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per. L'Apôtre veut qu'il foit puiffant pour exhorter dans la faine doctrine.

II.

En prêchant les Myfteres, on doit d'abord en faire refpecter les ténébres. Si les vérités de la Religion étoient bien évidentes, elles ne feroient pas l'objet de la Foi.

III.

Cette obfcurité des Myfteres eft dans l'Ecriture une espece de filence que Dieu garde encore. C'eft aux Pasteurs d'en donner l'intelligence, autant qu'il eft poffible: ils font entendre plus diftinctement, ce que le fimple fidéle ne croyoit que confufément.

IV.

L'explication d'un Myftere n'eft pas moins utile à la piété chrétienne, qu'une exhortation morale: elle a même plus d'onction. Il n'eft pas moins néceffaire de croire & d'adorer, que de vivre régulierement & faintement. Qui parleroit de l'Incarnation comme S. Cyrille d'Alexandrie & S. Leon, feroit écouté & feroit du fruit.

V.

On a traité les Mysteres dans ces derniers tems avec beaucoup d'onction. De faints perfonnages, il n'y a

pas un fiècle, en ont parlé, en out écrit en hommes infpirés. On a médité leurs ouvrages, on les a goutés avec fruit, les ames contemplatives s'en font nourries, & pour ainfi dire, engraiffées.

V I.

D'autres par des tours clairs & débarraffés des épines de l'école, & à la portée du peuple, ont facilité la créance de ces hautes vérités, & ont tiré de ces grands principes de Religion des morales propres aux befoins des Audi

teurs.

VII.

La méthode des Sermons fur les Myfteres, c'eft d'en expofer la lettre, d'en pénétrer l'efprit, de montrer les deffeins que Dieu a eu de les faire honorer par des pratiques religieuses, d'exciter des affections, d'infpirer des difpofitions, qui en font recueillir le

fruit.

VIII.

De l'expofition du Mystere se tirent les obligations qu'il impofe aux fidéles. On fait voir que les mœurs doivent être conformes à la créance. La morale eft d'autant plus naturelle & plus preffante, que le Myftere lui fert

de preuve. L'Efprit inftruit

cœur.

IX.

gagne le

Dans ce genre de prédication le Mystere doit être le capital du Sermon ; la morale y eft acceffoire, & amenée en fecond. Ne faire qu'un difcours de morale à l'occasion de quelques circonftances du Myftere, c'est frustrer l'Auditeur de l'inftruction qu'il a droit d'attendre, & le laiffer dans l'ignorance de fa Religion. Dans un tems où la Foi eft fi affoiblie, une expofition un peu étendue des Myfteres eft aux Prédicateurs un devoir d'état.

X.

Dans cette expofition l'Orateur doit fe donner une élévation, qui par la folidité, la décifion & l'éloquence confonde le libertinage, & faffe refpecter la Religion.

X I.

Par tout le Prédicateur doit s'attacher à faire connoître JESUS-CHRIST & à le faire aimer. C'eft la Religion de cette vie; tout s'y rapporte au Médiateur. On dit beaucoup de chofes de Dieu Créateur, de fa providence, de fa bonté, de fa juftice; mais on ne parle pas affez de Dieu Rédempteur

X I I.

Jufques dans les difcours purement moraux, & dans les Panégyriques même, la méthode eft utile & pieufe de montrer en JESUS-CHRIST les difpofitions & les vertus qu'on loue & qu'on recommande.

§. 5.

Des Panégyriques.

I.

Pour remplir l'attente des Auditeurs, il faut louer les Saints aux jours qui font confacrés à les honorer. L'éloge de leurs bonnes œuvres, mifes dans leur jour, eft une morale qui instruit & qui touche. Elles montrent la vertu poffible & facile: c'est l'Evangile pratiqué.

II.

Il vaut mieux infifter fur les moyens qui les ont fanctifiés, que fur les actions qui les ont rendus célébres. En montrant les voies qu'ils ont tenues,on en ôte les épines, & l'on prouve qu'on peut y marcher après eux.

III.

Le peuple ne connoît guéres d'autre fainteté, que la fainteté miraculeuse.

Il faut lui faire eftimer la foi vive fans prodige, la piété uniforme & conftante fans éclat extérieur. Des miracles peuvent être fans vertu, & la vertu peut être fans miracles.

IV.

Le véritable merveilleux de la vertu

eft d'y marcher d'un pas égal, de pratiquer les petites chofes comme les grandes, de fe préparer aux grandes par la fidélité aux plus petites, d'animer les unes & les autres par une grande charité.

V.

Les Panégyriques des Saints doivent être comme leur vie, ferieux, graves, édifians. Le ftile doit porter ces caracteres. Le véhément & le familier n'y conviendroient pas.

V I.

Il entre dans le deffein du Panégyrique une efpece de pieufe oftentation; l'Orateur doit donc le porter au plus haut dégré de beauté. Les inftructions ordinaires peuvent être fimples, mais les éloges doivent être magnifiques.

VII.

Une ftatue parfaite n'honore pas moins l'ouvrier, que le Heros qu'elle

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