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meniens que de Turcs. J'y achetay plufieurs medailles & quelques pierres gravées. Le chafteau de cette Ville eft quelque chofe de furprenant. Sa fituation l'a rendu imprenable à des armées tres groffes que le Grand Seigneur y a envoyées, & qui n'ont fait que s'y morfon

dre.

Le Prince de la Palude ne reconnoift en rien le Grand Seigneur, & ne luy a jamais voulu payer aucun tribut quoy qu'il foit au milieu de fes Etats. Ce château où le Prince fe tient toujours eft d'une fabrique tresancienne, basty fur le haut d'un rocher efcarpé tout autour. Il n'y a qu'un chemin tres-étroit pour y aller, & la porte en eft taillée dans le roc. Il ya même fur le haut de ce rocher de la terre qui produiroit de quoy nour rir une petite garnifon.L'Eufrate

palle

paffe au pied de la Ville, de l'autre côté. On dit que c'est dans cette Ville que furent inventées les premieres lettres Armeniennes. Le Prince promit de faire rendre à nos Moucres ce qu'on leur avoit volé le jour de devant. Cela nous fit refter un jour en cet endroit à boire le meilleur vin du monde, dont j'en fis autant de provifion qu'il me fut poffible.

XXV.

Chefnes particuliers. Precipices af freux. Ruines antiques dans des rochers. L'Euphrate guayable prefque à pied fec. Čurdes voleurs. Armeniens pol

trons.

O

pas ren

Uoy que l'on n'eût
du le vol qui avoît été
Ff

Tome I.

fait à nos Moucres, nous ne laif sâmes pas de partir l'onzième. Les montagnes par où nous paffâmes, l'oin d'estre auffi fertiles que les dernieres n'étoient femées que de groffes pierres rondes qui faifoient faire à tous momens des faux pas à nos montures. Après avoir descendu une haute montage nous arrivâmes proche d'un village fitué dans une belle plaine où nous campâmes. Le douzième nous marchâmes pendant douze heures toujours dans des montagnes fort hautes, mais pleines de petits arbres & de chefnes dont les feuilles tres-longues font dentelées comme les fies. Sans le gland qu'ils portent, & qui eft fort gros, on ne croiroit jamais que ce feroit des chefnes. Nous campâmes au pied d'une de ces montagnes proche l'Euphrate. Nous eûmes le treiziéme un

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chemin pareil fur les montagnes
qui regnent le long du fleuve.
Ôn passe en defcendant de ces
hauteurs par un petit chemin
taillé dans le roc; nous vîmes
des nids d'aigle fur les fommets
voifins, & un peu plus loin
parmy les pierres qui s'étoient
feparées de la roche plufieurs
morceaux de colonnes, des cha
piteaux & des foubassemens de
prierres prodigieusement grof-
fes. De là nous vinmes cam-
per proche un petit pont de
bois.

Aprés fix heures de marche
le quatorziéme le long de l'Eu-
phrate nous le paffâmes à gué
quatre fois en peu de temps,
à caufe le fleuve serpente
que
beaucoup en cet endroit. En-
fuite nous paffames par despre-
cipices fi horribles qu'il faudroit
les avoir veus pour les conce-
voir. Que l'on fe figure une

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muraille plus haute que les tours de nôtre Dame de Paris le long des bords de l'Euphrate, fur laquelle il n'y a qu'un petit chemin large d'un pied, encore à beaucoup d'endroits eft il à moitié éboullé, & fi gliffant que fi l'on avoit fait le moindre pas de travers on tomberoit dansle precipice. Un de mes étonnemens ce fut de voir comme les mules & les chevaux pûrent fe fauver de là.Nous paflames l'Euphrate fur un pont qui n'avoit que deux arches; & après avoir monté une montagne affezhaute nous campâmes fur fon fommet dans un lieu fort agreable entouré de même encore de montagnes tres-hautes. Il fortoit du milieu d'une de ces montagnes une belle fource d'eau qui s'élançoit fort loin, & qui en tombant formoit de belles cafcades avec un agrea

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