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ces deux conditions, qui furent accordées ; l'une, que Luther ne prêcheroit point en al- 15 2 1. lant de Saxe à Wormes; l'autre, qu'il ne publieroit aucun livre jusqu'à ce qu'il eût été entendu.

L'empereur accompagna ce fauf- conduit d'une lettre datée du fixiéme Mars, dans laquelle il mandoit à Luther qu'il vouloit fçavoir par lui-même, s'il étoit l'auteur de quelques ouvrages qu'on lui attribuoit, & s'il ap prouvoit la doctrine qu'ils contenoient, qu'il pouvoit venir furement à Wormes avec le fauf-conduit qu'il lui envoyoit, & qu'il lui feroit également libre de retourner chez lui. Sur ce fauf-conduit Luther partit de Wittemberg afin de fe rendre à Wormes, avant le terme de vingt jours que l'empereur lui avoit fixé: il étoit accompagné d'un exempt nommé Gafpard Sturmius, qu'on lui avoit envoyé de Wormes pour lui fervir de fauve garde. Etant à Erfod, il logea dans le monaftere des Auguftins où il avoit pris l'habit de religieux, & comme c'étoit le dimanche de Quafimodo on l'engagea de prêcher : Luther le fit malgré la défenfe qui lui en étoit faite dans le fauf-conduit, & tant par curiofité, que par le defir de l'entendre, il eut un très-grand nombre d'auditeurs: il déclama beaucoup contre les bonnes œuvres & les loix humaines. “L'un, ( dit-il, ) bâtit un tem„, ple, l'autre va en pelerinage à faint Jacques où à Rome; un troifiéme jeûne, prie, va nuds pieds; tout cela ne fert de rien, il faut que cela foit détruit ; car tout ce qui vient du pape, n'eft que pour obliger de donner ce feroit peu de chofe fi l'on ne faifoit que piller les hommes; mais le pis eft qu'on leur veut perfuader par-là que les A j

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V.

L'empe

reur écrit

a Luther en lui en

voyant un fauf - conduit.

Sleidane comment. l.

3. p. 63. V I.

Luther

part de

Vviteme berg pour fe rendre à vvormes. Atav vormatic. condic. Vatic.

vent. ex co

Slaidan.

lib. 3. cap.

64

Pallavic Lib 1. 6. 26. Vlumberg. in vita & actis Lis theri cap.

6. s. 2 p.. 86,

1521.

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œuvres corporelles peuvent les justifier & les fauver., D'Erford il fe rendit à OppenCochlaus heim, où il apprit que le pape l'avoit excomin actis Lu- munié à Rome, nommément le Jeudi-faint. sheri, p. 31. Sur cette nouvelle, les plus timides d'entre ceux qui l'accompagnoient, tâcherent de le diffuader d'aller à Wormes,en lui montrant le nombre & la qualité de ses ennemis, & le conjurant de profiter de l'exemple de Jean Hus; mais il leur répartit, qu'il leur étoit infiniment obligé de leur foin, quoique femblable,difoit-il, celui de la femme de Pilate pour Jesus-Christ, & que le demon avoit excité l'un & l'autre pour la même raison; que cet ange de ténebres voyoit en l'un & en l'autre cas fon trône fur le point d'être renverfé, & qu'il employoit fes dernieres rufes à deffein de le conferver: il ajoûtoit, que bien qu'il fut affuré d'avoir autant de diables fur les bras, qu'il y avoit de thuiles fur les maifons de cette ville-là, parlant de Wormes; il vouloit toutefois y

Sleidan, 43.6.64.

VII.

mes,

gé.

& Y

aller.

11 Il y arriva le feiziéme d'Avril, accompaLuther ar- gné de huit cavaliers, & vint fe loger dans la rive à Wor- maifon des chevaliers de l'ordre teutonique eft interro- proche du palais où demeuroit l'électeur de Saxe; le lendemain dix-feptiéme du même Cechleus, mois, il fut introduit à la diete fur les quatre de actis d heures après midi par le comte de Papenheim fcript Lu maréchal de l'empire, qui lui ordonna d'abord theri, boc de ne parler que pour répondre précisément an. 1525, à ce qu'on alloit lui demander de la part de Pallavicin. Pempereur. Alors le jurifconfulte Eckius, l'un hift. 1. s. des confeillers du duc de Baviere, lui dit ·Sub

c. 26.

finem.

que

fa majefté imperiale l'avoit mandé pour entendre fa réponse fur deux articles; le premier, s'il étoit l'auteur des livres publiez fous fon nom, dont il voyoit les exemplaires &

s'il vou

entendoit lire les titres. Le fecond, loit en maintenir la doctrine, ou fe retracter 1521. des erreurs qu'ils contenoient. Luther répon dit, qu'il reconnoiffoit les livres ; qu'il avoüoit tous ceux qui portoient fon nom; mais quant au fecond article, il demanda du tems pour déliberer s'il les défendroit ou non, parce qu'il s'agiffoit de la chofe du monde la plus importante; fçavoir, la foi & la parole de Dieu, où il ne falloit rien précipiter, de peur d'en dire trop ou trop peu, ce qui ne feroit pas confeffer Jefus-Chrift devant les hommes, comme il avoit deffein de le faire. Les princes, après avoir déliberé fur fa demande, lui firent dire par Ecxius, que, quoiqu'il fût affez bien informé des raifons pour lesquelles l'empereur l'avoit fait venir à Wormes, & qu'il cût dû avoir médité les réponfes qu'il avoit à faire, paffant pour un docteur fi célébre, sa majefté imperiale toutefois vouloit bien lui accorder un jour, à condition qu'il fe préfenteroit le lendemain, & qu'il répondroit de vive voix,& non pas par écrit. Il fe retira auffi-tôt après.

Luther

comparoît une fecon

Le lendemain il fut conduit à l'audience par V111. l'exempt Sturmius jufqu'à la porte de la falle, & fur les fix heures on le fit entrer. Eckius lui dit: "Puifque vous n'avez pas voulu répon- de fois à la dre la veille à la demande qu'on vous a fai- diete de ,, te, & qu'on vous a accordé un jour, quoi

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Wormes.

Sleidan.

„, qu'on eut pû vous refufer du tems pour Pallavic. nous répondre, chacun devant être toû- hift. conc. ,, jours prêt de répondre fur fa foi, & de ren- Trid. l. 1. dre raifon de fa doctrine au premier qui la C. 27. demande, vous, fur-tout, qui êtes fi habile lit 3. p.65. & un theologien fi profond, vous ne deviez Cochlaus. ,, pas avoir befoin de tems pour méditer vos pag. 33. ,, réponses; mais quoiqu'il en foit, qu'avez

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1521.

I X.

cours dans

cette diete

seur.

Sleidan, lib. 3. p65.

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Vous à dire aujourd'hui ? Voulez-vous foutenir la doctrine contenue dans vos écrits Auffi-tôt Luther prit la parole, & s'adrefSon dif fant à l'empereur & à toute l'affemblée, il les pria tous de l'entendre avec bonté & avec paen préfence tience" Si je fais quelque faute, (dit-il) trèsde l'empe-> puiffant empereur, & très-illuftres princes, en me fervant de termes impropres & pen convenables à une fi célebre affemblée, & fi je n'employe pas toute la politeffe requife, ,, je demande en grace que vous ayez quel,, que égard au genre de vie dans lequel j'ai paffé une bonne partie de mon âge; car je ne puis me promettre autre chofe, ni rendre d'autre témoignage qu'une fincere proteftation, que tout ce que j'ai fimplement enfeigné jufqu'à préfent, n'a été que pour la gloire de Dieu & le falut des hommes. Sur la premiere demande qu'on me fit hier, je n'ai fait aucune difficulté de reconnoître ,, que les livres qu'on m'a nommez font de moi; que fi mes ennemis y ont ajoûté quel,, que chofe, je n'en fuis pas refponfable,& on ne doit pas le regarder comme venant de ,, moi. Il s'agit préfentement de répondre à la feconde queftion.

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Pour y fatisfaire, il pria l'affemblée d'obferver que les livres qu'il avoit composez, n'étoient pas d'une même forte, & traitoient de differens fujets; qu'il y en avoit quelques-uns dans lefquels il n'avoit traité que des matieres de pieté & de morale, d'une maniere fi fimple, que fes adverfaires mêmes leur rendoient un témoignage avantageux, & que par confequent il ne pouvoit les retracter,fans manquer au devoir d'homme de bien & de probité, qu'il y avoit d'autres ouvrages de lui, dans lefquels il reprend la papauté & la doctrine de

la cour Romaine, qui avoit tant affligé la République chrétienne, que perfonne ne peut $21. nier que les loix du pape fondées fur les traditions humaines ne tiennent les confciences des fideles fous une tyrannie infupportable; que l'Allemagne a autant & même plus de fujet de s'en plaindre qu'aucun autre pays de la Chrétienté, & qu'elle n'eft pas prête de voir la fin de ces vexations, fi elle n'y met ordre promptement; qu'on ne peut l'obliger à fe rétracter fur ce point, & à condamner fes li~ vres, fans approuver la conduite de cette cour, & donner à fes miniftres un nouveau droit de l'exercer, ce qui cauferoit un préjudice d'autant plus grand, qu'on ne manqueroit pas de publier par tout qu'il l'auroit fait par l'autorité de l'empereur & des princes; qu'enfin il y avoit des écrits pour fa défenfe contre quel-, ques particuliers, qui voulant établir la tyrannie Romaine avoient attaqué les veritez qu'il enfeignoit, & l'avoient chargé de calomnies; Inter opera qu'à la verité il ne défavoüoit pas que dans Lutheri in fes ouvrages la chaleur de la difpute ne l'eût actis porté trop loin; qu'il leur avoit répondu avec vent.V vor trop d'aigreur; qu'il ne s'attribuoit aucune fainteté ni dans fes mœurs, ni dans fa vie; qu'il faifoit profeffion d'enfeigner la vraie dotrine appuyée des témoignages évidens de l'Ecriture fainte, & qu'il ne vouloit point la rétracter, de peur que les ennemis n'en tiraffent avantage; qu'il n'avoit garde de prétendre qu'il ne fe fût jamais trompé, puifqu'auflitôt qu'on étoit homme on devenoit fujet à l'erreur; mais qu'il n'avoit qu'à répeter ce que Jefus-Chrift frappé fur la joue par un domeftique du Grand-Prêtre, avoit répondu, Si j'ai mal parlé, rendez témoignage du mal que j'at dit; Que fi le Sauveur du monde, comblé de

con

mat, t..

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