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tirées. L'art confifte à découvrir le fo

phifme.

VIL

On ne doit point s'objecter de difficulté qu'on ne puiffe réfoudre jufqu'à contenter les plus difficiles, s'ils font raifonnables. Il faut, autant qu'il est poffible, que la réponse foit fans replique.

VIII.

Il eft avantageux de tirer de l'objection même de quoi la réfoudre, & de vaincre le pécheur par fes propres armes. Alors c'eft lui-même qui fe condamne.

IX.

Lorfque, dans la méditation ou dans la lecture, il fe préfente au Prédicateur des réflexions judicieuses & des raifons preffantes contre les abus des mondains, il doit chercher ce que le monde y oppofe de moins dérailonnable, & le faire ainfi un amas de Prétextes, qu'il fe fent capable de dé

truire.

X.

Les plus grands Orateurs ont réfuté des Prétextes. Démofthene & Cicéron fe font fervis de cette méthode. S. Grégoire de Naziance, dans fon Ser

mon

mon contre le délai du Batême, n'en employe pas d'autre. Il feroit, aifé de la trouver dans les Sermons des premiers Prédicateurs de ce fiécle, & dans les meilleurs Moraliftes..

XI.

Le goût a fes viciffitudes. Dans les dernier fiécle, on ne penfoit qu'à établir dans le nôtre, on réfute. De ces deux méthodes Sidoine Apollinaire attribue l'une à S. Auguftin, l'autre à Lactance. Pour établir, il ne faut qu'être folide; pour réfuter, il faut encore être ingénieux.

XII.

Les Prétextes que les Prédicateurs ont ordinairement à combattre font les bienséances de la qualité, du rang, de l'âge, du fexe, l'opinion des hommes, les licences que l'ufage autorife, l'exemple d'autrui, la crainte de fe diftinguer, les refpects humains, les ménagemens de la fauffe fageffe, la tentation, le tempérament, l'occafion, la confiance présomptueufe en la bonté de Dieu la facilité du retour, la force des ré folutions humaines, &c..

s

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I.

L n'y a pas encore un fiècle que le Prédicateur triomphoit par la defcription des lieux, des événemens, &c. Heureusement ce ftile romanefque eft tombé. On y a fubftitué les Portraits, on a peint vivement les mœurs fur le modéle des caracteres des anciens: la fatyre groffiffoit l'Auditoire. Il femble que ce goût foit fur fon déclin, & que la charité foit parvenue à fupprimer ces peintures critiques, ou du moins à les adoucir.

I I.

De tous les traits du difcours le Portrait eft le plus vif. Les autres propofent, expliquent, prouvent, réfutent, tirent des conféquences; le portrait peint, représente. Ces exemples réels & vivans défignent, & font quelquefois rougir devant les hommes ceux qu'on ne doit humilier que devant Dieu.

I I I.

Il n'eft pas défendu de rendre le vice ridicule; mais communément le péché doit moins exciter la rifée, que la détestation. Le ridicule ne palle que pour un mal léger la crainte d'être raillé n'a jamais arrêté une paffion ardente; on la fatisfait, & on eft le premier à fe railler.

IV.

Les Portraits, qui font le plus grand effort de la réfléxion, rarement valent ce qu'ils coûtent. Ils divertiffent ceux qui ne s'y reconnoiffent pas, ils irritent ceux qui s'y retrouvent; & perfonne n'en eft converti.

V.

Comme les Portraits font plus d'impreffion que les raifons, qu'ils montrent au pécheur ce qu'il fe cache à luimême, ils pourroient être utiles, fi la charité les traçoit, s'il y entroit plus de paffion que d'invective, & fi les originaux étoient moins reconnoiffables. Mais quel fruit peut produire ce qu'a peint la malignité, ou l'humeur chagrine ?

V I.

ly paroît quand l'Orateur a eu fes personnages en vûe, les traits en font

bien mieux marqués. Comment fe: croit-on permis dans un Sermon, ce qu'on punit dans des libelles fatyriques ?

VII.

Peignez le péché, donnez-en horreur, montrez-en l'énormité, quelquefois même le ridicule; mais épargnez le pécheur. L'Auditeur équitable prend du portrait ce qui lui convient,. fans fuppofer qu'on ait voulu lui en faire l'application..

CHAPITRE

X X..

De la Peroraifon.

I..

Rétudié

Ten ne doit être plus ménagé, plus que la fin du Sermon : ordinairement les dernieres impreffions effacent les autres. Le dernier acte déploye toute l'adreffe de l'Auteur..

H.

Les Peroraifons renfermoient autrefois toute la morale. Les Senauts, les Lingendes, les Ogiers y renvoyoient tout leur pathétique, & là triomphoit leur éloquence. Aujourd'hui que la

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