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qui allume le defir de la récompense éternelle.

III.

La majefté de Dieu & les perfections, l'acconomie de fa Providence, les traits de fa juftice, les œuvres de fa miféri– corde, les myfteres de JESUS-CHrist, les opérations de fa grace, la pureté de fa morale font la matiere ordinaire des Sermons.

IV.

Dans cette augufte abondance peuton fe détourner à d'autres fujets, moins intéreffans, & moins néceffaires ? On ne parle pas affez fouvent en public, pour épuifer ces grandes matieres.

V..

Quand on a de grandes chofes à dire, & qu'on les a méditées, pour peu que l'on ait de génie, l'on eft toujours éloquent. Indépendamment du tour & de la maniere, les grands fujets ont leur majefté. C'eft de l'or en maffe; la main de l'ouvrier ne fauroit lui ôter fon prix.

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Un fujet fimple, vulgaire, intelligible aux plus groffiers, ne laiffe pas d'être grand. C'eft l'avantage de la Religion de n'avoir rien de médiocre.

Elle

Elle est majestueuse même dans fa fim

plicité.

VII.

Le choix du fujet dépend affez de l'Orateur. Il doit préférer à ceux qui font fufceptibles de grands ornemens, & qui font triompher l'éloquence, ceux qui inftruifent, qui ont plus de force, & qui répandent plus d'onction. L'uti lité de l'Auditeur regle ce choix.

VIII.

Chaque Prédicateur peut avoir des matieres favorites, conformes à fon génie & à fon talent. Tel réuffit à effrayer, qui échoueroit à infpirer de la confiance.

IX.

On doit cependant éviter d'effrayer mal-à-propos. On nuit beaucoup à la quand on ne la représente pas

aimable.

X.

La morale ne doit pas dominer partout: quelquefois elle n'eft qu'acceffoire. La piété ne s'occupe pas toujours de la correction des mœurs. Le Chrétien s'oublie quelquefois foi-même pour fe perdre heureusement en Dieu, & dans les myfteres de JESUSCHRIST.

F

XI.

Le Prédicateur ordinairement fuppofe les vérités capitales fans les proud'effet fi elle ver. La preuve feroit peu

n'étoit très-forte & très-convaincante. Telles font l'existence de Dieu, l'immortalité de l'ame, & la réalité de l'enfer. Si on en donne quelques preuves, il faut qu'elles ne paroiffent pas préméditées, & qu'elles portent dans l'efprit une lumiere vive & qui pénétre. Des preuves foibles ou mal tournées font naître l'envie de contredire, & donnent prife aux libertins.

XII.

la

Les fidéles font plus perfuadés par foi de ces grandes vérités, que convaincus par les raifons. Le fimple expofé affermit l'ame fimple, elle s'en tient à la notion des termes. On croit affez les grands myfteres. Mais on les conçoit difficilement, & on les explique avec encore plus de peine.

XIII.

Le peuple n'eft guéres à portée des fujets de contemplation, des plus hauts dégrés de la perfection chrétienne. Les difcours qui en traitent l'ennuient, le découragent. Le fujet doit, être proportionné à la capacité de l'Auditeur.

XIV.

La diverfité des sujets eft renfermée dans cette énumération de l'Apôtre, inftruire, reprendre, exhorter, confoler. Partout il faut avoir un but & y tendre.

XV.

?

Les trois genres de l'éloquence fe trouvent employés dans la Chaire. Le délibératif, lorfqu'on exhorte à renon cer aux maximes du monde, & à em braffer celles de l'Evangile, le judiciaire, quand on reprend les plaifirs déréglés; le démonftratif, en relevant la patience des Martirs, la pénitence des Confef feurs, la confecration des Vierges.

XV I.

Le pathétique domine dans les Diftours moraux, l'onction dans les Milteres, l'élégance dans les Panégyriques. Les mouvemens y doivent être pourtant plus chrétiens que fleuris.

§. I.

De l'Homélie.

1.'

La Prophétie, dans le fens du Nouveau Teftament, eft le don d'expliquer l'Ecriture, felon l'analogie &

la régle de la Foi, fans y employer l'érudition grammaticale.

0.7

II.

L'Homélie, qui eft cette forte de prophétie, eft une explication fimple & pieufe de chaque partie de l'Evangile, ou de l'Epître du jour. Les Peres ont expliqué les livres de l'Ecriture dans toute leur étendue, avec l'exactitude du dogme, & avec l'onction de l'exhortation. Y auroit-il un inconvé nient de les imiter?

III.

Il nous refte d'eux moins de Sermons que d'Homélies. Il n'en refte point des fucceffeurs immédiats des Apôtres; leurs ouvrages fe réduifent à quelques Lettres & à des Apologies. Leurs difcours étoient courts, familiers, fans étude, fouvent infpirés. Le don des miracles dans les Prédicateurs, & la piété des Auditeurs fuppléoient à l'art.. Pendant les perfécutions on tiroit l'inftruction des fouffrances.

IV.

L'Homélie porte avec foi une bénédiction apoftolique. Expliquez votre Evangile, l'Auditeur fera content. Une Homélie, quoique foible, paffe

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