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1821.

Du livre de la Hie

rarchie celefte: attri

mens & a banni d'entre nous la veritable & fincere théologie. Cette propofition eft qualifiée de fauffe, avancée avec orgueil & ennemie de la faine doctrine. IV. Je trouve dans les fermons de Jean Tenter, écrits en langue teutonique, plus de Theologie folide & fincere que dans tous les docteurs fcolaftiques des univerfitez. Cette propofition eft manifestement temeraire. V. Dans le même tems que la théologie fcholaftique a commencé à paroître pour nous tromper, dans le même tems la théologie de la Croix a été anéantie, & tout eft entierement renverfé. Cette propofi tion eft fauffe, préfomptueuse, avancée fans raifon, & approche de l'erreur des Bohémiens déja condamnée. VI. L'églife depuis trois cens ans fouffre à fa ruine entiere, que les docteurs fcolaftiques fe foient donné la liberté de corrompre les écritures. Cette proposition eft fauffe & avancée follement & méchamment. VII. Les théologiens fcolaftiques ont menti en difant, que les morales d'Ariftote conviennent entierement avec la doctrine de JesusChrift & de faint Paul; l'auteur impofe ici fauffement & imprudemment aux théologiens. fcolaftiques, parce qu'ils n'ont pas parlé ainfi,. quoiqu'on foit affez perfuadé qu'en beaucoup de chofes les morales d'Ariftote conviennent avec la doctrine de Jefus-Chrift & de faint Paul.

Il y a une derniere propofition qui concerne le livre de la Hierarchie celefte attribué à faint Denis, où Luther dit que dans cet ou bue à faint vrage il n'y a prefque point de veritable & de folide érudition, qu'il eft rempli de rêveries, qu'il eft très-pernicieux dans la théologie myftique, plus Platonicien que Chrétien, & quedans la Hiérarchie ecclefiaftique il eft plein

Denis.

d'allegories, ce qui fait l'étude des perfonnes oifives.La faculté dit,que cette propofition eft faufse, avancée témerairement & avec arrogance, injurieufe à un faint homme, célébre par fa profonde érudition, que faint Jean Damafcene appelle le divin Areopagite, difciple de faint Paul, & qu'il a parlé divinement de Dieu. Ces docteurs dans cette cenfure fuppofent fans raifon que ce livre eft de faint Denys P'Areopagite.

1521.

X X I.

crire conrre

Henri VIII. roi d'Angleterre, voulut auffi HenriVIII. attaquer par écrit la doctrine de Luther, après roi d'Anavoir fait plufieurs édits très-rigoureux pour gleterre empêcher que fes héréfies n'infectaffent fon pente à é royaume. Comme ce prince avoit beaucoup Luther. étudié les ouvrages de faint Thomas d'Aquin, dont Luther parloit fort mal dans plufieurs de fes ouvrages, & que c'étoit là proprement où il avoit puifé tout ce qu'il fçavoit de theologie, il ne put fouffrir de voir ainfi méprifer un auteur fi refpectable, fi profond, & duquel il avoit tiré tant de lumière. Il fe crut donc affez fort pour répondre aux écrits de Luther, & pour écrire un livre capable de le confondre; mais comme Leon X. avoit expreffément défendu par la bulle de lire les ouvrages de ce religieux, & qu'une réponse en fuppofoit néceffairement la lecture, le cardinal de Volley crut être obligé de demander au pape, qu'il lui don nât pouvoir d'accorder une permiffion de lire les ouvrages de Luther à ceux qui voudroient les lire pour les réfuter. Leon X. Iui accorda volontiers fa demande, par un bref du quinziéme Avril 1 521.fans fçavoir que le roi Henri avoit deffein d'écrire lui-même contre cet hérétique.

XXII.

Ce prince fit donc un traité de controverfe fur les fept facremens que l'églife catholique Il compofe

1 5 21.

mens.

Cochlaus,

de actis

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reconnoît, & il le dédia au pape, à qui il fur présenté dans le mois d'Octobre 1521. Quelun livre ques-uns ont crû que Henry VIII. n'avoit fait pour la dé que prêter son nom & que cet ouvrage étoit fenfe des de la compofition d'Edouard Lée;mais ce fait fept facre- n'eft pas certain: Henry ayant affez bien étudié en philofophie & en theologie dans fa jeuneffe, parce qu'il avoit été destiné d'abord fcriptis Lu- par Henry VII. à l'état ecclefiaftique, pouvoit être en état de faire un tel écrit, fur-tout 1521. en fe faifant aider par quelque theologien plus Sleidan, in profond: quoiqu'il en foit, il y prouve & défend les indulgences, la puiffance du pape, le ', 3. p. b. 78. Pallavicin nombre des fept facremens, & les autres artihift. conc. cles que Luther avoit jufqu'alors combattus Trid. liv., & il fe fonde beaucoup fur les principes de cap. 1.

ther. ann.

Comment.

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faint Thomas d'Aquin. Il blâme Luther d'avoir d'abord abaiffé les indulgences, fous prétexte de relever la pénitence, & maintenant de ne leur laiffer point d'autre effet que de tromper les fimples, en les appauvriffant. II avoue qu'il y a peut-être de l'excès en les diftribuant il montre qu'elles ne font pas moins falutaires à ceux qui en font un légitime ufage, & dit, que c'eft manquer de refpect pour le faint fiége, que de fouffrir qu'on difpute de fon autorité fouveraine dans l'églife.

Il ajoûte que Luther avoit bien vû qu'il lui feroit impoffible de toucher aux facremens, tant qu'il refteroit une puiffance vifible, capable de les maintenir, & que ç'avoit été pour éluder cet invincible obftacle, qu'il s'étoit enfin foulevé contre les papes, après les avoir premierement reconnus comme fuperieurs de droit divin, & depuis feulement de droit humain, que l'infolence ne pouvoit monter plus haut que d'ôter tout d'un coup

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quatre des fept facremens, & de parler encore du cinquiéme en des termes qui fignifioient, 1521. que fi Luther faifoit grace, ce ne feroit pas pour long-tems; qu'il ofoit nommer l'Euchariftie le facrement du pain, quoique les peres ayent dit qu'il ne reftoit plus que la figure du même pain; & qu'il s'étoit par-là frayé le chemin de la transubstantiation & ravir à la meffe ce qu'elle avoit de plus précieux, en lui êtant la qualité de facrifice; que fa doctrine ne tendoit qu'à l'endurciffement de tous les pecheurs dans leurs crimes, en leur apprenant que les bonnes œuvres ne fervoient de rien pour la juftification, & qu'elle mettoit tout le défordre imaginable fous la protection ou plûtôt fous la couverture de la foi; qu'elle introduifoit une horrible confufion dans l'église & dans l'état en difpenfant les fujets d'accomplir les voeux qu'ils avoient faits à Dieu, & d'obéir aux loix de leurs fouverains; que des trois parties de la penitence il ôtoit les deux plus difficiles, la confeffion & la fatisfaction; & qu'il privoit la confirmation & le mariage de la qualité de facrement, parce que l'écriture fainte ne la leur donnoit pas affez clairement à son gré; qu'enfin il anéantiffoit le facerdoce en le communiquant à tous les fideles fans autre fondement qu'un paffage mal entendu, qui, s'il étoit pris dans le mauvais fens qu'il lui donne, établiroit autant de rois dans le monde qu'il y auroit de chré tiens; que ne voulant pas d'un côté reconnoître l'extrême onction pour facrement, & ne pouvant de l'autre contefter que faint Jacques ne l'ait dit évidemment, il s'étoit avifé de prétendre que l'épitre de cet apôtre n'étoit pas canonique.

On préfenta cet ouvrage de Henry VIII.

XXIII. On préfen

au pape en plein confiftoire, & fa fainteté le 1 § 21. reçut avec beaucoup de joye; elle en fit l'éloge en termes extrêmement flateurs, ne faifant point de difficulté de le mettre en paralelle avec les ouvrages de faint Auguftin & de faint Jerôme. Quelques jours après "Leon X. affembla les cardinaux pour déliberer avec eux fur la maniere dont il pourroit reconnoître le fervice que le roi d'Angleterre venoit de rendre à l'églife.

te au pape l'ouvrage de Henri Vill.

XXIV.

Le pape donne au

Après une affez longue conference, ils ré– folurent d'honorer ce monarque du titre de défenfeur de la foi. Le pape fit donc expedier roi d'An. une bulle par laquelle il conferoit le titre de gleterre le défenseur de la foi à Henri & à tous les rois fenfeur de d'Angleterre fes fucceffeurs, & en même tems la foi. il lui adreffa un bref pour le remercier de fon Pallavic. livre.

titre de dé

hift. conc. Trid. lib 2.

Il feroit affez difficile d'exprimer quel chagrin conçût Luther, quand il apprit que le roi d'Angleterre, imitant l'univerfité de Paris, venoit d'écrire contre lui, il ne confulta plus que fa fureur & fes emportemens. Il avoit toûjours protefté de vive voix & par écrit, fur tout devant le cardinal Caïetan, & à la fameufe difpute de Leipfick, qu'il regardoit l'univerfité de Paris comme la maîtreffe de la veritable théologie, & paffant dans une autre extremité, à peine fe vit-il condamné qu'il traita fes docteurs, non feulement comme les premiers corrupteurs de cette théologie; mais auffi comme les plus ignorans & les plus ftupides de tous les hommes, fans lumieres, fans efprit, fans difcernement, & comme s'il n'eût pas daigné refuter ferieufement lui-même la Melanch- cenfure de la faculté.Philippe Melanchton fon fidele difciple, homme fort verfé dans les belles lettres, & qui enfeignoit dans l'univer

XXV.

ton écrit

contre la

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