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eft il fincere ? Il fait rejaillir le merveilleux de l'Evangile, fur l'air, fur la voix, fur le gefte. Tout cet extérieur annonce l'homme envoié du ciel prépare la conversion.

XIV.

Si des talens trop brillans nuifent à la fin du Miniftere, le zéle en tempere l'éclat. Il fupprime les graces du difcours, il néglige la régularité du gefte, & les agrémens de la voix, s'il ne peut les confacrer.

xv.

Je trouve toujours du talent dans ce lui qui me convainc, & qui me touche. Dès-lors je ne confulte plus l'ap probation publique, je ne fuis plus la foule: le fruit règle mon goût.

XVI.

L'art doit perfectionner la nature, & non pas la forcer. Hors du naturel tout eft faux, air, voix, gefte, langage, élocution, figures. Ce qui eft contrefait ne fauroit ni plaire, ni toucher. XVII.

L'imitation eft fouvent dangereufe: on perd ce qu'on a de génie en voulant prendre celui d'un autre. Il faut étudier fon talent, le bien connoître & le fuivre.

XVIII.

Souvent on imite ce qu'il faudroit éviter. Le faux, l'irrégulier eft ce qui frape davantage. Le Peintre attrape plus aifément les défauts d'un vifage que la jufte proportion des traits.

XIX.

L'Orateur ne doit pas s'impofer plus d'art, plus de science, plus d'extérieur, que fon naturel n'en comporte. Il faut néanmoins fe propofer un bon modéle, & s'efforcer de l'atteindre.

X X.

Chaque fiécle a fon goût. On doit fe conformer à celui qui regne, s'il tend à l'édification. L'imitation des maîtres, qui excellent en chaque tems, forme mieux que tous les préceptes. XX I.

Le tempérament a beaucoup de part aux différens caracteres de l'éloquence. L'humeur critique corrige les mœurs par des traits piquans : l'humeur févere répand la gravité fur le difcours : la douceur s'infmue par des mouvemens affectifs. Le jugement & la piété doivent régler le tempérament.

XXII.

Il n'y a prefque point de fujet dans l'Eglife, qui n'ait quelque talent pour

prêcher. Tel qui s'en croit incapable, manque plutôt de courage, ou d'ap plication, que de moiens.

XXIII.

Pour n'être pas du premier ordre, il ne faut pas fe rebuter. Dieu n'attache point le fuccès de fa parole à des talens tares & difficiles à raffembler. Les médiocres, animés d'un bon zéle, font les plus utiles. Les plus brillans donnent de l'éclat au Miniftre, & offufquent le Miniftere.

XXIV.

Quand on prêche bien, qu'importe de prêcher mieux. Ce mieux fait, à la vérité, la perfection, au goût de la vanité: il donne la vogue, il diftingue les excellens Prédicateurs des médiocres; mais le fruit n'en eft pas grand.

X X V.

Quel que foit le Prédicateur, il a du talent, s'il fe fait fuivre, & s'il rend PAuditeur attentif. L'attention eft une fervitude; on n'y retient que ceux qu'on a fû prendre.

XXVI.

Pour bien prêcher, il ne fuffit pas d'en être capable; il en faut aimer la fonction, s'y plaire, travailler, failir les occafions qui fe préfentent, pré

venir les dégoûts, ou les furmonter. XXVII.

Il ne faut jamais fe négliger, pas même à la campagne. Outte qu'on doft ce refpect au Miniftere, le peuple fent ce qu'il ne connoît pas, & il le goûte. Partout il y a quelque connoiffeur, qui juge, qui applaudit, ou qui décrie: fon goût régle celui des autres; il entraîne la foule, & la foule ne l'entraîne pas.

XXVIII.

On doit pardonner des défauts au Prédicateur qui convertit. Pourvû qu'il arrive à fa fin, il n'importe par quelle voie. L'art le plus efficace eft toujours le meilleur.

XXIX.

Ufant des talens, il faut craindre d'en abuser. Saint Paul déclare que l'éloquence humaine anéantit le mystere de la Croix. La fageffe des hommes dégrade l'œuvre de Dieu, fi elle croit en être l'appui.

XXX.

Le Prédicateur ne connoît bien ce qui convient à la Chaire, qu'après quelques années d'exercice. L'expérience lui découvre alors ce qu'il y a de plus convaincant dans les raifons,

de plus vif dans les fentimens, & de plus infinuant dans les tours.

X X X I.

On doit profiter du concours des Auditeurs & de leurs applaudiffemens, pour foutenir la vérité avec plus de force, pour cenfurer les vices avec plus de vigueur. Le Sauveur chaffa les vendeurs du Temple, le jour qu'il fut reçu en triomphe dans Jérusalem.,

XXXII.

Le peu de fuccès ne doit pas rebuter. Dieu a fes tems & fes momens de grace. La paix retourne fur celui qui n'a pu former des enfans de paix. Son obéisfance eft alors plus pure. La grace a plus de part à l'œuvre, à mefure que la nature y en prend moins. Dieu ne demande compte que du travail, & non pas du fuccès.

CHAPITRE III,

CE que

De l'Esprit.

E que l'Apôtre appelle le don de la prophétie, & qu'il préfere a tous les autres, eft un efprit capable

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