Imágenes de páginas
PDF
EPUB
[ocr errors]

s'il a tout perdu, fa

propre

eftime lui

refte & le confole.

Comme il eft jufte de défendre fes biens, & qu'il n'en eft point de plus précieux que l'existence, on a le droit de donner la mort pour conferver fa vie. Cette loi de la nature s'accorde encore avec l'intérêt général; puifque la fociété ferait infeftée de brigands, s'ils étaient sûrs de n'avoir à frapper que des victimes fans réfiftance.

Ainfi, quand nous n'avons pas le temps de recourir à la protection publique, quand le danger eft preffant quand nous feuls pouvons le repouffer, nous rentrons dans le droit naturel de défenfe, nous devons nous fecourir nous-mêmes, & frapper, notre ennemi. Mais s'il eft terraffé, ou s'il prend la fuite, s'il ne reste plus pour nous de péril, ce n'eft pas à nous, c'eft au gouvernement à nous venger: car il eft utile que le même homme ne puiffe pas être à la fois le vengeur & l'offenfé, l'accufateur & le

juge. Il faut, pour démêler ce qui eft juste un œil plus sûr que celui d'un homme paffionné.

La peine du coupable eft due à l'uti

à la vengeance

pas

lité publique, & non pas d'un particulier. Elle n'eft ordonnée pour le faire jouir du tourment d'un malheureux, & pour lui faire goûter un plaifir atroce, à la vue des tourments de fon femblable.

La peine doit être proportionnée au crime. Un cœur ulcéré ne garderait pas de mesure dans fa vengeance. D'ailleurs un ennemi ferait toujours coupable; mais les loix n'ont point d'ennemi, & leurs dépofitaires doivent recevoir fans, paffion les défenfes de tous les accufés. Tranquilles comme la divinité même; la colere ne doit jamais troubler la férénité de leur front, & fi leur bouche, organe de l'équité, prononce les arrêts les plus féveres, c'eft le crime qu'ils puniffent, mais fans haïr le criminel.

[ocr errors]

Magiftrat, tu ouvres, ton cœur à la haine; tu vois avec indignation l'accufé

1

dont tu tiens le fort dans tes mains; tremble de donner ta voix : tu ne peux plus être juge, puifque tu deviens ennemi.

Les loix de la juftice entre les différentes fociétés réfultent de celles qui lient les citoyens entr'eux. Les fociétés ou états, dans leurs rapports mutuels, doivent être regardés comme des individus moraux. L'homme a le droit de repouffer la violence, de donner la mort pour se défendre les fociétés jouiffent du même droit; c'eft celui de la guerre. Quand une fociété s'eft rendue coupable d'une offenfe capitale, clle eft justement pourfuivie par les armes, comme un individu criminel eft condamné à mort.

:

Les citoyens volent au fecours d'un malheureux attaqué par la force de même les fociétés prennent les armes pour défendre une d'elles, attaquée par

une puiffance injufte.

la

Une fociété a-t-elle le droit de faire guerre à une autre par la feule raison que celle-ci devient riche & puiffante? Il vaudrait autant demander fi un mar

chand a le droit de tuer un autre marchand fon voifin, parceque le commerce de ce voifin devient floriffant. Une fociété n'a le droit alors que de combattre de travail, d'induftrie, de bonne administration.

Faire la guerre pour acquérir de la gloire, c'eft multiplier les affaffinats pour faire parler de foi. Faire la guerre pour conquérir, c'eft, en d'autres termes, affalliner pour voler.

Religion.

par

It femble que ce foit ici le lieu de ler de la religion, puifqu'elle tient partout au gouvernement, & qu'elle eft liée au fyftême politique de la légiflation. Elle tend fans ceffe à rendre les citoyens plus fideles à leurs devoirs; elle fait donc partie de ces mêmes devoirs, & eft néceffaire à l'état focial.

Le ministre de notre religion fainte en explique les dogmes & les préceptes, & le fidele qui l'écoute n'a pas befoin d'autres leçons. Si tous les hommes étaient chrétiens, & chrétiens religieux, le moralifte du fiecle fe tairait. Mais ici nous parlons à l'infortuné qu'une raison orgueilleuse a éloigné de l'humble foi de fes peres: nous parlons à tous les hommes de quelque nation qu'ils puiffent être, & quelle que foit leur maniere d'adorer leur auteur. Notre devoir eft de leur faire refpecter la religion en général. C'eft au miniftre de nos autels,

« AnteriorContinuar »