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comme M. Raynal, d'embellir tout ce qu'il daignerait emprunter. Nous allons rapporter les paffa ges qui fe trouvent les mêmes dans les deux Ovrages, ou qui ne different que par quelques changements de mots.

HISTOIRE PHILOSOPHIQUE

Des établissements dans les deux Indes. T. IV, p. 691 & 692 de l'éd. in-4°. de l'année 1780. T. X, p. 450 & fuiv. de l'édit. in-8°.

: C'EST tout le contraire pour celui qui vit dans l'état social. Il n'est rien par lui-même; c'est ce qui l'entoure qui le foutient. Ses poffeffions, fes jouiffances, fes forces & jufqu'à fon existence, il doit tout au corps politique auquel il appartient.

Les maux de la fociété deviennent communs au citoyen. Nulle partie de l'édifice ne peut s'écrouler, qu'il ne rifque d'être écrafé fous fa ruine. L'injustice qu'il commet le menace d'une injuftice. qu'il aura à fupporter. S'il fe livre au crime, d'autres pourront devenir également criminels; & qui peut l'affurer de n'être pas leur victime? Il doit donc tendre conftamment au bien général, puifque c'eft de ce bien que dépend celui des particuliers.

Si un feul prétend fe difpenfer de travailler à l'avantage public, pour ne s'occuper que de fes propres avantages, de fa propre fatisfaction; s'il veut s'exemter du devoir commun parceque les actes d'un particulier doivent avoir peu d'influence fur les actes de tous : les autres pourront s'exemter de même de devoirs importuns

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.. Ils font tour à tour & bourreaux & victimes... Chacun nuit & reçoit des dommages, dépouille & eft dépouillé, frappe & eft frappé; & l'on ne voit plus

Les maux de la fociété deviennent les maux du citoyen. Il court rifque d'être écrafé, quelque partie de l'édifice qui s'écroule. L'injuftice qu'il commet le menace d'une injuftice femblable. S'il fe livre au crime, d'autres peuvent devenir criminels à fon préjudice. Il doit donc tendre conftamment au bien général, puifque c'eft de cette profpérité que dépend la fienne.

Qu'un feul s'occupe de fes intérêts fans s'embarraffer de l'intérêt public, qu'il s'exemte du devoir commun, fous prétexte que les actions d'un particulier ne peuvent avoir une influence marquée fur l'ordre général, d'autres auront des volontés auffi personnelles. ·

Alors tous les membres de la fociété

feront tour à tour bourreaux & victimes. Chacun nuira & recevra des dommages, chacun dépouillera & fera dépouil

qu'un état de guerre de tous contre tous.

Ainfi c'eft avec la fociété

que

com

mença le devoir.

On peut le définir l'obfervation rigoureufe de ce qui eft utile à la fociété. Cette courte définition renferme toutes nos obligations & la pratique de toutes les vertus, puifqu'il n'en eft aucune qui ne foit utile au corps focial: elle exclut tous les vices, puifqu'ils font tous dangereux.

.... Des hommes vicieux, & en même temps pitoyables raifonneurs, s'affermiffent dans leur mépris pour les vertus qui les condamnent, parceque ce font difent-ils, des inftitutions de conve

nance. •

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: Tu y vis, miférable, dans cette fociété, tu jouis des avantages qu'elle te procure, tu aimes à les recueillir en refufant d'y contribuer; fi elle te rejettait, tu cefferais d'être : & tu dédaignes. ce qui lui eft convenable, ce fans quoi elle ne pourrait fe maintenir

lé, chacun frappera & fera frappé : ce fera un état de guerre de tous contre tous. Ainfi ce fut avec la fociété que commença le devoir.

Le devoir peut être défini l'obligation rigoureuse de faire ce qui convient à la fociété. Il renferme la pratique de toutes les vertus, puisqu'il n'en est aucune qui ne foit utile au corps politique; il exclut tous les vices, puifqu'il n'en eft aucun qui ne foit nuifible.

Ce ferait raisonner pitoyablement que de fe croire en droit de méprifer, avec quelques cœurs pervers, toutes les vertus, fous prétexte qu'elles ne font que des inftitutions de convenance.

Malheureux, tu vivrais dans cette fociété qui ne peut fubfifter fans elles, tu jouirais des avantages qui en font le fruit, & tu te croirais difpenfé de les pratiquer, même de les eftimer!

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