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teres qu'il trace, il fait dire beaucoup de chofes en peu de mots. Ses Lettres en profe font beaucoup plus obfcures que fes vers. Fortunat, femblable à quelques égards aux poëtes de tous les temps, encenfa Brunehaud & Childeric. Il feroit difficile, dit l'abbé Millot, de citer un plus grand abus de la poéfie.

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Ou

VENCE, (Henri-François de ) prêtre, docteur de Sorbonne prêvôt de l'église primatiale de Nanci, confeiller d'état de Léopold, duc de Lorraine, & précepteur de fes enfans, fe fit un nom par l'Edition qu'il donna des Commentaires du P. de Carrieres, à Nanci, 1738-1743. L'abbé de Vence y ajouta 6 volumes d'Analyses & Differtations fur l'Ancien Teftament, & deux volumes d'une Analyse Explication des Pfeaumes. Dom Calmet eftimoit beaucoup ces Differtations. Elles font favantes, folides & écrites avec netteté. L'auteur avoit bien médité les livres faints, & fes lumieres s'étendoient à plufieurs fciences. Il mourut à Nanci le 1 Novembre 1749. M. Rondet a inféré la plupart de ces Differtations dans l'édition qu'il a donnée de la Bible, en latin & en françois, Avignon, 1767-1773, 17 vol. in-4°; ce qui a donné lieu de défigner quelquefois cette Bible fous le nom de la Bible de l'Abbé de Vence, aujourd'hui plus connue fous le nom de Bible Avignon.

VENCESLAS, Voyez WEN

CESLAS.

I. VENDOME, ( Céfar, duc de ) fils de Henri IV & de Gabrielle d'Eftrées, mort en 1665, fur gouverneur de Bretagne, chef & furintendant de la navigation. Le duché de Vendôme, ancien apanage d'une branche de la maifon de Bourbon, ayant été réuni à la couronne dans la perfonne de Henri IV, ce prince

le donna à fon fils, qu'il chérifioit, & comme le fruit de fes amours, & comme l'héritier de fon courage. Voici la fuite généalogique de la famille ducale de Vendôme. Céfar eut trois enfans de fon mariage avec la fille de Philippe Emmanuel de Lorraine, duc de Mercœur : L Louis, mort en 1669, qui époufa Laure Mancini, morte en 16575 après lui avoir donné deux fils, Louis-Jofeph & Philippe qui fuivent, morts l'un & l'autre fans poftérité. II. François, duc de BeauFORT, dont nous avons parlé fous ce dernier mot, dans un article particulier. III. Isabelle, mariée à Charles - Amédée duc de Nemours mort en 1664.

II. VENDOME, (Louis-Jofeph, duc de) arriere-petit-fils de Henri IV, étoit fils de Louis duc de Ven

dôme, & de Laure Mancini, niece du cardinal Mazarin. Après la mort de fon époufe, il obtint la pourpre Romaine, & devint légat a latere. Louis-JOSEPH, fon fils, né le 1 Juillet 1654, fit fa premiere campagne à dix-huit ans, en Hollande, où il suivit Louis XIV en qualité de volontaire. Il fe fignala à la prise de Luxembourg en 1684, de Mons en 1691, de Namur l'année fuivante, au combat de Steinkerque & à la bataille de la Marfaille. Après avoir paffé par tous les grades comme un foldat de fortune, il parvint au généralat, & fut envoyé en Catalogne, où il gagna un combat & prit Barcelone en 1697. Le roi le nomma, en 1702, pour aller commander en Italie à la place de Villeroy qui n'avoit effuyé que des échecs. Vendôme parut, & nous eûmes des avantages. Il remporta deux victoires fur les Impériaux à Santa-Vittoria & à Luzara, fit lever le blocus de Mantoue, chaffa les Impériaux de Seraglio, s'avança dans le Trentin

& y prit plufieurs places. La défection du duc de Savoie l'ayant obligé de marcher vers le Piémont, il fe rendit maître d'Aft, de Verceil, d'Yvrée, de Verrue, après avoir défait l'arriere-garde du duc, près de Turin, le 7 Mai 1704. Il battit le prince Eugene à Ceffano en 1705, & le comte de Reventlau à Calcinito en 1706. Il étoit fur le point de fe rendre maître de Turin, lorfqu'on l'envoya en Flandres pour réparer les pertes de Villeroy. Après avoir tenté vainement de ré tablir les affaires, il paffa en Efpagne, & y porta fon courage & fon bonheur. Les grands déliberent fur le rang qu'ils lui donneront. Tout rang m'eft bon, leur dit-il: je ne viens pas vous difputer le pas, je viens fauver votre Roi. Il le fauva effectivement. Philippe V n'avoit plus ni troupes, ni général, la préfence de Vendôme lui valut une armée fon nom feul lui attira une foule de volontaires. On n'avoit point d'argent; les communautés des villes, des villages, des religieux, en fournirent. Un efprit d'enthoufiafme faifit la nation. Le duc de Vendôme, profitant de cette ardeur, pourfuit les ennemis, ramene le roi à Madrid, oblige les vaintreurs de fe retirer vers le Portugal, paffe le Tage à la nage, fait prifonnier Stanhope avec 5000 Anglois, atteint le général Staremberg, & le lendemain (10 Décembre 1710) remporte fur lui la célebre victoire de Villaviciofa. Cette journée affermit pour jamais la couronne d'Efpagne fur la tête de Philippe V. On prétend qu'après la bataille, ce roi n'ayant point de lit, le duc de Vendôme lui dit : Je vais vous faire donner le plus beau Lit fur lequel jamais Souverain ait couché; & il fit faire un matelas des étendards & des drapeaux pris fur les ennemis. Vendôme eut

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pour prix de fes victoires, les honneurs de Prince du Sang. Philippe V lui dit : Je vous dois la couronne!.. Vendôme, qui avoit des jaloux, quoiqu'il ne méritât que des amis, lui répondit : Votre Majesté a vaincu fes ennemis, j'ai vaincu les miens... Louis XIV s'écria, en apprenant la nouvelle de cette victoire : Voilà ce que c'eft qu'un homme de plus! Il écrivit tout de fuite au général victorieux, une lettre remplie des expreffions les plus honorables. Un officier général a la lâche imprudence de dire que de tels fervices doivent être récompenfés d'une autre maniere. Vous vous trompez, réplique vivement VENDOME, les hommes comme moi ne fe payent qu'en paroles & en papiers. Philippe V combla Vendôme des marques de fa reconnoiffance. Il le déclara premier prince de fon Sang, & préleva 500 mille livres fur fes tréfors arrivés récemment de l'Amérique, pour les lui offrir. SIRE, dit VENDOME, je fuis fenfible à votre générofité; mais je vous fupplie de faire diftribuer cet or à ces braves Efpagnols dont la valeur vous a confervé en un jour tant de Royaumes. Philippe le traita en ami. Il lui parloit de même. Il lui difoit un jour: Il eft furprenant qu'étant le fils d'un pere dont le génie étoit borné, vous aviez d'auffi grands talens militaires. — Mon efprit, répondit VENDOME, vient de plus loin. Il vouloit dire de Henri IV. Ce grand général continuoit de chaffer les Impériaux de plufieurs poftes qu'ils occupoient encore en Catalogne, lorfqu'il mourut le 11 Juin 1712, à Tignaros, d'une indigeftion, à 58 ans. Philippe V voulut que la nation Efpagnole prit le deuil; diftin&tion qui étoit encore au-defious de ce qu'il méritoit. Il fut enterré au monaftere de l'Efcurial, dans le tombeau des infans & infantes d'Espagne. Le due

de Vendôme, arriere-petit-fils de Henri IV, étoit (dit l'auteur du Siecle de Louis XIV) intrépide comme lui, doux, bienfaisant, fans fafte; ne connoiffant ni la haine, ni l'envie, ni la vengeance. Il n'étoit fier qu'avec des princes; il fe rendoit l'égal de tout le refte. Pere des foldats, ils auroient donné leur vie pour le tirer d'un mauvais pas, lorfque fon génie ardent l'y précipitoit. A Caffano, ayant remarqué un foldat d'une bravoure extraordinaire, il fut après le combat - le trouver dans fa tente, & lui donna 50 louis. Il ne méditoit point fes def. feins avec affez de profondeur, négligeoit trop les détails, & laiffoit périr la difcipline militaire. Il comptoit trop peut-être fur cette voix fecrete qui nous avertit fouvent à propos de ce que nous devons faire ou tenter. Il difoit plaisamment, que dans la marche des armées, il avoit fouvent examiné les querelles entre les mulets & les muletiers, & qu'à la honte de l'humanité, la raifon étoit presque toujours du côté des mulets. Sa molleffe le mit plus d'une fois en danger d'être enlevé; mais un jour d'action il réparoit tout par une présence d'efprit & par des lumieres que le péril rendoit plus vives. Ce défordre & cette négligence qu'il portoit dans les armées, il l'avoit à un excès furprenant dans fa maison & fur fa perfonne même. A force de hair le fafte, il en vint à une mal-propreté cynique dont il n'y a point d'exemple. Tous fes gens étoient en poffeffion de le voler. Il répondit à un de fes domeftiques fidelles, qui lui dénonçoit les friponeries d'un de fes camarades: Eh bien, laiffe-le faire, & vole-moi comme lui. Son défintéressement, la plus noble des vertus, devint en lui un défaut, qui lui fit perdre par fon dérangement, beaucoup plus

qu'il n'eût dépen fé en bienfaits. Cependant il fut bienfaifant. La Provence, dont il obtint le gouvernement, lui offrit une fomme confidérable. Non, dit-il, les Gou verneurs font faits pour repréfenter aux Rois la mifere des Peuples. Je ne puis accepter un préfent qui, quoique vo lontaire, feroit onéreux au pays. Le maréchal de Villars, auquel on fit la même offre, ne jugea pas à propos de la refufer; & lorfqu'on lui rappela la générofité de Vendôme, dans la même occafion. Ah, dit-il, M. DE VENDOME étoit un homme inimitable. Le duc de Vendôme avoit épousé, en 1710, une des filles du prince de Condé, dont il n'eut point d'enfans, & qui mourut en 1718. Le che valier de Bellerive a donné l'Hiftoire de fes Campagnes, Paris, 1714, in-12,

III. VENDOME, (Philippe de) grand-prieur de France, & frere du précédent, naquit à Paris le 23 Août 1655. Il fe fignala d'abord fous le duc de Beaufort, fon oncle, qu'il accompagna à fon expédition de Candie. Il fuivit enfuite Louis XIV, en 1672, à la conquête de la Hollande, & fe diftingua au paffage du Rhin, aux fiéges de Maëftricht, de Valenciennes & de Cambrai, à la bataille de Fleurus, à

celle de la Marfaille où il fut bleffé, & en plufieurs autres occa. fions. Elevé au pofte de lieutenant général en 1693, il eut en 1695 le commandement de la Provence, à la place du duc de Vendôme, fon frere, qui paffoit en Catalogne. Il le fuivit quelque temps après, & il fe montra un héros au fiége de Barcelone en 1697, & à la défaite de Dom François de Velasco, vice-roi de Catalogne. Dans la guerre de la fucceffion, il fut envoyé en Italie, où il prit plufieurs places fur les Impériaux; mais après la bataille de Caffano, donnée le 16 Août 1705, où il ne s'étoit

point trouvé par un défaut de conduite, il fut difgracié. Il fe retira à Rome après avoir remis la plupart de fes nombreux bénéfices. Le roi lui affigna une penfion de 24000 livres. Après un voyage à Venife, il revint en France par les terres des Grifons. Thomas Mafner, confeiller de Coïre, le fit arrêter le 28 Octobre 1710, (en repréfailles, difoit-il, de ce que fon fils étoit retenu prifonnier en France, ) & le fit paffer fur les terres de l'empereur. L'amhaffadeur de France en Suiffe fe plaignit de cette infulte, faite par un particulier à un prince du Sang. Les Grifons firent le procès à Masner, qui s'étoit sauvé en Allemagne; & ils le condamnerent à mort par contumace,en 1712. Le grand-prieur élargi revint en France, & s'y livra à tous les plaifirs; il aimoit fur-tout ceux de l'efprit; & fa cour étoit compofée de ce qu'il y avoit de plus délicat & de plus ingénieux à Paris. [Voy. CAMPISTRON; CHAULIEU; PALAPRAT.]

Les Turcs ayant menacé Malthe en 1715, il vola à fon fecours & fut nommé généraliffime des troupes de la Religion. Mais le fiége de cette ifle n'ayant pas eu lieu, il revint en France au mois d'Octobre de la même année. Il fe démit du grand-prieuré en 1719, prit le titre de Prieur de Vendôme, & mourut à Paris le 24 Janvier 1727, à 72 ans. Les deux freres fe reffembloient parfaitement dans leurs vertus & dans leurs défauts. En peignant l'un, nous avons tracé le portrait de l'autre. En lui finit la postérité des ducs de Vendôme, defcendans de Henri IV.

IV. VENDOME, Voyez I. GEOFFROI; & MATTHIEU,n° III.

1. VENEL, (Magdeleine de Gaillard de) foeur de Gaillard de Lonjumeau, évêque d'Apt, d'une ancienne famille de Provence, [ Voyez GAIL

LARD] naquit à Marseille le 24 Janvier 1620. Elle époufa, à l'âge de 16 ans, Venel, d'abord confeiller au parlement de Provence, enfuite maître des requêtes du palais de la Reine, & confeiller d'état. Ayant mérité la confiance d'Anne d'Autriche, cette princeffe lui fit, en 1648, don des Glacieres de Provence, qui appartenoient au Domaine, & lui accorda le privilége exclufif de faire débiter la glace par bureau dans toute cette province; ce qui lui valoit 20,000 livres de rente. Elle eut beaucoup de part à la rupture de Louis XIV avec Mlle Mancini, qu'elle conduifit à Rome, lorfqu'elle eut époufé le connétable Colonne. Elle devint enfuite dame de la Reine, & fousgouvernante des ducs de Bourgogne, de Berri & d'Anjou. Elle mourut au château de Verfailles le 24 Novembre 1687, à 67 ans. C'étoit une femme d'un caractere ferme, pleine d'efprit, de jugement & de vertu.

II. VENEL, (Gabriel-François) né à Pézenas, fe diftingua dans la profeffion de médecin, & emporta au concours en 1758, une chaire de médecine à Montpellier. Dès 1753, il avoit été nommé infpecteur général des eaux minérales de France. Il travailla pendant plufieurs années à l'analyfe de ces eaux, avec M. Bayen, artifte célebre, qui fut chargé de la partie manuelle des opérations. V enel prouva par fon travail qui exigea beaucoup de courfes, qu'il étoit habile obfervateur & chimifte éclairé. Il fe préparoit à faire de nouveaux voyages pour continuer fes obfervations, lorfqu'il mourut à Montpellier en 1777, 54 ans. On a de lui: I. Examen des Eaux minérales de Paffy, Paris, 1755. II. Inftructions fur l'ufage de la Houille, Avignon, 1775, gros vol. in-8°, avec figures, Les états de la province de

Languedoc l'avoient chargé d'examiner la nature, les propriétés & les ufages de la houille; ce Livre contient le résultat de fes opérations: il y prouve que la houille ne nuit pas à la fanté, conformément à l'expérience de ceux qui en font un ufage conftant. III. Analyfe des Eaux de Seltz, dans les Mémoires de l'académie des Sciences. IV. Aquarum Galliæ mineralium Analyfis, manufcrit, en 2 vol. in-4°: c'eft le fruit de fes recherches & de fes courfes. V. Une Matiere médicinale, en 2 vol. in-8°: ouvrage pofthume. VI. Les articles qu'il a fournis fur cette fcience, aux éditeurs de l'Encyclopédie, font nombreux, & en général fort bien faits; mais l'auteur ne fe défendoit pas affez de l'efprit fyftématique. C'étoit un homme d'une imagination vive, qui avoit des vues nouvelles, & le coup d'œil prompt, mais pas toujours fûr. Il s'éleva plufieurs fois, & avec raison, contre l'affemblage informe de remedes, qu'ont formé plufieurs pharmacopoles affemblage qui empêche de conftater la vertu de chacun en particulier. Il comparoit les médecins entichés de cette Poly-Pharmacie, à Arlequin or donnant une charrette de foin à un malade, " dans l'espérance que, fur » la grande quantité des herbes qui » la compofent, il s'en trouvera quelqu'une appropriée à la ma» ladie. Voyez fon Eloge Hiftorique, Grenoble, 1777, in-8°.

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12.

vrages font: I. Méthode pour appren dre l'Italien, Paris, 1770, in Cette Grammaire, dont on a fais plufieurs éditions en différens formats, eft claire, mais un peu prolixe. On prétend que ce livre n'eft point de lui, mais du fameux Rofelli dont on a imprimé les aventures en forme de Roman. A fon paffage en France, il alla prendre un dîner chez Veneroni, qui ayant vu qu'il raisonnoit jufte fur la langue ita lienne, l'engagea à faire une Grammaire, pour laquelle il lui donna cent francs. Veneroni ne fit qu'y ajouter quelque chofe à fon grẻ, & la donna fous fon nom. II. Dic tionnaire Italien-François & FrançoisItalien, 1768, in-4o. Il a été effacé par celui de M. l'abbé Alberti, qui eft à la fois plus clair & plus abondant. III. Fables choifies, avec la Traduction italienne de cer auteur. On en a une édition avec une Verfion allemande & des figures, Ausbourg, 1709, in-4°. IV. Lettres de Loredano, traduites en françois. V. Lettres du Cardinal BENTIVOGLIO, traduites de même. Son style eft plus facile que pur.

VENETTE, (Nicolas) docteur en médecine, mourut en 1698, âgé de 65 ans, à la Rochelle, fa patrie. Il avoit étudié à Paris fous Gui-Patin & Pierre Petit; & après avoir voyagé en Italie & en Portugal, il s'étoit retiré dans fon pays natal, où il fe confacra tout entier à l'exercice de la médecine, On a de lui divers Ouvrages I. Traité du Scorbut, la Rochelle, 1671, in-12. II. Traité des Pierres qui s'engendrent dans le corps humain Amfterdam, 1701, in-12. III. Tableau de l'Amour Conjugal, &c. 2 vol. in-12, avec figures. Cet ouvrage eft celui qui a donné le plus de renommée à fon auteur; mais lą lecture en eft dangereuse pour les jeunes perfonnes, & infufifante

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