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geres,

intimident la tendreffe, l'affli gent, la fatiguent, la détruisent. D'autres encore ne peuvent fe refuser à l'envie de faire des railleries ameres, fe picotent, fe pointillent, fe harcelent par de petites contradictions, des refus déplacés, finiffent par l'humeur, l'impatience, &, par ce feul travers d'efprit, nuifent à la douceur de leur union.

Le mariage doit offrir un commerce mutuel & continu de complaifances, de foins, de confeils, d'indulgence & de tendreffe. Il fut un temps, & même ce temps fut long, où, la fociété ne fe maintenant que par la force, la vigueur corporelle était abfolument néceffaire. Cette vigueur avait même le nom de vertu dans les langues anciennes. Les hommes étant plus vertueux, c'est-à-dire, plus robuftes que les femmes, obtinrent fur elles une fupériorité qu'ils devaient à la force de leurs mufcles. Ils étaient faits pour combattre fans ceffe. La femme avait foin de garder la maifon : tranchons le mot, de fervir. Ce

temps n'eft

plus. Aujourd'hui la véritable force, la plus avantageufe à la fociété & même au citoyen, c'est celle de l'efprit. L'homme fera donc encore fupérieur à fa femme, quand il aura plus de prudence, de capacité, de connaiffances utiles au bien de la famille. Mais alors il ne fera fentir cette force que par celle de la perfuafion; forte d'empire flatteufe pour celui qui la poffede, & jamais odieuse à celui qui s'y foumet.

Mais rien ne fera plus ridicule que la fupériorité affectée par un fot fur une femine prudente & d'une grande ame; si ce n'est celle d'une femme qui, affectant fur fon époux un empire fuprême, une domination écrafante, l'avilit,le rend méprisable, en fait fon jouet & celui de la fociété.

La femme qui a négligé de cultiver fa saifon, ne peut être dans tous les temps une compagne agréable pour fon époux, lui donner des confeils utiles, & des confolations toujours adaptées à fes douleurs elle eft incapable de bien élever

fes enfants: mais loin de l'époux qui veut être heureux la femme qui n'a jamais lu que pour faire parade de fes lectures, qui n'a jamais regardé de tableaux, entendu de mufique, vu de pieces de théâtre que pour les juger. Elle fe croit du goût parcequ'elle décide, de la fcience parceque fes flatteurs ne la contredifent pas, de l'efprit parcequ'elle a gâté fa raifon, de la philofophie parcequ'elle a perdu fes mœurs : elle fe dit au-deffus de fon fexe parcequ'elle en méprise les devoirs, & chasse son mari de sa maison, pour la remplir de poëtes bruyants, de littérateurs entêtés, d'artiftes orgueilleux, & de philofophes tranchants.

Il ferait trop long & trop inutile de s'appefantir fur les devoirs qu'exige le mariage. Chacun les connaît, peu veulent les fuivre.

Eloignons fur-tout nos regards de ces maifons confacrées aux larmes où l'époux barbare fe plaît à accumuler le malheur fur la tête d'une infortunée, qui, en lui accordant fa main, n'attendait

pas un

fi cruel retour. Vous le voyez dans le monde gai, poli, complaifant, fenfible; on chérit fa' douceur, on le croit né pour la tendreffe: il ne maltraite que ce qu'il doit aimer.

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Malheureux! fi la raifon ne peut rien fur toi, écoute du moins la tendre voix de la pitié. Ne l'entends-tu jamais retentir fur ton cœur?

Premiere nourriture des Enfants. Il femble plus néceffaire de diriger que de recommander l'amour paternel. Eft-il un cœur affez dur pour repouffer cette tendreffe que nous infpire un être qui a fait partie de nous-mêmes, un être qui n'en eft féparé que pour devoir encore à nos foins affidus la continuation de fon existence?

Cet amour eft un fentiment vif & profond qu'un naturel pervers voudrait en vain étouffer; la nature nous y rappelle fans ceffe. Nous chériffons notre enfant, avant même qu'il ait vu le jour; nous comptons les inftants qui nous conduifent à celui de fa naiffance, nos vœux impatients voudraient hâter ce moment délicieux. Nous aimons en lui, pour l'avenir, toutes les qualités qu'il nous plaît de lui fuppofer; déja nous jouiffons de fes talents, de fes vertus; nous lui avons obligation déja de tous les plaifirs qu'il doit nous procurer un jour.'

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