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des honnêtes gens, comme les Proverbes font les fentences du peuple.

I X.

Il faut ne rien furfaire, ne rien outrer. Prêchez fimplement l'Evangile, qui ne préfente que Croix, vous ferez affez févere, & vous ne le ferez pas trop. JESUS-CHRIST n'a rien de trop dans fes maximes.

X.

Quand le Prédicateur exagere les petits défauts, l'Auditeur en rabat autant fur les grands, & fe les pardonne. Les vices énormes paroiffent alors à l'impénitent des minuties éxagérées.

X I.

Le zèle qui porte les fidéles à ce qu'il ya de plus parfait, ne doit

pas condamner ce qui l'eft moins: chacun a son don particulier, & tel qu'il l'a reçu du Pere des lumieres.

XII.

L'excès eft partout vicieux. Dans un Sermon il peut y avoir trop de Principes, d'érudition, de railonnemens, de citations, de mouvemens, de figures, de portraits du cœur humain & de fatyres du fiécle, trop même d'allufion aux expreffions de l'Ecriture, qui ren

dent le difcours obfcur. Tout doit s'em

ployer fobrement.

XIII.

Si quelque excès eft fupportable, c'eft celui de la folidité. Un bon difcours eft. toujours beau, manqua-t-il de politeffe: les Ambaffadeurs Scites raisonnoient & convainquoient. L'Orateur fondé perfuade les efprits fenfés, & même les efprits fuperficiels : à peine gagne-t-il ceux-ci, s'il eft de leur caractere.

XIV.

Les Peres ont fouvent pofé les Principes qui fuivent: Que le Toutpuiffant qui tolere le mal en fait tirer du bien, & faire rentrer le pécheur dans l'ordre : Que le falur eft la grande affaire : Que nous fommes ici-bas étrangers & voyageurs: Que ceux qui ne craignent pas de pécher, devroient au moins craindre de périr: Qu'il faut fans ceffe regarder devant foi, & tendre à la perfection: Qu'après tous nos efforts, il faut nous croire des ferviteurs inutiles, &c.

L

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E Prédicateur doit furtout chercher la vérité, & la montrer. Bannie de tout autre lieu, elle s'eft fauvée dans la Chaire: cet azyle doit être inviolable.

II.

Il eft des vérités fi conftantes, qu'il fuffit de les avancer, ou tout au plus de les déveloper: mais il en eft qui demandent des preuves. Le Prédicateur n'eft pas infpiré, & l'Auditeur ne le croit pas infaillible. Il attend des autorités décifives, ou des raifons concluantes.

III.

Les Preuves les plus inconteftables font celles qu'on tire de l'Ecriture, foir qu'elle décide elle-même, foit que la Tradition en faffe une application décifive. Quand le Prédicateur employe les Livres faints, c'eft le Verbe même qui parle, Le fruit n'eft jamais fi fan que

fur l'arbre, ni l'eau plus pure que dans fa fource.

IV.

Il ne faut ni ajouter à l'Ecriture, ni en rien diminuer. On y ajoûte, quand on égale les inventions humaines aux préceptes divins: on en diminue, quand on affoiblit les préceptes divins par des interprétations humaines.

V.

Dans le choix & la valeur des Preuves, les Prédicateurs renverfent l'ordre des Philofophes. Dans la Religion tout céde à l'autorité : elle eft révélée: la raison n'a que le fecond rang, & l'exemple le troifiéme.

V I.

En prêchant, il ne fuffit pas d'émouvoir, il faut convaincre. Au Barreau le pathétique peut triompher : le Juge ému prononce, & la caufe eft finie; mais la Chaire doit tendre autant à convaincre, qu'à émouvoir. Si le fentiment eft fans lumiere, quand il est paffé, le pécheur eft encore le même: au lieu que la conviction demeure, quand l'émotion eft calmée.

Des matieres importantes prouvées

foiblement font un tort au Miniftre, dont le contrecoup porte fur le Miniftere, & même fur la Religion.

VIII.

Les Preuves enchériffent fur la vérité avancée, elles l'expofent d'une maniere plus convaincante, & elles concluent. On ne les compte pas, on les pefe; le choix en eft préféré à l'abondance. Plufieurs foibles raisons n'en valent pas une concluante.

1 X.

Pour examiner la force d'une Preuve, on voit, fi propofée froidement, & dans le difcours familier, elle convainc l'homme fenfé. Les plus communes font fouvent les meilleures ; à force d'être vraies, elles font devenues communes. L'Auditeur les revoit avec plaifir, fi on leur donne un tour neuf.

X

On fe rend plus attentif aux Preuves de raisonnement, qu'à toute autre ; on fe fait honneur de les entendre. La Topique des Anciens n'eft pas à négliger, elle ouvre les fources des Preuves; mais il vaut mieux les trouver par la méditation du fujet, que par le fecours de l'invention, & par la méthode des lieux.

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