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y aura beaucoup de fcélérateffe, beaucoup de brigandage, beaucoup de vices, beaucoup d'horreurs. Qu'en conclure? que les hommes s'infectent mutuelle ment, quand ils fe touchent de trop près.

Défenfeur de l'adultere (car il y en a) vous pouvez devenir pere de famille : & fi un faux ami vous laiffait la charge des enfants qu'il aurait eus d'un commerce furtif avec votre époufe, ne verriez-vous pas avec une profonde douleur vos propres enfants dépouillés, par ce commerce adultérin, d'une partie de votre héritage? Avec quelle tendreffe éleveriezvous des enfants, que vous regarderiez comme les ufurpateurs des biens de vosre poftérité? Ne fentez-vous pas, par ces effets du vice, qu'il attaque l'une des premieres inftitutions fociales, le droit de propriété? Vos defcendants ont le droit légitime de fuccéder à vos poffeffions; & celui qui les en prive ne fera pas un homme injufte!

Quand donc il réfulterait de ces com

merces condamnés quelque avantage pour la population, il faudrait le facrifier à la justice.

Confidérez encore la trifte influence qu'ils ont fur les mœurs. Il faut avilir, corrompre des valets, les façonner à la trahison, à l'infidélité, leur apprendre à méprifer leur maître : il faut s'avilir foimême, en les prenant pour confidents, capter leur bienveillance humiliante, fe mettre fous leur joug, & le porter fans murmure dans la crainte de leur indifcrétion : il faut faire une étude de la fauffeté, fe prêter à des manœuvres honteufes, & fouvent ridicules; tromper un époux dont on ne feint d'être l'ami, que pour le déshonorer & pour ruiner fes enfants.

Accoutumés à fe rendre efclaves de femmelettes, les hommes deviennent plus faibles qu'elles : ils ne favent plus penfer que d'après les objets de leurs adorations; ils ne s'occupent que de niaiferies, de futilités. Combien l'on voit de poupins à barbe noire, & même

à cheveux gris, avec des caracteres de

petites filles !

Toujours attentif à féduire les femmes, il faut mettre tous fes foins à leur complaire, à les flatter, encenfer leurs défauts, plier fous leurs caprices, les admirer quand elles font pitié, paraître les refpecter quand elles devraient rougir, admettre fans appel leurs décisions,& les accoutumer à décider toujours, n'avoir enfin de l'efprit, de la raifon, de la fen fibilité, je dirai même une existence, que pour elles & comme elles. C'eft ainfi qu'on leur gâte l'efprit; elles gâtent le nôtre à leur tour.

Le moindre des maux que faffe l'adultere, c'eft d'éteindre l'amitié entre deux perfonnes destinées à paffer ensemble ce que le ciel doit leur accorder de jours. L'époufe, féduite par un amant aimable, peutelle chérir encore cet époux qui l'empêche d'être toute entiere à ce qu'elle aime? D'abord incommode, il devient bientôt odieux. Elle feint auprès de lui, mais elle feint mal, des fentiments

qu'elle n'a plus. Elle reçoit froidement des careffes qu'elle voudrait repouffer avec horreur. Elle eft malheureuse par tout ce qui naguere la rendait heureuse, par l'afpect d'un mari qui n'eft plus qu'un furveillant infupportable,d'un ménage où ne regne point fon vainqueur, d'enfants qui ne font point les fruits de fon nouvel amour. L'époux infortuné foupçonne qu'il aime feul. Les reproches commencent, la confiance s'affaiblit, bientôt elle eft rompue; & la plus affreuse certitude fuccede aux doutes les plus déchirants. Le mari fuit une maison où le chagrin le dévore; il va chercher ailleurs le plaifir qui le fuit. L'époufe, abandonnée de fon époux & de fon inconftant féducteur, fe jette en défefpérée dans les bras de nouveaux amants: elle y trouve la volupté, fans y trouver la paix de l'ame, fans ceffe ballottée entre l'amour & la jalousie, la jouiffance & le regret, l'empreffement & l'abandon, les adorations & l'opprobre, le plaifir & le remords. La vieilleffe vient: elle rejoint deux époux

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où plutôt deux ennemis qui fe fuyaient, qu'elle ne réunit que pour les livrer à d'humiliants fouvenirs, que pour faire leur fupplice, & qu'elle force à traîner enfemble les reftes d'une vie qu'ils auraient dû femer mutuellement de fleurs, & qu'ils fe font rendue mutuellement odieufe.

Permettez donc le divorce. Trifte ref fource, rarement employée par ceux mêmes à qui elle eft accordée, & dont les fuites fâcheufes fe font affez connaître, quand on confidere les divorces forcés que caufe la nature par la mort de l'époufe. Le mari, paffant à de fecondes noces, foumet les enfants de fon premier mariage à l'empire d'une étran— gere, qui, bientôt devenue mere ellemême, n'a que de la haine, ou du moins de l'indifférence pour des enfants qui ne lui doivent pas le jour. Elle s'indigne de leur voir partager la tendreffe de leur pere & des avantages qu'elle voudrait qui appartinffent tout entiers à fes propres enfants. Les exemples contraires

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