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niere dont il avoit été congedié & renvoyé I 5 2 1. chez lui. Pour conclufion il ajoûte, que pour fatisfaire à ce qu'il doit à Dieu, à l'églife, au pape, & à la dignité imperiale dont il eft revêtu; du confeil & confentement des électeurs, princes & états de l'empire, & en execution de la fentence du fouverain pontife, il déclare qu'il tient Martin Luther pour héretique obftiné & notoire; féparé de l'églife, & commande qu'il foit tenu pour tel par un chacun; défend à qui que ce foit,fous peine de crime de leze-majesté, de perte de biens, & d'être mis au ban de l'empire, de le recevoir, de le défendre, de le foutenir ou de le proteger, foit de fait ou par écrit ; ordonne à tous les princes & états de l'empire, fous les peines accoutumées, de le prendre & emprifonner après le terme de vingt & un jours expirés, & de poursuivre tous fes complices. adherans & fauteurs, les dépouillant de tous leurs biens, meubles & immeubles. Il défend encore de lire ni de garder aucun de fes livres, quand même il y en auroit quelqu'un où il fe trouveroit de bonnes chofes, ordonant aux princes & aux magiftrats de les brûler & abolir entierement. Et d'autant qu'on avoit imprimé en divers endroits des abregez de fes livres, il défend de les imprimer, comme auffi de garder aucune de ses eftampes ou images, où le pape, les cardinaux & les prélats font representez avec des habits & des poftures ridicules, commande aux magiftrats de s'en faifir, & de les brûler, puniffant les imprimeurs & tous ceux qui en vendront & en acheteront. Enfin il fait une défenfe generale d'imprimer aucun livre en matiere de foi, fi petit qu'il puiffe être, fans l'approbation de l'ordinaire, ou de quelque univerfité voifine.

Luther eut nouvelle de cet édit dans fa re

1521,

XVIII.
Cenfure

té de théo

traite, qu'il appelloit fon ifle de Pathmos, & n'en devint que plus furieux; mais ce qui le déconcerta davantage, fut d'apprendre que la faculté de théologie de Paris venoit de cenfurer fes ouvrages & les erreurs, & qu'elle avoit de la facul condamné fa doctrine en plus de cent propofi- logie de Pations. La maniere rigoureufe dont elle le trai- ris contre toit lui parut d'autant moins fupportable, les erreurs qu'il l'avoit au commencement reconnue pour de Luther. juge de fes differends avec le faint fiége, & D'Argenqu'il s'y étoit foumis avec de grands éloges. judic de

tré, collect.

nov. erior.

D. 365. &

16.

Cette cenfure fut rendue dans une affemblée tenuë chez les Mathurins le quinziéme d'Avril 1921. arrêtée & confirmée du confentement feq. unanime de tous les docteurs. La faculté y expofe d'abord la neceffité de s'oppofer au poifon des nouvelles erreurs capables d'infecter les fi- 11. ad Ti deles, fuivant l'avis de faint Paul, donné à Ti- mot. c. 2. mothée, de fe conduire comme un miniftre du 15. & Seigneur fans reproche, pour fçavoir à propos difpenfer la parole de la verité, & fuir les difcours vains & profanes, qui contribuent beaucoup à infpirer l'impiété. Car fi ces erreurs faififfent une fois l'efprit des fimples, elles font un progrès infini, elles gagnent comme la gangrene, qui auffi-tôt qu'elle a atteint les chairs vives, ne manque pas d'infecter tout ce qu'elle approche jufqu'à ce qu'elle ait causé la mort. La cenfure le prouve par les exemples d'Hermogenes, de Philetes, d'Himenée, d'Ebion, de Marcion, d'Apelles, de Sabellius de Manès, d'Arius; dans ce dernier tems par ceux de Valdo, de Wiclef & de Jean Hus, & enfin par celui de Luther même & de fes fe&tateurs.,, Ces enfans d'iniquité s'efforcent, (dit la faculté,) de déchirer l'églife leur mere ; Luther tient entre eux le premier ,,rang comine un autre Ahiel, qui, contre

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l'anathême de Jofué voulut rebâtir JériIf21. cho. Il ramene les anciennes erreurs, s'applique à en forger de nouvelles, & croit avoir plus de fageffe que tous ceux qui font & ont été dans l'églife. Il ofe préferer fon jugement à celui de toutes les univerfitez. Il méprife les autoritez des faints peres & des anciens docteurs de l'églife; & pour mettre le comble à fon impiété, il s'efforce de détruire les décifions des facrez conciles,

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" comme fi Dieu lui avoit réfervé la connoif

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fance de plufieurs veritez neceffaires au sa,, lut, que l'églife auroit ignorées dans les fiecles précedens, & comme fi elle eût été abandonnée par Jefus-Chrift fon époux aux ténebres de l'erreur ".

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Enfuite la faculté montre que Luther a tiré fes erreurs des anciens Héretiques; qu'il fuit l'opinion des Manichéens fur le libre arbitre; des Huffites fur la contrition; des Wiclefites fur la confeffion; des Bégards fur les préceptes de la loi; des Cathares fur la punition des Héretiques; des Vaudois & des Bohémiens fur les immunitez ecclefiaftiques & les confeils évangeliques. Sur les fermens, il convient avec ces Héretiques, qui fe vantoient d'être de l'ordre des Apôtres; fon opinion fur l'obfervance des céremonies légales approche fort de l'hérefie des Ebionites. Au refte, il renverse la doctrine de l'abfolution facramentalle, de la fatisfaction, de la préparation à l'Euchariftie, des pechez, des peines du purgatoire, des conciles géneraux. Il parle en ignorant des principes de la hierarchie, comme de la puiffance ecclefiaftique & des indulgences; & non content d'avoir fouvent prêché des erreurs fi pernicieuses, il les a voulu perpetuer dans un ouvrage auquel il a donné le titre de la Captivité de Baby

lone: ouvrage rempli de tant d'erreurs, qu'il merite d'étre comparé avec l'Alcoran, puif- 15 2 1. qu'il y renouvelle des héréfies tout-à-fait éteintes, dont il ne reftoit aucun veftige, principalement fur ce qui concerne les facremens de l'églife. Un tel écrivain peut paffer pour l'ennemi le plus pernicieux de l'églife, qui ne travalle qu'à rétablir, les blafphêmes des Albigeois, des Vaudois, des Heracléonites, des Peputiens, des Aeriens, des Jovinianiftes,des Alcoritites, & d'autres monftres femblables.

:

On entre enfuite dons le détail des propofi- XI X. tions qu'on cenfure. La faculté s'attache d'a- Erreurs du bord au livre de la captivité de Babylone, Captivité 1 vre de la comme contenant plus d'erreurs : elle réduit de Babylo le tout fous cinq articles, qui regardent les fa- ne que la cremens, les loix de l'églife, l'égalité des œu- facul.é vres, les vœux & la divine effence. Sur les fa- centure. cremens, voici les propofitions qu'elle con- D'Argindamne. I. Les facremens font d'une nouvelle tre, collect. invention; cette propofition eft témeraire, im- judic. de pie, & manifeftement hérétique. II. L'églife de . error. Jefus-Chrift ne connoît point le facrement de P. 3. l'ordre propofition hérétique, qui eft des pauvres de Lyon, des Albigeois & des Wiclefites. III. Tous les Chrétiens ont la même puisfance pour prêcher & pour adminiftrer les facremens IV. Les clefs font communes à tous les fideles. V. Tous les Chrétiens font prêtres : ces trois propofitions font hérétiques, & détruisent la hierarchie de l'église. VI. La Confirmation & l'Extrême-Onction ne font point des facremens inftituez par Jesus-Chrift: cette propofition eft hérétique, & renouvelle l'erreur des Albigeois pour le premier sacrement, & des Heracleonites pour le fecond. VII. On croit ordinairement que la meffe eft un facrifice cremens. que l'on offre à Dieu, d'où Jefus-Chrift eft ap

Des fa

pellé la victime de l'Autel; l'évangile ne per1521. met pas de dire que la meffe foit un facrifice: la feconde partie de cette propofition est déclarée impie, blafphêmatoire,hérétique. VIII. C'est une erreur manifefte d'appliquer & d'offrir la meffe pour les pechez, pour les fatisfactions, pour les défunts, pour fes befoins, & ceux des autres: cette propofition eft déclarée hérétique, conforme à l'héréfie des Aëriens, & des Artoritites. IX. Il n'y a point de doute que tous les prêtres, les moines, les évêques & leurs prédéceffeurs n'ayent été, & ne foient des idolâtres, & dans un très-grand peché, à 2 caufe de l'ignorance où ils font du facrement, & de l'abus qu'ils en font : cette propofition eft déclarée fauffe, fcandaleufe, injurieuse à tout l'ordre ecclefiaftique. X. Je croi fermement que le pain eft le corps de Jefus-Chrift : cette propofition eft déclarée hérétique, déja condamnée. XI. C'est une impieté & une tyrannie de refufer les deux efpeces aux laïques : cette propofition renouvelle l'erreur des Bohémiens, déja condamnée comme hérétique. XII. Ce ne font pas lesBohémiens qu'il faut appeller schifmatiques & hérétiques, mais les Romains: cette propofition favorife l'impieté des Bohémiens, & eft injurieufe à l'églife Romaine. XIII. Le mariage n'eft pas un facrement divinement inftitué, mais inventé par les hommes: cette propofition eft hérétique, & a été autrefois condamnée. XIV.L'union d'un homme & d'une femme doit tenir, quoiqu'elle ait été faite contre les loix. XV. Les prêtres doivent approuver tous les mariages contractez contre les loix ecclefiaftiques, dont les papes peuvent difpenfer, à l'exception de ceux qui font expreffement défendus dans l'ecriture: ces deux propofitions font fauses, dérogent d'une ma

niere

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