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fectateurs commencent déja à manifefter leurs pernicieux deffeins par les brigandages 15 2 2. ,, qu'ils exercent, par le mépris qu'ils font des faints canons, des decrets des conciles, & des fouverains pontifes qu'ils ont dechirez & ., brûlez publiquement. Croit-on qu'ils doivent avoir plus de respect pour les loix de ,, l'empire, & puifqu'ils ont fecoué le joug de l'obéiffance due au fouverain pontife, aux ,, évêques & aux prêtres, il ne faut pas efperer ,, qu'ils obéïffent aux magiftrats; puifqu'ile n'ont épargné ni les perfonnes, ni les chofes confacrées à Dieu, il ne faut pas croire qu'ils épargnent les personnes, les maisons & les ,, biens des laïques.

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Le pape finit en priant & exhortant les princes & les autres à travailler d'un commun accord à l'extinction de cet incendie, à faire tous leurs efforts pour obliger Luther & ses partifans à rentrer dans leur devoir, à renoncer à leurs erreurs, & s'ils ne veulent pas écouter les avis falutaires qu'on leur donnera. Adrien veut qu'on procede contr'eux, & qu'on les puniffe felon les loix de l'empire & la feverité du dernier édit. Ce bref du pape eft daté de Rome le vingt-cinquiéme Novembre mil cinq-cens vingt-deux.

1523.

XXX. Arrivée de

Cheregat muni de ces inftructions & de ce bref partit de Rome en qualité de nonce du pape pour la diete de Nuremberg, où il ar- Cheregat riva fur la fin de l'année 1522. & s'y pre- nonce du fenta au commencement de Janvier de l'an- pape à Nu. née suivante 1523. Il y fit un discours dans remberg lequel il n'ajouta rien à ce qui étoit contenu vent Nodans fes inftructions, fi-non qu'il expofoit d'u- rimberg. ne maniere encore plus pathetique, le double Extat apud scandale que l'herefie de Luther donnoit aux Goldaft. in gens de bien; le premier en voyant tous les conft. imp.

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I5 23.

fafciculo re

tend,

cercles d'Allemagne, les moines & les relito 1. in gieufes violer impunement leurs vœux, fortir par force & par adreffe de leurs monafteres rum expe- retourner dans le monde, & mener une vie plus licentieufe que celle des feculiers les plus relâchez; le fecond fur ce que les prêtres encheriffoient fur tant de facrileges en fe mariant en public, fans que les évêques fuffent affez forts pour reprimer ces énormes défordres, & que les magiftrats vouluffent leur XXXI. prêter la main. Après fon difcours il préfenta Reponse de aux membres de la diete l'inftruction & le bref la diéte au du pape.

nonce du

pape.

c. 8.

Extat. apud Goldaft. to I. p. 452. Raynald. an 1523. 2. feq.

Sleidan in

comment.

3. p. 95.

L.

la

La diéte donna fa reponse par écrit. FerdiPallavic nand qui prefidoit à l'affemblée & les princes, hift. lib. 2. après avoir témoigné leur joye de Pélevation d'Adrien fur le fiége de Rome, l'alfuroient dans cette réponse, qu'ils n'étoient pas moins touchez que lui des defordres de l'Allemagne, & du danger où fe trouvoit la religion; qu'ils em brafferont avec zele tous les remedes que moderation pourroit leur préfcrire, faifant profeffion d'obéir au fouverain pontife & à l'empereur; ; que s'ils ont differé d'exécuter la fentence de Leon X. & l'édit de Charles V. c'étoit pour des raifons très-importantes & dans la crainte de caufer de plus grands maux; que les Livres de Luther avoient perfuadé tous les peuples; que la cour de Rome avoit par divers abus caufé plufieurs griefs & beaucoup de maux à la nation germanique, enforte que fi l'on tentoit l'exécution de la fentence, les peuples fe perfuaderoient aifément, qu'on n'aainfi que pour entretenir ces abus dons Luther fe plaignoit, & détruire la verité de l'évangile, ce qui cauferoit encore de plus grands troubles, & ce qui conduiroit infailli blement à une guerre civile; que fa fainteté

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devoit être perfuadée, que les remedes violens augmenteroient ce mal au lieu de le guerir, 1 5 2 3. puifqu'elle avoüoit ingenument que les hommes en étoient la caufe, & qu'elle promettoit de reformer la cour de Rome avant toutes chofes, & de faire exécuter le concordat germanique. Ouvrage veritablement digne des foins du pape, & qui feroit par là ceffer les griefs du peuple.

La diéte ajoûtoit que le meilleur remede étoit d'êter un grand nombred'exactions&d'autres abus de cette cour, & de fatisfaire à quelques chefs que les princes féculiers donneroient par écrit, fans quoi il étoit impoffible de rétablir la paix entre les e cclefiaftiques & les féculiers; que les diétes précédentes n'ayant accordé au faint fiége les Annates ou le revenu des évêchez vacans jufqu'à ce qu'ils fuffent remplis, que pour être employées à faire la guerre aux Tures, & les papes en ayant fait un tout autre ufage, ils prioient fa fainteté de trouver bon que fa cour ne fe mêlât plus de les exiger, & que l'argent qui en provient fût laiffé au fifc de l'empire, afin d'être employé pour les frais de la guerre contre les infideles. Quant aux avis que le pape demandoit, les princes répondirent qu'il ne s'agiffeulement d'arrêter Luther & de le

foit pas faire rentrer dans fon cloître, ce qui ne feroit pas difficile; mais de remedier à une infinité d'abus &de vices enracinez dans le long efpace de tems qu'avoient duré les relâchemens de la difcipline, la négligence de quelques prélats, le mauvais exemple & l'ignorance groffiere de quelques pafteurs; qu'ils ne voyoient Sleidan in point de remede plus propre & plus convenable que de convoquer au plutôt en Allemagne un concile libre & univerfel; que fa

comment 1,

3. p. 97.

fainteté pouvoit choifir lesvilles de Strasbour 23. Mayence, Cologne & Metz, fans en differer convocation plus d'un an, pourvû qu'il fi permis à ceux qui fe trouveroient de propof librement leurs fentimens à la gloire de Dieu pour le falut des ames, pour la décharge d leur confcience, nonobftant toutes fortes d fermens, de loix & d'obligations contraires

Au refte on ajoûta qu'en attendant ce con cile, on donneroit de bons ordres pour empê cher les Lutheriens d'écrire, faire imprimer, & publier aucun ouvrage contre l'églife Catho lique, & les prédicateurs de parler des matie res contentieufes, & de ne point toucher au chofes qui pourroient exciter quelque nouvelle fédition & fe tourner en difpute, en les exhortant à fe contenter de prêcher purement l'évangile felon la doctrine approuvée de l'églife; que les évêques députeroient des hommes vertueux & fçavans pour veiller fur les prédicateurs, & pour les corriger quand il en feroit befoin, de telle forte toutefois que l'on ne pût foupçonner aucune oppofition à la ve rité de l'évangile; qu'on en agiroit de même à l'égard des écrits & des ouvrages dont on ne permettoit point l'impreffion fans qu'ils euffent été examinez auparavant par des hommes fçavans & vertueux; que par ce moyen ont établiroit le repos de l'Allemagne, parce que les gens s de bien attendroient volontiers la détermination du concile; dès qu'ils verroient fa celebration prochaine. Et parce que le nonce dans fon difcours s'étoit fort étendu fur le fcandale que caufoit dans l'églife un grand nombre de prêtres mariez, dont il demandoit la punition.

La diéte repondit qu'il feroit difficile d'éxesuter les loix de l'église contre les apostats,

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qu'on ne pouvoit punir autrement qu'en les abandonnant aux ordinaires & à leurs fupe- 1 $23. rieurs, qui les puniroient felon la feverité des peines canoniques, comme privation de benefice & autres, jufqu'à ce que l'empereur eût propofé fur ce fujet une conftitution particuliere, & que le corps germanique l'eût acceptée, d'autant plus que les loix civiles n'avoient point encore ordonné de peines contr'eux que tout ce que les puiffances feculieres pouvoient faire étoit de ne point empêcher les ordinaires d'exercer leur jurifdiction;que fi neanmoins il arrivoit à ces perfonnes qui avoient apoftafé, de commettrequelque crime contre le public, le prince ou les magiftrats fe chargeroient de les panir fi exemplairement, que le faint fiége en feroit content. Enfin les princes prioient le pape de prendre cette réponse en bonne part comme venant d'un cœur fincere & chrétien, l'afurant qu'ils ne defiroient rien tant que la paix de l'église & le bonheur de fa fainteté.

XXXII.

Replique du nonce à

Le nonce n'étant pas fatisfait de cette réponse, y repliqua, & fur ce qu'on lui avoit allegué, que la fentence de Leon X. n'avoit pas la réponse été exécutée non plus que l'édit de l'empereur, de la diéte. pour éviter le fcandale & le trouble, il dit que Pallavicin cette raison n'étoit pas valable, parce qu'il bift. concil n'étoit refervé qu'à Dieu de permettre le mal Trid. 1. 20 par la feule confideration d'en tirer du bien; c. 8. p. 167, que dans quelques circonftances qu'on fût, on devoit préferer le falut des ames au repos des états; que Luther n'ayant pas feulement perfeveré dans fes erreurs depuis l'édit de Charles V. mais en ayant encore enfeigné d'autres depuis, on devoit plûtôt augmenter la punition que la diminuer, & que la negligence dont on ufoit dans cette affaire, offenfoit

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