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Gloire, eftime, mépris, opprobre. C'EST donc par le bien que l'amitié rapporte aux hommes, qu'elle eft fi re commandable. Qu'on examine de même toutes les actions qui obtiennent leurs fuffrages on verra qu'elles le doivent aux avantages qu'en retire la fociété.. Qu'on jette un coup d'œil fur les lités qui attirent le blâme, on reconnaîtra qu'elles font toutes nuifibles à l'intérết focial.

qua

Un homme eft-il uthe à un grand nombre de ses semblables; foit qu'il les défende par fon courage; foit qu'il les rende plus heureux par la fageffe de fes loix; foit qu'il rétablisse entre eux l'union

par l'équité de fes jugements; foit qu'il les éclaire par fon génie; foit qu'il les guide par fon exemple dans le fentier pénible de la vertu : il obtient ce qu'on appelle de la gloire, qui n'eft autre chose qu'une estime très généralement répan due.

L'approbation refferrée dans un cer cle plus étroit, à laquelle on donne fimplement le nom d'eftime, eft accordée

au bon pere fes enfants:

de famille, qui eft utile à

A l'homme jufte avec qui l'on peut traiter sûrement, & dont aucun intérêt ne tenta jamais la févere équité :

A celui qui exerce un talent avec quelque diftinction; qui ne menace pas dé devenir un fardeau pour la fociété, & qui même contribue pour fa part à l'enrichir :

Au cœur généreux, qui,loin de recéler fa fortune, la fait partager à plufieurs de fes concitoyens.

Si cette fortune eft grande, les effets de la générofité devenant plus fenfibles, peuvent mériter de la gloire.

Mais fila fortune d'un citoyen eft bot acquerra de l'estime

née, il

par une fage économie, & par les bornes mêmes qu'il fera obligé de prefcrire à fon caractere bienfaifant.

Quel eft celui qu'on méprise?

L'homme intempérant, parceque les fuites de fes vices le rendent incapable de rien d'utile:

Le diffipateur, parcequ'il menace d'être à charge à fes concitoyens, quand il aura perdu fes refsources:

Le joueur, fût-il honnête homme, par la même raison, & parcequ'il eft menacé de ne pas garder la probité dans l'infor

tune:

L'avare, parceque perfonne n'en peut efpérer aucun fecours :

L'homme oifif, qui, fans faire aucun bien, confume, comme les frélons, la nourriture des abeilles ouvrieres:

Le menteur, parceque étant fouvent dangereux pour les hommes d'être trompés, ils ne veulent l'être jamais ; & que, s'ils interrogent, & qu'ils fe donnent la peine d'écouter, c'est qu'ils efperent entendre la vérité. D'ailleurs celui qui nous trompe fans aucun motif apparent, ne cherchera-t-il pas encore davantage à nous tromper, quand les circonftances lui offriront un prix de fes menfonges

Qui couvre-t-on d'opprobre? Ceux qui fe font montrés capables de faire des actions nuifibles à quelques citoyens, & qu'aucun frein ne faurait arrêter.

Tels font en général les jugements des hommes prefque toujours équitables, quand ils prononcent fur les actions, & très fouvent injuftes, quand ils prononcent fur leurs auteurs.

Bienfaifance.

Le devoir d'un citoyen eft d'être utile à la fociété. Il ne fuffit donc pas qu'il fe défende de faire aucun mal aux autres, d'être injufte, de défobéir aux loix; il faut encore qu'il faffe tout le bien qu'il peut faire, qu'il rende tous les fervices qui dépendent de lui.

Aucun homme, en quelque haut degré d'élévation & de fortune qu'il fe trouve placé, n'eft tellement indépendant des autres, qu'il ne puiffe defirer de trouver des hommes bienfaifants. Qui donc a droit de s'exempter de l'être?

La bienfaifance eft différente de la générofité : elle n'exige pas la richesse. Il n'eft perfonne qui ne puiffe être bienfaifant, puifqu'il n'eft perfonne qui ne puiffe être utile à un autre. Quiconque me confeille, m'inftruit, me confole, me rend facile quelque pas gliffant de la vie, est mon bienfaiteur. L'homme puiffant qui m'offre fon crédit, le riche qui m'offre

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