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I

paroiffoit plein de pieté, & même néceffaire, 1521. S'établiroit plus avantageufement & fans obftacles; que pour lui qui n'avoit pas étudié l'écriture fainte, il ignoroit en quel tems l'ufage des meffes privées, qu'ils condamnoient, avoit été introduit dans l'églife, & en quel tems celui qu'ils difoient que les apôtres avoient obfervé, avoit ceffé, qu'il fçavoit bien toutefois, que plufieurs églifes & plufieurs monafteres ont été fondez pour y célébrer des meffes, & qu'on leur a affigné un certain revenu à cet effet; que fi l'on aboliffoit ces meffes,en ôtant aux églifes,aux monafteres, & aux beneficiers, les grands revenus donnez pour ce fujet, il en arriveroit une confufion terrible, dont on le regarderoit comme l'auteur; qu'ainfi son avis étoit, qu'après avoir examiné l'affaire avec les principaux membres de l'univerfité & du clergé, les plus fçavans, & les plus gens de bien, ils reglaffent le tout avec tant de moderation, que l'on ne fit rien qui pût exciter des troubles, des divifions, & des féditions parmi le peuple.

Les députez en délibererent donc avec d'autres de leur corps, & vinrent le lendemain faire leur rapport à l'électeur : ils lui dirent, que tous avoient décidé,qu'il falloit abolir les mesfes privées, & qu'on pouvoit le faire fans bruit, & que,quand il en arriveroit quelque tumulte, on devoit toûjours l'entreprendre; parce que XXXII. l'abus étoit fi grand, qu'il étoit impoffible de fe difpenfer de l'abolir; que ce n'étoit pas une chofe nouvelle de trouver des oppofans à l'établiffement de ce qui eft pieux & raisonnable; que le plus grand nombre a toûjours résisté à la faine doctrine depuis le commencement du monde; & que c'eft une grace particuliere, que Dieu fera à quelques-uns d'approuver &

On abolit les mefes privecs à Wittemberg. Sleidan, in comment Lib. 3. 77

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de recevoir l'ufage légitime de la céne du Seigneur, que le rite de la meffe,qui étoit prefcrit 15 2 1. par l'écriture fainte, étoit visiblement fi different de celui des meffes privées, qu'il étoit inutile de déliberer plus long-tems, que les congregations & focietez inftituées n'avoient eu des fondations & des revenus pour dire un certain nombre de meffes privées, mais pour élever les jeunes gens dans les sciences & dans la pieté, & que ces mêmes revenus pourroient être affignez à ceux qui enfeigneroient & qui feroient inftruits, & employez au foulagement des pauvres; que cette coûtume avoit fubfifté jufqu'au tems de faint Bernard, & que c'étoit depuis environ quatre cens ans, qu'on avoit introduit ce trafic des meffes, qu'il falloit entierement abolir; que, quand cette profanation feroit plus ancienne, on ne devoit pas la fouffrir pour cette raifon; que peut-être ce changement cauferoit quelque trouble; mais qu'il faudroit l'attribuer feulement à la méchanceté des ennemis du bien, qui combattoient la verité contre leurs confciences, dans la vûë du profit qu'ils en pourroient tirer. Le prince parut fatisfait de cette réponse, & ainfi les meses privées furent abolies dans Wittemberg, & bien-tôt après dans tous les états.

Toute cette conduite prouvoit affez, que la religion ne tiroit pas un grand avantage de l'édit de Charles V. & que, quelque fevere qu'il fût, il n'arrêtoit point le progrès de l'héréfie en Allemagne. Ce prince avoit congedié la diete de Wormes dès le vingt-quatriéme d'Avril;mais avant que de partir lui-mêmepour la Flandre, il preffa le nonce d'écrire au pape, afin qu'il agréât une ambaffade de fa part, pour recevoir l'inveftiture du royaume de Naples. Le nonce lui fit fentir,que Leon X. ne pa

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de

roiffoit pas difpofé à lui accorder cette deman152 1. de, fur quoi Charles dit : J'irai donc moi-même en perfonne à Rome trouver le pape, & je me ferai accompagner quarante mille hommes pour lui offrir mes fervices. Cette réponse fut mandée à Leon X. qui en fut trèsmécontent; mais il fe laiffa adoucir à la vûë de l'argent qu'on lui préfenta à la fête de faint Pierre, & il envoya l'inveftiture à l'empereur, avec de nouveaux privileges.

XXXIII. Commencemens de

la guerre

Les anciennes inimitiez entre Charles & le roi de France s'étant renouvellées on en

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vint bien-tôt aux mains de part & d'autre. Guichardin accufe le pape d'avoir fomenté entrechar & même excité des divifions, s'alliant tantôt avec l'un, & tantôt avec l'autre, & commençant par François I. qu'il connoiffoit plus Guichardin facile.

les V. &

François I.

lib. 14.

1.fur laNa

varre.

Ce prince, après avoir fait une alliance avec Henry VIII. roi d'Angleterre, ne differa pas long-tems d'exécuter fon deffein fur la ÑaXXXIV. varre. La conjoncture lui étoit très-favorable; Entrepiife prefque toute l'Espagne étoit foulevée, & les de François féditions continuoient dans la plus grande partie des meilleures villes. Par le traité de Noyon Charles V. s'étoit engagé à rendre la Navarre à Henri d'Albret dans quatre mois, faute de quoi François I. avoit la liberté de donner du fecours à Henri pour recouvrer fon royaume. Charles n'avoit point accompli cette condition de plus les deux regens d'Espagne avoient tiré les troupes de Pampelune & des autres places de la Navarre pour renforcer l'armée, qui devoit agir contre les rebelles. Le roi de France envoya donc dans ce royaume dès le commencement du mois de Mars de cette année, André de Foix, feigneur de l'Efparre frere du maréchal de Lautrec, avec une armée, dont la marche fut fort subite. Ce ge

XXXV.

L'E fparre fe readmaitre de pre

que toute la Navarre.

:

1 5 2 1.

Petrus de

neral ayant trouvé le roiaume fans troupes, fe rendit maître d'abord de saint Jean de Piedde-port, qui eft comme la clef du païs. Le duc de Najarre viceroi du roïaume, ayant aban- Angleria, donné Pampelune le 17 de Mai, quelques fei- ep. 721. gneurs Efpagnols s'enfermerent dans la citadelle, réfolus de la défendre auffi long-tems qu'ils pourroient: de ce nombre étoit le celebre Ignace de Loyola, qu'on nommoit Inigo en fa langue, & dont le pere, feigneur d'Ognez & de Loyola tenoit un des premiers rangs parmi la nobleffe du pais de Guipufcoa.

Le feigneur de l'Efparre fut maître de la Navarre dans l'espace de quinze jours: s'il en fût demeuré là, l'empereur l'auroit absolument perdue pour long-tems; mais le defir d'acquerir de la gloire ou de procurer l'avantage du roi fon maître, le porta à entrer dans la province de Guipufcoa, & à faire le fiége de Logrogno. Les regens d'Espagne affemblerent auffitôt toutes leurs forces pour s'opposer aux François, qui non contens de la Navarre en vouloient encore à l'Espagne; les mécontens même, qui venoient d'être réduits en faveur de l'amniftie qu'ils avoient acceptée, menerent toutes leurs troupes aux regens; Don Pedro Giron, D. Juan qui étoit à leur tête, fut un des premiers. L'E- Antonio de fparre, qui étoit devant Logrogno, voyant ve- Vera, bijt. nir contre lui une armée beaucoup plus forte V. p. 68. que celle qu'il commandoit, voulut fe retirer vers Pampelune; mais les Efpagnols y étant arrivez avant lui, par un chemin que les François croyoient impraticable, les deux armées fe trouverent en prefence dans la campagne de Squiros à une grande lieuë de Pampelunc. Il fallut en venir aux mains; l'Efparre eut d'abord beaucoup d'avantage, fa gendarmerie renverfa les premiers Efcadrons Espagnols;

de Charles

1521.

mais l'amirante de Caftille étant venu au fecours, les François furent battus avec perte de XXXVI. plus de quatre mille des leurs, & l'Efparre fait Les Fran prifonnier. Cette defaite arriva le 30. de Juin, çois font & fut caufe de la perte de la Navarre, dont les battus par Efpagnols recouvrerent la poffeffion en moins les Efpade tems que les François n'avoient été à la gnols & chaffésdela Conquerir. Ainfi le roi de France eut le chagrin Navarre. d'avoir employé fon armée fort inutilement, & d'avoir fait connoître à l'empereur par des lettres interceptées, dont fe trouva faifi l'EfparXXXVII re, les difpofitions de la France à fon égard. François I. Dans le tems que François premier faifoit beit de la attaquer la Navarre, il travailloit d'un autre Marx con- Côté à foulever Robert de la Marck, prince tre l'empe- de Sedan & de Bouillon contre Charles V.

fufeite Ro

reur.

Mem.du

Robert avoit fait adjuger par les Pairs de faDuché, la ville d'Hierge dans le païs des Ardennes à l'avantage du prince de Chimay de la maison de Croy, contre le Baron d'Aymeries; qui la pourfuivoit : celui-ci fe pourvût auprès de l'empereur, & en obtint des lettres de relief,par le moyen defquelles il y eut une fommation faite aux enfans du prince de Chimay de comBellai l. 2, paroître devant le chancelier de Brabant, qui en avoit reçu la commiffion. Robert de la Mark indigné qu'on ajournât des pupilles, dont il étoit tuteur, & qu'on donnât atteinte à fa fouveraineté de Bouillon, qu'il prétendoit ne relever de perfonne,deputa à l'empereur pour faire valoir fon droit, & fur le refus qu'on fit de lui rendre juftice, il fe jetta dans le parti de la France, & vint trouver Françios I.àRemorentin. Fier de la protection, que ce prince lui accordoit, il envoya un cartel de défi à l'empereur, & le comte de Fleurange fon fils aîné à la tête de quatre ou cinq mille hommes vint affiéger Virton, place de la province

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