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rable; mais que l'homme fenfible cher che en vain des maisons où d'honnêtes citoyens, vieillis dans l'indigence, après avoir confacré leur vie au travail, & payé à la fociété le contingent de leur labeur, puiffent obtenir dans leurs derniers jours un afyle heureux,jufte récompenfe de leurs travaux.

Otons à l'humanité ce fujet de plainte. Alors quel fpectacle touchant pour les ames fenfibles, que celui de ces vieillards à têtes chauves ou blanchies par les années, de ces refpectables peres de famille, heureux de n'être point dans leur vieilleffe un fardeau pour leurs enfants, ne craignant point l'affreux avenir, & coulant en paix & fans inquiétude, après une vie laborieufe, les derniers de leurs jours! Si mes yeux pouvaient être témoins de ce fpectacle, je croirais avoir affez vécu.

IL ne fuffit

Population.

pas d'être foumis au gou vernement de la fociété dans laquelle on vit; il faut coopérer à la conferver. C'est par la population qu'elle fe foutient, qu'elle fe répare, qu'elle acquiert une fleur de jeuneffe toujours nouvelle : c'eft en lui offrant de nouveaux citoyens, êtres émanés de notre propre existence, que nous commencerons à payer fes bienfaits.

ren

La loi de la nature & la loi de la fociété ont ici une force égale: car lorfque celle-ci nous demande de nouveaux citoyens, celle-là nous fait entendre la voix du defir, & nous préfente l'appât de celui des plaifirs, qu'elle a voulu dre le plus fenfiblejov paris I Quiconque dédaigne d'accorder le trilui demande l'humanité, attente contre elle, & femble vouloir la détruire, puifqu'elle s'éteindrait bientôt, fi tous fes femblables avaient pour elle la même

but que

ingratitude. Peu digne d'avoir reçu la vie, qu'il refufe à ceux qui devaient def. cendre de lui, affaffin de fa poftérité,il eft également coupable envers l'état & envers la nature.

Le pauvre fe marie & propage, par'cequ'il ne connaît que les befoins phyfiques, qui font très bornés; parceque', n'ayant rien, il ne faurait craindre que fes enfants le forcent à fe rien retrancher.

Les malheureux font la pépiniere de l'humanité, & fervent à remplir le vuide "de toutes les claffes. San's eux, les grands états fetaient bientôt de grands deferts.

L'homme qui vit dans la médiocrité, craint d'avoir trop d'enfants, parcequ'il fe trouverait alors au-dessous de la mé“diocrité? • sllslop, aliolq e il tubo ol

Le riche ne veut point retrancher fer fon fuperft, fe refufer des plaifirs, des caprices, des goûts, apprendre à connaître quelques privations. D'ailleurs, il plaindrait trop Tes enfants, s'ils devaient être moins riches que luigaldab laro) a ve

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Mais, fans les befoins factices, on ne connaîtrait ni médiocrité ni richesses car il n'y a de réel que le néceffaire. Ainfi les faux befoins font la caufe du grand nombre de célibataires.

Dans la jeunesse, on defire le mariage, on fouhaite d'en voir naître des fruits, parcequ'on n'eft pas encore entièrement dépravé; parcequ'on n'a pas eu le temps d'étouffer la voix de la nature; parceque les preftiges de l'opinion n'ont pas encore eu la force de l'emporter fur elle.

Mais avec le temps, les préjugés font taire la voix du cœur: celui-ci a moins de feu. On veut foutenir un état, fe rendre plus confidérable en étalant plus de faste : une malheureuse prudence n'offre que des objets de crainte. On croit être devenu fage, & l'on n'eft que corrompu.

Sur bien des objets la jeuneffe voit quelquefois plus jufte que l'âge avancé. C'eft que les paffions données par la nature font moins fujettes à nous égarer, que la raifon dégradée par les hommes, & embarraffée de mille erreurs.

L'auteur de la nature n'a donné aux animaux qu'une courte carriere à parcourir. Il femble n'accorder aux individus que le temps de fe reproduire, & de perpétuer les efpeces. L'homme naît pour donner la naissance à l'homme: tel eft l'ordre du créateur.

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