je l'ai cherchée avec beaucoup de foin, je me flatte même qu'on trouvera dans cet Ouvrage des traces affez marquées de mon refpect de mon amour pour le vrai, & des efforts que j'ai faits pour découvrir.

le

Indépendamment des Livres imprimés, dont j'ai toujours pe fé l'autorité en l'employant, j'ai fait un affez grand usage dos

Manufcrits de diverfes Bibliothéques, fur-tout de celle du Roi. La collection que feu M. de Fontanieu avoit pris la peine de faire & avoit eu la bonté de me communiquer, m'a beaucoup fervi.

La feconde fource d'infidé lité eft la fureur des Allégories, fureur qui elle-même a deux fources bien impures, l'efprit de flatterie & l'efprit de fatyre. J'ofe encore ici me rendre un témoignage qu'aucun Lecteur ne pourra me refufer, c'eft que dans le Regne de François I, je ne vois que le Regne de François I, dans fes Miniftres que fes Miniftres, dans fes Généraux que fes Généraux. Eh! quel particulier vivant loin des affaires & de ceux qui ont le

malheur honorable de les gouverner, quel particulier peut s'afsûrer de connoître affez le Gouvernement fous lequel il vit, pour ofer le juger par comparaison & par allégorie ? Sou venons-nous que le tems feul peut dévoiler la vérité.

Il y a des mots, (on l'a obfervé avant moi), qui à force de paffer par des bouches peu faites pour les prononcer, finiffent par n'avoir plus de fignification précife, il pourroit en être ainfi de ce mot: Le ftyle de l'Hiftoire; il a leftyle de l'Hiftoire; il n'a pas le ftyle de l'Hiftoire. Le Peuple des Lecteurs répète ces jugemens, & vraisemblablement il ne les entend guères. Eft-il même bien sûr qu'il y ait un ftyle affecté à l'Hiftoire, comme il y