morale fait le corps du discours, la ré-capitulation eft plus courte; mais un dernier effort de zéle supplée à la brié veté.. I. II. La Peroraison renferme en précis les principaux chefs, les principales raifons. L'Auditeur les retrouve avec joie, • & les retient plus facilement: tout ce qui le foulage lui plaît. Si la Peroraifon eft vive, elle réveille les affections. IV. Il eft bon d'aider l'Auditeur à former des réfolutions. On fe joint à lui pour faire des actes. conformes aux affections qu'on lui a infpirées.: on lui en fuggere la forme.. V... Quand le Sermon a été effrayant, la Peroraifon doit être confolante. C'étoit la méthode des Prophétes: leurs pro-melles, en figure, tombent dans la réalité fur la vie future. V I. On adoucit des menaces par des promeffes, les reproches par des louanges modérées. Il eft poffible au Prédi cateur d'être terrible & confolant. Il tempere le fond par la maniere, & dė juge il devient pere.. VII. Il doit alors être preffant, fans être impérieux, ni dur. S'il eft obligé de menacer, qu'il employe les termes de l'Ecriture; ils auront leur effet fans le commettre. VIII. La paraphrafe d'un endroit choifi de F'Ecriture peut faire une Peroraison entiere, & des plus touchantes. I X. Enfin on réunit tout le fujet dans une courte priere pouffée vers Dieu, ou vers JESUS-CHRIST, en termes affectueux. Le tour fera plus lumineux & plus dévot, fi on la renferme dans le verfet d'un Pleaume: cette priere doit être travaillée, fans le paroître. On trouve de bons modéles de ces élévations dans l'Année Chrétienne. CHAPITRE X X I. Du Fruit du Sermon pour le Prédica teur même. I. CE E n'eft pas l'approbation publique', ni même le fuccès du Sermon, que Dieu couronne dans le Pré dicateur. C'eft fon travail, joint à la défiance de fes talens & de fes forces. Devant Dieu tous les talens font égaux; la pureté du zéle les diftingue. I I. Le Prédicateur zélé fait toujours du fruit. La paix que l'Auditeur rejette, retourne fur celui qui l'annonce; elle fructifie au centuple dans fon cœur. Si les pécheurs fe convertiffent, ils font fa couronne & fa gloire; s'ils s'endurcif fent, Dieu lui tient compte de fes defirs: le vrai zéle n'est jamais ftérile. III. Le peu de fruit que l'Eglife femble aujourd'hui tirer des Sermons ne doit pas dégoûter le Prédicateur, le fruit viendra dans fon tems. Souvent Dieu deftine ce miniftere à empêcher l'accroiffement des vices. Il est dans l'ordre de la Providence, de régler même le défordre des méchans, & d'empêcher qu'ils ne fe précipitent dans de plus grands excès. On gagne toujours beaucoup au fervice d'un Maître, qui ne demande que de la bonne volonté, & qui donne même ce qu'il demande. IV. Le Prédicateur doit s'appliquer à bien faire, & non pas à faire dire qu'il a bien fait. Il perd la récompenfe que Dieu lui deftine, s'il attend l'applaudiffement des hommes. Il feroit honteux que celui qui combat la vanité dans les autres y fuccombât lui-même. V. Plufieurs Prédicateurs, attentifs aux befoins des autres, font toujours diftraits fur les leurs. Qu'ils commencent par appliquer leur morale à leurs propres défauts; & leur exemple fera autant de fruit que leur difcours. V I. Au fortir de la Chaire, le Prédica teur, après avoir remercié Dieu, & s'être humilié devant lui, doit s'occu-per de toute autre chofe que de fon fuccès, de peur d'en reffentir trop de joie, ou trop de trifteffe. VII Il ne faut pas qu'il s'arrête aux congratulations; c'eft une civilité que l'ufage a introduit. Si l'austérité les fupprimoit, l'amour propre feroit mis à une trop rude épreuve. On fe tait fur les défauts; & on ne loue que l'effort qui. eft toujours louable. VIII. Plus ou moins d'Auditeurs rend le Prédicateur Prédicateur trifte ou content. Qu'il gémiffe alors de fa foibleffe! Se donne-t-il en fpectacle, ou tend-il à édifier? Son unique but eft de remplir fon miniftere, & d'arracher quelque ame au démon. IX. Si la réputation le fuit, qu'il la fuie, qu'il s'enveloppe dans l'humilité, qu'il s'anéantiffe dans la priere. Il doit admirer la puiffance de Dieu dans fon œuvre, & la vertu de fa grace, qui éclate d'autant plus, que l'inftrument eft plus foible. X. Quel motif d'humiliation de recommander des vertus, qu'on ne pratique point foi-même, ou qu'on ne pratique que foiblement, d'impofer des fardeaux, où l'on ne touche pas du bout du doigt! Y a-t-il quelque vanité à démentir fa doctrine? XI. Le Prédicateur peut fans menfonge s'avouer, comme l'Apôtre, le premier des pécheurs de fon Auditoire. Il voit fes péchés, & il ignore ceux des autres: il connoît la foibleffe de fon repentir, & ne voit pas à quel dégré les autres portent la charité qui couvre la multitude des péchés. Ce qu'on fait avec R |