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fevrés: & tel eft le

que nous

genre de vie faifons partager à nos enfants! Il ne faut pas, fans doute, les élever avec délicateffe; mais, fi nous voulons les conferil faut leur procurer une nourriture

ver,

convenable.

A combien de périls ne font-ils pas expofés par la négligence des nourrices! les uns font confumés ou défigurés par les flammes; les autres font eftropiés par différents accidents que la prudence aurait pu prévenir; d'autres font mutilés par ces animaux immondes & voraces, avides d'une chair tendre & onctueufe. Mille exemples femblables font connus; les femmes fe les racontent mutuellement, & même les exagerent, fi pourtant on peut les exagérer : & ces exemples affreux ne peuvent les rappeller aux devoirs facrés de la maternité! La crainte de quelque fatigue, l'amour de ces agitations funeftes qu'on appelle des plaisirs, ont fur elles plus de force que la nature.

Rien ne doit être plus capable d'effrayer les parents qui confient leur pro

géniture à des nourrices mercenaires, que ces victimes fi nombreuses d'un lait empoisonné par une feconde conception. Par quelle confiance téméraire fe perfuade-t-on qu'une femme habitera fans ceffe avec fon mari, recevra fes plus vives careffes, s'en verra tendrement invitée au plaifir, fans fe rendre aux empreffements, peut-être aux violentes attaques d'un époux, à la voix du defir qui la confume elle-même & d'un tempérament encore exalté par la gêne & la privation? le moyen le plus sûr, le feul peut-être de réfifter à nos paffions, c'eft de fuir les occafions qui nous invitent à les fatisfaire. Mais cette femme peut-elle fuir fon mari? Et n'eft-ce pas exagérer la force d'un fexe faible, que de croire qu'elle pourra lui réfifter toujours? n'est-ce pas être injufte, après l'avoir placée fur les bords étroits & gliffants du précipice, de l'accufer d'y être tombée ?

S'il devait être quelquefois permis de choisir une nourrice étiangere, ce ferait

pour corriger, dans l'enfant, la conftitution trop faible ou mal-faine de la mere, par la conftitution louable & vigoureufe d'une nourrice bien choifie.

Education.

L'ÉDUCATION d'un enfant commence plutôt que le vulgaire ne le croit. La pru. dence doit veiller fur lui dès le moment de fa naiffance. Une nourrice imbécille s'amufe des paffions naiffantes de fon nourriffon, fe plaît même à les exciter. L'enfant qui n'a encore d'autre langage que fes cris, l'emploie à exprimer fes volontés impérieufes. Quand elles ne font point juftes, il faut déja favoir y réfifter. Si vous lui obéiffez plufieurs fois de fuite, il faudra toujours lui obéir : fi vous réfiftez, dès le commencement, aux ordres dont fes cris font les interpretes, il ne les renouvellera plus pour le même fujet.

Qu'on y prenne bien garde : l'enfant a déja les paffions de l'homme fait. Il aime à commander, il eft colere & jaloux: il frappe fa nourrice, les enfants qui l'environnent, les chofes même ina nimées.

On ne doit pas inférer de là que ces paffions foient en quelque forte innées. L'enfant eft colere, parceque, accoutumé aux complaifances, il eft furpris de fe voir contrarié : il eft jaloux, parceque fouvent accablé de careffes, il lui déplaît d'en être privé.

Veillez, mere intelligente, à réprimer ces vices commençants. Quel temps voulez-vous attendre pour les corriger? Celui où ils auront déja pris racine, où vous ferez forcée d'employer les cris, les punitions, les mauvais traitements répétés, de vous rendre odieufe? Oui, odieufe car vous le ferez devenir une modératrice févere après n'avoir été qu'une dangereuse adulatrice. Ne commencez donc pas par corrompre pour travailler enfuite à corriger.

pour

vouloir

Soyez tendre, mais ne foyez point faible. Si votre enfant exige quelque chofe -fans néceffité, avec colere, avec empire, que cette raifon fuffife pour vous défendre de le fatisfaire. Il aura beau pleurer;. yous avez une fois refufé, ne vous ren

dez

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