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marcha contre lui & le vainquit l'an 17 de J. C. Tacfarinas renouvela fes brigandages quelque temps après : il affiégea même un château où Decrius commandoit, & défit la garnifon qui étoit fortie pour se battre en rafe campagne. Decrius remplit les devoirs d'un guerrier très-brave & très-expérimenté. Les bleffures qu'il avoit reçues, dont l'une lui avoit crevé un oeil, ne l'empêcherent pas de faire tête à l'ennemi; mais fes foldats ayant pris la fuite, il perdit la victoire & la vie. Sa mort fut vengée par Apronius, fucceffeur de Camille dans le proconfulat d'Afrique. Ce général, à la tête de cinq cents vété rans, chafsa l'ennemi de devant la ville de Thala qu'il affiégeoit. Junius Blefus, fucceffeur d'Apronius, remporta auffi divers avantages fur Tacfarinas, qui avoit changé fa méthode de faire la guerre, & ne faifoit plus que des courfes, à la maniere des Numides. Ce dernier, fans être abattu par fes défaites réitérées, envoya un ambaffadeur à l'empereur pour lui demander des terres, qu'il promettoit de cultiver en paix. Loin de lui accorder fa demande, Blefus reçut ordre de le pourfuivre plus vigoureufement. Après avoir tenté vai nement de le réduire, il céda cette gloire au proconful Dolabella. Ce nouveau général lui livra bataille, & le brigand. y fut vaincu, & mouru bies armes à la main.

terdam en 2 vol. in-12, 1700, font moins eftimés que la Relation de la Loubere, publiée à Paris 1691, 2 vol. in-12. Les Mémoires de celui-ci, moins agréables pour le ftyle (dit l'abbé de Marfy, HISTOIRE Moderne, tome III, page 358) que ceux de l'abbé de Choift & du Pere Tachard, l'emporterent infiniment du côté de l'ordre, de l'exactitude, du choix des matieres, & de la folidité des réflexions. Choifi eft fuperficiel, Tachard eft flatteur. L'un & l'autre font d'une crédulité exceffive. Le Jéfuite furtout, flatté des honneurs extraor dinaires qu'il reçut à Siam, fe laiffa tromper par les exagérations artificieufes de Conftance, qui ne cherchoit qu'à en impofer aux François par une oftentation de magnificence. Tachard, élevé dans un collége, écrivoit en profeffeur de rhétorique, qui n'avoit pas oublié l'amplification. On lui fit voir une cinquan taine d'éléphans, & on n'eut pas de peine à lui perfuader que le roi en entretenoit au moins vingt mille dans le refte du royaume. Le miniftre lui montra rapidement le tréfor du prince, & lui fit croire qu'il y avoit des amas d'or, d'argent & de pierreries. On fait jufqu'où peut aller l'impofture dans la montre de ce genre de richeffes. Il le conduifit dans les plus belles Pagodes, lui fit voir des Idoles coloffales bien dorées, & foutint hardiment qu'elles étoient d'or maffif, &c. Le chevalier de Forbin fait voir dans fes Mémoires, combien Tachard & Choifi ont trompé le public.

TAG ARD, (Gui) Jéfuite françois men vit en qualité de miffionnaire p chevalier de Chaumont & l'abbé de Choifi, ambaffadeurs à Siam. Il revint en Europe en 1688, retourna dans l'Inde, & mourut à Bengale d'une maladie contagieufe, dans l'exercice de ses travaux apoftoliques, vers l'an 1694. Ses deux Voyages à Siam, en 2 vol., Paris, 1686 & 1689, réimprimés à Amf

TACHON, (Dom Christophe) Bénédictin de Saint-Sever au diocefe d'Aire, mort en 1693, cultiva le talent de la chaire avec fuccès. On a de lui un livre intitulé : De la fainteté & des devoirs d'un Prédicateur évangélique, avec l'Art de bien prêcher, & une courte Méthode pour catéchifer Á ij

in-12. Cet ouvrage ne renferme que des préceptes triviaux.

TACHOS ou TACHUS, roi d'Egypte du temps d'ArtaxercèsOchus, défendit ce royaume contre les Perfes, quifongeoient à l'attaquer de nouveau, malgré les mauvais fuccès de leurs premiers efforts. Il obtint des Lacédémoniens un corps de troupes, commandé par Agefilas, qui le trahit d'une maniere indigne. Tachos ayant donné à Chabrias, Athénien, le commandement de l'armée, & n'ayant laiffé à Agefilas que celui des troupes auxiliaires, celui-ci profita de la révolte de Nectanebus, avec lequel il fe fignala. Le roi d'Egypte fur obligé de fortir de fon royaume, & on ne fait pas trop ce que devint ce malheureux prince. Athénée donne une caufe finguliere au reffentiment d'Agéfilas. Il prétend que Tachos, le voyant de petite taille, lui appliqua la Fable de la Montagne qui accouche d'une fouris; & qu'Agéfilis en colere lui répondit: Vous éprouverez un jour que je fuis un Lion.

I. TACITE, (C. CorneliusTacitus) hiftorien latin, n'étoit point de l'ancienne famille des Corneliens, mais d'une autre beaucoup plus nouvelle. Il étoit, à ce que conjecture Tillemont, fils d'un chevalier Romain, qui avoit été intendant de la Belgique. Il naquit à la fin de l'empire de Claude, ou au commencement de celui de Néron. Vespasien, qui vit en lui une ame forte & un génie élevé, le prit en affection, & commença à l'élever aux dignités Tite & Domitien eurent toujours beaucoup d'eftime pour lui. Ayant été fait conful l'an 97 de J. C., à la place de VirginiusRufus, fous Nerva, il prononça le panégyrique de fon illuftre prédéceffeur. La fortune, toujours propice à Virginius (dit Pline le Jeune }

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gardoit pour derniere faveur un auffi excellent orateur à un auffi excellent homme. Tacite avoit plaidé plufieurs fois à Rome, & fait admirer fon éloquence. Chargé de la caufe des Africains contre Marius - Prifcus, proconful d'Atrique, il le fit condamner. Pline le Jeune & lui, étoient étroitement liés. Leur amitié (dit l'abbé de "la Bletterie) avoit pour base "la conformité de principes & de » moeurs. Comme dans l'effentiel » ils fe reffembloient parfaitement, "d'affez grandes différences fur » tout le refte, ne fervoient qu'à » rendre leur amitié plus piquante " & plus utile. On faifit facile"ment le caractere de Pline, qui » nous a laiffé un volume de Lettres. Nous fommes moins au fait de » Tacite, dont nous n'avons que » des Ouvrages d'apparat; mais » autant qu'on peut connoître l'un » & deviner l'autre, la probité de » Pline étoit plus douce plus liante, affaifonnée de tout ce » qui fait les délices du commerce; " celle de Tacite étoit plus franche,

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plus naturelle, sans apprêt, en " un mot, vraiment Romaine. Le premier par fes qualités aimables gagnoit tous les coeurs; le fecond "les fubjuguoit par la force de » fon mérite, par l'afcendant de fa » vertu. L'un, courtifan délié fans

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29 trouver;

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nément la vertu, lui prodiguoit » l'encens par-tout où il croyoit la & peut-être il la voyoit quelquefois où elle n'étoit pas; "il louoit avec une profufion, qui pouvoit rendre problématique "fon difcernement ou fa fincérité. » Il mettoit dans fes préventions » les plus injuftes, une forte de " modération & d'équité: témoin » la demi - justice qu'il rend aux » Chrétiens, en reconnoifint la pureté de leurs mœurs tandis » qu'il les regarde comme des mal» heureux, aveuglés par une folle fuperftition. Tacite haiffoit forte"ment le vice. Il diftribuoit les → louanges avec économie, & » toujours en connoiffance de "caufe. L'horreur qu'il avoit de » la flatterie & du menfonge, le pouffoit vers les excès oppofés. » On voit combien ces deux amis " étoient néceffaires l'un à l'autre. » Peut-être que, fans la douceur » de Pline, Tacite ne fe feroit pas préservé d'une philofophie fauvage, de cette haine des hommes qu'il reprochoit aux Chrétiens; » fañs le caractere mâle de Facite, » la bonté d'ame de Pline auroit » pu dégénérer en complaifance » outrée, en adulation, en fadeur. » Ils avoient tous deux l'efprit vif, folide & jufte, l'imagination » féconde le fentiment délicat. » Rien de la furface des objets n'échappoit à Pline, rien de leur » intérieur à l'oeil perçant de Ta»cite. L'un avoit en partage le » brillant, l'aménité, les graces légeres; il favoit même fe don

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" ner au befoin, de l'élévation

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exquis

» raifon 660

une furéminence de De leur temps on ne

nommoit guere l'un fans penser à l'autre. Tacite s'étant trouvé aux fpectacles du Cirque près d'un chevalier Romain avec lequel il eut une converfation favante & diverfifiée, le chevalier qui ne le connoiffoit point, lui demanda s'il étoit de l'Italie ou de quelque autre province de l'Empire? Tacite lui répondit: Vous me connoiffez, & j'en ai l'obligation aux Lettres. Auffitôt le chevalier repartit: Vous êtes Tacite ou Pline... Nous avons de Tacite: I. Un Traité des Maurs des Germains. Il loue les moeurs de ces peuples, mais comme Horace chantoit celles des Barbares nommés Getes: l'un & l'autre (.dit Voltaire) ignoroient ce qu'ils louoient, & vouloient feulement faire la fatire de Rome; cependant, ce que d'autres auteurs nous ont appris des Germains, donne lieu de croire qu'à plufieurs égards le tableau de Tacite, quoique embelli, eft d'après nature. II. La Vie de Cn. JuliusAgricola, dont il avoit époufé la fille l'an 77 ou 78 de J. C. Cet Ecrit eft un des plus beaux & des plus précieux morceaux de l'antiquité. Les gens de guerre, les courtifans, les magiftrats, y peuvent trouver d'excellentes inftructions. III. Hiftoire des Empereurs; mais, de vingt-huig ans que cette Hiftoire contenoit, (depuis l'an 69 jufqu'en 96, ) il ne nous refte que l'année 69 & une partie de 70. IV. Ses Annales : elles renfermoient l'Hiftoire de quatre empereurs, Tibere, Caligula, Claude, Néron. Il ne nous refte que l'Hiftoire du premier & du dernier, à peu près entiere; Caligula eft perdu tout entier, & nous n'avons que la fin de Claude. L'empereur Tacite, qui fe faifoit honneur de defcendre de la famille de l'hiftorien, ordonna qu'on mit fes.

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ouvrages dans toutes les bibliotheques, & qu'on en fit tous les ans dix copies aux dépens du public, afin qu'elles fuffent plus correctes. Cette fage précaution n'a pas pu néanmoins nous conferver, en entier, un ouvrage fi digne de paffer à la postérité. Tacite eft, fans comparaifon, le plus grand des hiftoriens aux yeux d'un philofophe. Il a peint les hommes avec beaucoup d'énergie, de fineffe & de vérité, les événemens touchans, d'une maniere pathétique; & la vertu, avec autant de fentiment que de goût. Il poffede, dans un haut degré, la véritable éloquence, le talent de dire fimplement de grandes chofes. On doit le regarder comme un des meilleurs maîtres de morale, par la trifte mais utile connoiffance des hommes, qu'on peut acquérir dans la lecture de fes ouvrages. On l'accufe d'avoir peint trop en mal la nature humaine; c'eft-à-dire, de l'avoir peut-être trop étudiée. On l'accufe encore d'être obfcur; ce qui fignifie feulement qu'il n'a pas écrit pour la multitude. On lui reproche enfin d'avoir le ftyle trop concis; comme fi le plus grand mérite d'un écrivain n'étoit pas de dire beaucoup en peu de mots. S'il peint en raccourci, fes traits en récompenfe font d'autant plus vifs & plus frappans. (Voyez fon parallele avec SENEQUE, n' II. vers la fin: & avec SALLUSTE, n° 1.) Tacite fe flattoit d'avoir écrit fans haine & fans prévention; Sine ira & ftudio. Il connoiffoit tous les écueils que rencontre un hiftorien, & il croyoit les avoir évités. Il remarque lui-même, en parlant des Hiftoires de Tibere, de Caius, de Claude, de Néron, que, foit qu'elles euffent été écrites de leur vivant, ou peu de temps après leur mort, la Sufleté y régnoit également, parce

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que la crainte avoit dicté les unes, & la haine les autres. " On bleffe, dit-il ailleurs, la vérité de deux "manieres par la fureur de louer » les puiffans pour leur plaire, & » par le plaifir fecret d'en dire du » mal pour fe venger. De tels hiftoriens, ou flatteurs ou ennemis déclarés, ménagent fort peu l'ef» time de la postérité. On est choqué d'une baffe flatterie, parce qu'elle fent la fervitude; mais on ouvre volontiers fes oreilles » à la médifance, dont la malignité » fe couvre d'un air de liberté Tacite promet de fe préferver de ces deux excès, & protefte une fidélité à l'épreuve de toute féduction. Le regne de Tibere paffe pour un chef-d'œuvre de politique, & pour le chef-d'œuvre de Tacite. Le refte de fon Hiftoire pouvoit être compofé par un autre que par lui, & Rome ne manquoit pas de déclamateurs pour peindre au naturel les vices de Caligula, la ftupidité de Claude, & les cruautés de Néron ; mais, pour éc ire la vie d'un prince auffi artificieux que Tibere, il falloit un hiftorien comme Tacite, qui pût démafquer les fauffes vertus, démêler les intrigues, affigner les caufes des événemens, & difcerner la réalité des apparences. On peut reprocher cependant à cet historien fi vrai, d'avoir adopté trop légérement les préjugés de fa nation contre les Juifs & les Chrétiens. Il prétend que les premiers adoroient une tête d'âne, parce que fe trouvant preffés d'une foif exceffive dans les déferts de l'Arabie, après avoir été chaffés de l'Egypte, ils n'avoient trouvé de l'eau que par le moyen de quelques ânes fauvages qui leur indiquerent la fource où ils alloient fe défaltérer. Cette fable groffiere étoit tellement accreditée, que Plutarque, & quelques autres auteurs Païens l'afflurens

Comme une vérité. Les Chrétiens étant confondus par les Romains avec les Juifs, pafferent auffi pour adorer une idole fous la forme d'un homme avec des oreilles & les pieds d'un âne. C'est ainfi, felon Tertullien, que le repréfentoit un tableau expofé à Rome fous l'empire de Sévere, avec cette infcription, Le dieu des Chrétiens ongle d'âne. Tacite ne parle point de cette infolente calomnie des Païens; mais il put y avoir donné lieu par ce qu'il dit lui-même fur les Juifs. Plufieurs auteurs ont traduit ou commenté cet hiftorien. Il y en a une traduction françoise par d'Ablancourt, & une par Guérin, (Voyez VI. GUERIN,) chacune en 3 vol. in-12: l'une & l'autre font peu eftimées. Celle qu'a faite Amelot n'eft recommandable que par les connoiffances politiques qu'il a étalées dans fes longues Notes; elle eft en 6 vol., auxquels on a ajouté une fuite en 4 vol. L'abbé de la Bletterie a traduit les Maurs des Germains, la Vie d'Agricola, 2 vol. in-12, & les fix premiers livres des Annales, 3 vol. in-12; le P. d'Otteville a traduit le refte en 4 vol. in-12. L'auteur a pris pour modele M. d'Alembert, qui a traduit divers morceaux de Tacite en 1 vol. in-12... Quoique cette verfion ne rende point toute la force & l'énergie de l'original, elle eft préférée à toutes les autres, parce qu'elle eft la plus fidelle. On ne doit pas s'attendre d'ailleurs dans une langue furchargée d'articles & de verbes auxiliaires telle que la nôtre, de rendre même imparfaitement cette concifion, le premier caractere de Tacite, & qui le diftingue fi avantageufement parmi les écrivains qui prodiguent le fens & comptent les paroles. (Voy. encore 111. ROUSSEAU, à la fin.) Nous avons plufieurs éditions de Tacite, La premiere eft

de Venife, 1468, in-fol. JufteLipfe en a donné une in-fol. à Anvers, 1585: Gronovius, une en 2 vol. in-8°, à Amsterdam, 1672, que l'on appelle des Variorum. On préfere celle de Ryckius, où le texte eft plus exact, en 2 vol. in-8°, à Leyde, 1687. Elzevir, en 1634, en a donné auffi une fort eftimée. On fait cas encore de celle Ad ufum Delphini, 1682 & 1687, 4 vol. in-4° : & celle d'Utrecht, 1721, 2 vol. in-4°. Celle qui parut en 1760, in-12, 3 vol. que nous devons à M. Lallemant, eft exacte. (Voyez auffi LACARRY.) Il a paru chez L. F. de la Tour, à Paris rue Saint-Jacques, 1771, un Tacite en 4 vol. in-4°, & 1776, 7 vol. in-12. dont le titre eft C. Cornelii TACITI Opera recognovit, emendavit, Supplementis explevit, Notis, Differtationibus, Tabulis geographicis illuftravit Gabriel BROTIER. C'est une des meilleures éditions qu'on ait données de cet auteur.

II. TACITE, ( M. Claudius) empereur Romain, fut élu par le fénat en la place d'Aurélien, le 25 Septembre de l'an 275, après un interregne d'environ 7 mois. Il fe donna tout entier à l'administration de la juftice & au gouvernement de l'état ; & dans l'une comme dans l'autre de ces fonctions, il s'attira l'approbation générale. La juftice, exempte de corruption, se rendoit felon le droit de chacun ; & afin que le cours en fut toujours égal, il dreffa de fages conftitutions. Les mauvaifes coutumes furent abolies, les lieux de prostitution condamnés, & les bains pu blics exactement fermés après le coucher du foleil. Tacite ne fe régloit que fur les confeils du fénat, & jamais empereur ne lui laiffa plus d'autorité. Ce corps lui ayant refufé le confulat qu'il demandoit pour Florien fon frere, il répondit: 12

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