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pavez. Le premier

fiere, parce que les rues de cette Ville, outre qu'elles font étroites, font fort mal alignées, & fans de Septembre comme je continuois à vifiter des Bazars, je rencontray celuy qui fait la police pour le pain. Il eft à cheval en robe noire fuivi de vingts Janiffaires qui ne font armez chacun que d'un grand bâton, le bourreau marche avec ceMagiftrat; & un homme qui porte des balances & des poids. Quand il paffe devant un Boulanger, il pese fon pain, & s'il ne fe trouve pas poids, cet Officier fait donner au Boulanger que l'on met à terre deux ou trois cens coups de bâton fur la plante des pieds. On lui lie aprés les mains derriere le dos, & on luy perce le nez avec une éguille d'une fi celle où eft attaché un pain. Enfuite on luy barboüille le vi

de

fage avec de la bouë. J'en vis quatre dans cet état. Il y a quantité de pauvres qui fuivent cet Officier de Police; lorfqu'il a trouvé quelque Boulanger qui vend du pain à faux poids, outre le châtiment, on jette toute fa marchandise dans la rue & les pauvres fe jettent deffus. La police pour la . viande eft à peu prés de même, finon que quelquefois on lesattache avec un clou par l'oreille à leur boutique, de maniere qu'ils n'ont que la pointe des pieds qui touche à terre. Le z je fus voir une execution que l'on fit de deux Arabes convain. cus d'être voleurs & incendiai res. Ils furent condamnez à être écorchez vifs dans une grande place qui eft au-deffous du Château que l'on nomme le grand Maidan. Quand on les tira de prifon, on les mit fur des

chameaux avec un bâton qui leur tenoit les bras étendus en croix. On leur artacha deffus

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plufieurs bougies de poix que l'on alluma, & qui dégoutoient fur leurs bras. En cet état, on les conduifit par plufieurs quartiers de la ville. Dés qu'ils fu rent arrivez au grand Maidan, on les dépouilla du peu d'habits qu'ils avoient, & aprés les avoir fait coucher fur le ventre, on commença à les écorcher & celuy qui faifoit cela y étoit fort adroit. Dés qu'on leur eut ôté la peau de deffus le dos, on les retourna pour les écorcher de même par devant. Ces malheureux fouffrirent ces tourmens avec une conftance qui n'est pas croyable, & fans faire d'autres cris finon quelquesfois ouf, ouf. Le premier mourut à force de perdre fon fang, & le fecond fe leva droit, &

marcha quatre ou cinq pas traî nant aprés luy la peau qu'on léur laiffe vers le nombril, puis il tomba mort. Ce fuplice me fit bien mal au cœur.Ilfe fit encore une execution de trois voleurs Arabes qui voloient dans le grand chemin de Bouca au Caire. Deux furent empalez, & le troifiéme eut la tête coupée. Un de ceux qui furent empalez mourut fur le champ, l'autre vêcut neuf heures, fumant, beuvant du caffé, & contant des hiftoires de Romans.

V.

Promenade aux Pyramides.

Es Pyramides font trop fameufes, & nous en étions trop prés pour n'y pas aller. Elles ne font qu'à trois lieues & demye du Caire, & nous partîmes le 3 Septembre, aprés avoir envoyé des Mores dès le

foir auparavant pour aller dés boûcher un trou par où l'on entre dans l'une qui eft ordinairement bouchée par le fable. Nous prîmes deux Janiffaires avec nous, & nous fîmes porter des provifions pour manger. Notre monture fut des bouriques avec quoy nous traverfames le vieux Caire, & un canal du Nil qui n'a prefque point d'eau au temps que le Fleuve a prefque décru.

A la pointe d'une Isle on voit tine espèce de Château qui appartient au Grand Seigneur. Les Pachas y viennent demeurer quelques jours avant que l'on coupe l'eau pour la faire entrer dans le Kalis, & quelques jours aprés. Ce petit Château a un grand jardin rempli de palmiers, & une Mosquée. C'eft en ce lieu qu'est la tour où l'on voit la colonne qui fert

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