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trouvent, ou viennent fe placer à la portée de leur fceptre d'airain.

Puifque la fociété ne ferait qu'un cahos informe, fi elle n'était fubordonnée à un pouvoir qui la dirige; c'eft donc un devoir de fe foumettre à cette puiffance, & de facrifier l'amour dangereux d'une liberté indéfinie à l'amour de la paix & de l'ordre, à l'utilité générale & à notre propre intérêt.

Devenir citoyen, c'eft fe foumettre à un empire, s'obliger à bien des devoirs qui pourront être pénibles, s'interdire bien des actions qui pourraient être agréables, & qui même rapporteraient quelquefois des avantages perfonnels, au moins apparents. On ne peut plus vivre pour foi, mais pour coopérer au bien général, & pour le partager.

Il ferait bien doux de pouvoir n'être foumis qu'à une forme de gouvernement qui fût examinée & approuvée par tous les membres de l'affociation. Il ne devrait pas même y en avoir d'autres, tous les hommes étaient affez

juftes & affez éclairés pour fentir leurs véritables intérêts, pour connaître que l'avantage de chacun eft indiffolublement lié à l'avantage de tous, pour favoir où commence le facrifice que nous devons faire de nous-mêmes à l'Etat : mais ils font bien éloignés de cette perfection,& tomberaient dans un malheur extrême, fi on leur laiffait le choix de la maniere dont ils voudraient être heureux.

Non, fans doute, rien ne ferait plus funefte à tous les citoyens qu'un gou vernement dont tous auraient réglé la conftitution ou plutôt, chacun voulant tirer à foi tous les avantages, voulant en priver fes affociés, ils ne parviendraient pas même à établir une forme de gouvernement monftrueufe.

Quelle eft la meilleure de toutes les formes de gouvernement? Question importante en politique, inutile en morale, puifqu'on eft obligé de fe foumettre à la légiflation fous laquelle on recueille les fruits de la fociété.

Question affligeante, qui ne peut qu'inspirer

qu'infpirer le défefpoir & la haine de la patrie à ceux qui ne font pas nés dans un état dont la conftitution fe rapporte au fyftême qu'ils pourraient fe former. Quelle cruauté de préfenter un choix à tant de gens qui fe rendraient malheu reux ou coupables s'ils ofaient choifir! Cherchez plutôt à les confoler. Repréque tous les gouvernements. ont leurs inconvénients & leurs avantages, qui ne peuvent guere être balancés avec affez de précision pour établir entre eux des motifs certains de préférence:

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fentez-leur

Que cette préférence est subordonnée à l'étendue de la domination, au caractere du fouverain, à celui des peuples, à leurs mœurs, à leurs opinions:

Que chaque gouvernement eft mélangé de quelques-unes des qualités des autres; que ces confeils, ces cours fuprê mes des états monarchiques, dont les lumieres & la prudence du fouverain préfere fi fouvent les décifions à fa volonté ifolée, les rapprochent de l'ariftocratie:

C

Que, par l'afcendant d'un magiftrat, une aristocratie tient quelquefois du defpotifme :

Qu'il n'y a pas, qu'il n'y a peut-être jamais eu de véritables démocraties; que l'afcendant de quelques familles, ou celui d'un citoyen habile ou audacieux, les a toujours changées en ariftocraties, ou en véritables monarchies.

Apprenez-leur que même le pur defpotisme n'a jamais pu exifter, ou qu'il n'a été du moins qu'un état violent & paffager: que les mœurs, les ufages, l'esprit national, les opinions religieufes, l'afcendant du facerdoce, les terreurs du defpote, fon caractere, fes vertus, fes faibleffes, ont toujours mis une barriere à fes volontés ifolées.

Tout empire a fes temps de maladie & de fanté. On confidere un état à l'époque de fa plus grande vigueur; on examine fa constitution, & l'on décide quelle eft la plus convenable aux affo¬ ciations humaines: mais fouvent il doit fette force qu'on admire à des circonf

tances étrangeres à son régime. Il dépérit enfin, parcequ'il faut que tout paffe: un autre état deviendra floriffant avec une légiflation contraire, & les penfeurs oififs feront de nouveaux raisonnements.

Les corps politiques font trop vaftes & trop compliqués, pour qu'on puisse aifément connaître le fiege des maux qui les attaquent, & qui font toujours répandus dans un fi grand nombre de par ties. De fubtils fpéculateurs en recherchent les causes, & produisent fur ce fujet les plus ingénieufes & fouvent les plus vaines conjectures.

Je ne connais rien de plus fage que le sentiment de Montaigne : » La nécef« fité, dit-il, compose les hommes, & les affemble. Cette couture fortuite fe « forme après en loix..... Certes, toutes, «ces descriptions de police feintes par - art, fe trouvent ridicules à mettre en pratique. Ces grandes & longues altercations de la meilleure forme de fociété & des regles plus commodes *nous attacher, font altercations pro

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