LIBRARIES MUSIC LIBRARY NOV 2 0 1972 ML20 Réimpression des éditions de Paris, 1775-1783 L'Almanach musical fournit pour les années 17751783 un tableau des plus précis des activités musicales de Paris. Deux bibliothèques publiques seulement en conservent aujourd'hui une collection complète. Le 14 décembre 1774, un privilège était accordé au sieur X. et, le 30 du même mois, le garde des Sceaux donnait son approbation pour l'impression du premier Almanach. La publication en était assurée par le Bureau du Journal de musique, périodique qui fait par ailleurs l'objet d'une réimpression. Les différents numéros de l'Almanach ne donnent aucune information sur les membres de la rédaction, si ce n'est (p. 194) celui de M. Gantin, commis. C'est donc à d'autres sources qu'il convient de faire appel pour tenter d'en percer l'anonymat. Le Journal de musique signale (1777, No 1, p. 57) que l'Almanach a été entrepris « par les auteurs de ce Journal et qu'il a été rédigé sous leurs yeux » ces mêmes auteurs qui annonçaient dans l'Almanach de 1775 qu'ils venaient d'acquérir le fonds musical de Mme Le Clerc. Or l'on peut établir, grâce à un document d'archives, que c'est Mathon de La Cour qui, le 9 décembre 1774, achetait ce fonds à la veuve de Charles-Nicolas Le Clerc (Archives nationales, Minutier central, XXI, 472). Fils d'un mathématicien lyonnais, Charles-Joseph Mathon (1738-1793) avait été l'éditeur de l'Almanach des Muses (1766-1769) et de Lettres à Mme de XXX sur les peintures, les sculptures... exposées au Louvre (17631765). Outre le Journal de musique, il devait plus tard publier le Journal de Lyon (1784-1792) et devenir membre de l'Académie de musique de cette ville, avant de mourir sur la guillotine. Il est par ailleurs probable qu'Etienne Framery participa aux côtés de Mathon à la rédaction, comme il le faisait pour le Journal (voir la Préface à la réimpression de celui-ci). C'est ainsi que l'Almanach musical parut régulièrement, avant les premiers jours de l'année, de 1775 à 1778. Celui de 1779 fut publié avec six mois de retard. La raison qui en est donnée au début du numéro est << le peu d'exactitude de quelques personnes à faire passer la note des changemens qui les concernent ». Un autre motif est fourni dans les Annonces, affiches et avis divers du 31 juillet 1779, qui en annoncent ainsi la sortie : « Cet Almanach, qui a paru tous les ans depuis 1775 a été retardé cette année par un voyage de l'éditeur. On ne comptait pas le publier; mais le désir que plusieurs personnes ont témoigné que la suite ne fut pas interrompue, a déterminé à le faire imprimer après coup ». Le voyage mentionné pourrait être soit un séjour de Mathon de La Cour dans sa ville de Lyon, soit le voyage que Framery fit cette année-là à Londres pour tenter de décider Sacchini à écrire une œuvre nouvelle pour l'Académie royale de musique. Ce fut le dernier numéro de la série qui fut assumé par le Bureau du Journal de musique. Les Affiches, annonces et avis divers du 9 avril 1783, annonçant la publication des années 1781, 1782 et 1783, donnent le nom de son continuateur, Pierre-Joseph-François Luneau de Boisjermain. Professeur de grammaire, d'histoire et de géographie (1732-1801), ce personnage était surtout connu par le procès qu'il soutint contre la corporation des libraires pour avoir lui-même vendu son édition des Oeuvres de Racine (1768). Dans la préface de l'Almanach de 1781 (pp. 1157-1162 de la réimpression) il décrit les difficultés rencontrées par le rédacteur d'une telle entreprise, la négligence des compositeurs et la mentalité particulière des éditeurs de musique. Ce sont sans doute ces motifs qui l'empêchèrent de poursuivre son effort après 1783. François LESURE |