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arrêt pour les profcrire : c'eft pour eux qu'on parle; c'eft à leur jugement qu'on doit s'en rapporter.

II.

La Chaire où on loue Dieu & les Saints ne doit fervir qu'à rabaiffer les hommes, en qui la concupifcence vit encore. Tout autre ufage eft profane.

III.

Le mérite d'un homme vivant doit être bien grand & bien reconnu pour pouvoir être loué dans un lieu fi faint. Si la louange eft bien fondée, ou elle fait de la peine, ou elle donne de la vanité; fi elle eft fauffe, elle infulte à la vérité fur fon trône.

I V.

Ne peut-on fe difpenfer de faire un Compliment: que ce foient des vœux au Ciel, des actions de graces à l'Auteur de tous les dons; qu'enfin il pároiffe moins une louange, qu'une exhortation à bien faire. Une feule penfée délicate & pieufe peut en fournir

la matiere.

V.

Dans ces morceaux l'Orateur travaille en petit. Les traits y font pref qu'imperceptibles, & femblent plutôt cacher les vertus, que les montrer. I

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fuffit qu'on fache en gros qu'on a complimenté.

V I.

Sous un fens caché, mais qui s'entend, on peut exprimer des leçons refpectueufes la louange en eft plus honorable, & moins vague.

VII.

Rien ne choque plus l'Auditeur que d'entendre un Prédicateur qui fe loue. Il ne lui permet pas feulement les apo

logies, fi ce n'est en matiere de foi.

L

CHAPITRE V.

De la Divifion du Sermon.

I.

E Prédicateur ne pourroit-il pas quelquefois s'affranchir de la fervitude des Divifions? Faut-il qu'il promette toujours tout ce qu'il veut donner! Les Peres ne s'y font pas affujettis. Ils propofoient leur fujet & conduifoient leurs discours jusqu'à la fin, fans en diftinguer les parties.

II.

Si un feul point doit remplir le tems, il eft inutile d'en propofer plufieurs,

pour s'affervir à la Divifion : Pourquoi exciter la curiofité de l'Auditeur fur des chofes, qu'on n'a pas le loifir de lui dire.

III.

La méthode des Divifions, inconnue aux Anciens, eft aujourd'hui prefque indifpenfable: l'Auditeur veut des paufes dans le discours; il s'y délasse, & il fe rend capable d'un renouvellement d'attention.

I V.

L'homélie n'exige, ni ne rejette les Divifions. Il eft des Evangiles, qu'on réduit aisément à l'unité du fujet, & à des partitions juftes. Tels font ceux de l'Enfant prodigue, de la Samaritaine, du mauvais Riche.

ง.

La Division montre tout le fujet, & le partage avec des termes nets & pré

cis. L'art du Prédicateur eft d'écarter tout ce qui peut la rendre ambigue. Elle doit être fi aifée à faifir, qu'un esprit médiocre ne puiffe s'y méprendre, & que tous s'accordent à penfer la même chofe,

fe

V I.

Les membres de la Divifion doivent rapporter à un tout, fans quoi ils ne

fauroient faire ce plaifir d'unité qui fait goûter la proportion des parties.

VII.

Un point ne rentre pas dans l'autre & les diverses parties épuifent le tour, On peut bien donner jour à la Divifion par différens tours; mais c'est une affection puérile de la rebattre par des expreffions fynonnes.

fe n'a

VIII.

l'antithê

La Divifion qui fe fait par pour l'ordinaire qu'un faux brillant; & fouvent un membre rentre dans l'autre.

IX.

Si la Division est fondée fur une alLégorie, on perdra le tems à l'expliquer, ou bien elle demeurera obscure; & cette obfcurité fe répandra fur tout le difcours.

X.

La Divifion qui fe fait par propofition, contente l'efprit: celle qui fe fait par épithètes eft moins folide. Si les propofitions font compofées, elles ouvrent un champ plus vafte à l'Orateur.

X I.

Les raifons capitales qui appuyent une vérité, les qualités d'une vertu, les moyens de l'acquerir, les difformités

d'un vice, les moyens de l'éviter, les prétextes dont la cupidité fe couvre, font prefque toutes les Divifions des difcours de morale.

XII.

Dans le Panégyrique, la Divifion fe tire des états différens du Saint, des vertus qui le caractérisent, de certaines extrémités oppofées qu'il a fû allier, des rapports qu'il a au perfonnage de l'Ecriture à qui on le compare, &c.

XIII.

Lorfqu'on explique les Mysteres, rarement fait-on fervir la Division à en prouver la vérité, on la fuppofe comme conftante. S'il convient de la prouver, que ce foit avec une habileté non com

mune.

XIV.

On y prend pour Divifion la lettre & l'efprit du Myftere, les circonftances qui l'accompagnent, les fruits qu'on en doit recueillir, le deffein de Dieu & la correfpondance de l'homme, les merveilles qui y éclatent, les vertus qu'on y découvre, les vices qui y font oppofés.

X V..

C'est une perfection des Divifions que le premier point foit un dégré pour

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