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guer un fexe faible. Le fauvage, le barbare regardent les femmes comme des créatures inférieures, deftinées à leur fervice & à leurs plaifers. Ils en réuniffent dans leur propriété autant qu'ils en peuvent nourrir, comme les peuples pafteurs cherchent à pofféder de nombreux troupeaux & un grand nombre d'efclaves. Chez toutes les nations de l'Orient, barbares ou civilifées, les femmes s'achetent & font partie des biens-meubles de leurs époux, & il eft dans la nature de l'homme de vouloir pofféder de chaque efpece de biens la plus grande quantité poffible.

Nos ancêtres, fous la premiere race 'de nos rois, n'obtenaient une épouse qu'en la payant à fes parents. On peut reconnaître un refte de cette coutume dans la piece de monnaie ou la médaille que l'époux donne encore à fon épouse dans la cérémonie du mariage.

Les hommes en général fe marient plus tard que les femmes, & celles-ci ont fous nos climats une très longue &

très abondante fécondité. Quand elles deviennent ftériles, leurs époux font ordinairement dans un âge affez avancé pour être livrés au repos. Ils auraient peu d'efpérance d'élever eux-mêmes les fruits tardifs d'une nouvelle union.

Il paraît donc contraire aux vœux de la république, au moins dans nos contrées, qu'un citoyen ait plufieurs époufes: mais il eft néceffaire à fa confervation que chaque citoyen en ait une.

Encouragement du Mariage. L'ÉTAT ne faurait donner au mariage trop d'encouragement. C'est auffi ce que n'ont pas négligé les anciens peuples dont nous admirons le plus la législation.

Mais, où la législation manque, elle pourra fe trouver efficacement remplacée par la prudence des grands, des magiftrats, & même des fimples citoyens. Qu'en toute occafion ils marquent une jufte préférence, même des égards refpectueux au pere de famille; que le célibataire manque de confidération dans la fociété; que fon inutilité volontaire lui foit au moins tacitement reprochée : bientôt les mœurs fuppléeront au défaut des loix, & le célibataire, en s'engageant fous les loix du mariage, s'empreffera de mériter l'eftime qui lui eft refufée.

Mais au contraire, rien n'est plus expofé aux froides plaifanteries des gens

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du monde que le mariage, fi ce n'est l'accomplissement des devoirs qui y font attachés : : car nous ne ferions pas encore affez corrompus, fi nous n'étions que cieux; il faut que nous entrainions les autres dans le vice, & que nous répandions le farcafme fur la vertu.

Quel refpect cependant eft dû à ces liens fi précieux, qui, en joignant enfemble deux perfonnes, confondent en même temps plufieurs familles, rendent communs leurs intérêts, leur ouvrent une nouvelle fource d'amitiés, de foins, de fecours mutuels. La patrie devient encore plus chere aux jeunes époux, parcequ'ils y font attachés par de nouvelles chaînes; parcequ'ils tiennent à un plus grand nombre de fes membres; parcequ'ils ont déja rempli un de fes vœux, & qu'ils efperent répandre encore fur elle de nouveaux bienfaits, en contribuant à la perpétuer,

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Adultere.

QUICONQUE attente aux mœurs d'une

famille, attente contre l'état même puifqu'il infinue dans un de fes membres le venin contagieux du vice, qui, de proche en proche, gagnera le corps en

tier.

Tu ris des maux que tu causes, homme corrompu, homme corrupteur; toi, qui fais ton plaifir d'infpiter tes mœurs à ton ami; toi, qui te dis heureux, quand tu as fait rougir de fa vertu celle que tu arraches à l'époux qui reçut fa foi; celle dont tu prépares la perte peut-être, au moins la honte & la douleur; celle à qui tu ments, quand tu veux lui perfuader que tu l'aimes. Mais le mal ne s'ar-' rêtera pas où tu l'as fait naître. Ta maîtreffe verra fon exemple fervir de modele à fes compagnes; ton ami, vicieux par toi, fera bientôt imité par fes amis : &, par une chaîne continue, mais dont l'œil ne pourra bientôt plus fuivre les

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