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Juin il demanda à Guichardin de s'aboucher avec lui; ce qu'on lui accorda volontiers, en 1521. prenant les furetez ordinaires.

de la

& de Gui

1. 14.

Lefcun accompagné de Trivulce s'étant LIII. rendu à l'entrée du ravelin de la porte de Par- Entrevûë me, fe plaignit de ce que le pape avoit donné de Lefcun retraite aux bannis de Milan dans Reggio, & chardin dit que c'étoit violer la foi des traitez. Gui- dans Regchardin fe plaignit auffi de ce que, contre la gio foi des mêmes traitez, les François entroient à Guicciard. main armée, sur les terres de l'églife. Pendant qu'ils fe faifoient ces reproches mutuels, on entendit un grand bruit, qui venoit de ce que Bonneval; qui étoit à une autre porte ville avec des troupes, y voulut entrer de force dans le tems qu'on l'ouvroit pour y faire entrer une charette chargée de farine. Les habitans irritez tirerent fur les foldats de Bonneval, & à l'occafion de ce bruit, ceux qui étoient fur la muraille proche du lieu où fe faifoit l'entrevuë, tirerent aussi sur ceux qui accompagnoient Lefcun; & Trivulce fut percé d'un coup d'arquebufe dont il mourut deux jours après :ils auroient traité de même Lefcun, s'ils n'euflent apprehendé de blefler Guichardin qui s'entretenoit avec lui. Lefcun voyant Trivulce tomber à dix pas de lui, fe laiffa conduire dans la place pour fauver la vie, & Guichardin le renvoya peu de tems après, pour empêcher de croire qu'il eût penfé à l'arrêter.

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XIV.

Le pape

contre la

Comme le pape avoit fait de grandes plaintes de la conduite de Lefcun, proteftant que, puifque les François avoient violé l'alliance fe déclare en faifant irruption fur les terres de l'églife France. il n'étoit plus obligé de la regarder. Lefcun lui Guicciardenvoya Lamothe Grouin faire fes excu- l, 14. fes; mais cet envoyé fut très-mal reçu, & le pape, qui crut qu'il étoit tems de fe déclarer

pour

joignit fes galeres avec celles de Naples pour 1521. furprendre la ville de Genes, difpofa fon armée entrer dans le Milanez, & prononça pour une fentence d'excommunication contre Lefcun. Il dit aux cardinaux qu'il alloit négocier avec Jean Manuel ambaffadeur de sa majesté imperiale, pour conclure un traité contre la France, quoiqu'il y eût plus de deux mois que ce traité eut été figné. Cependant les menaces du pape n'eurent pas d'abord grand effet. Ses galeres avec celles de Naples ne purent furprendre la ville de Genes, parce qu'Octavien Fregofe découvrit à propos la conjuration formée par le chancelier Moroné, & pourvut fi bien à la garde du port que les ennemis n'oferent mettre pied à terre. De plus Mainfroy Pallavicin, chargé des commiffions du pape & de P'empereur, tacha inutilement de furprendre la ville de Côme. Le comte de Grammont qui en étoit gouverneur, se tint fi bien fur fes gardes, que les troupes de Pallavicin furent repouflées & lui-même fait prifonnier. On se faifit de les papiers qui convainquirent le roi de France. que le pape lui étoit tout-à-fait contraire : c'eft pourquoi fa majefté preffa Lautrec de retourner au plûtôt à Milan.

L V.

Ce feigneur par un fecret preffentiment de On renvoie fon malheur ne vouloit point quitter la France. Lautrec Il fçavoit qu'il n'y avoit point d'argent au trédans le Mi- for royal, il connoiffoit la négligence & la lui donner prodigalité du roi ; & il refufa conftamment de d'argent. partir, à moins qu'on ne lui donnât trois cens Belcarius, mille écus, fans lefquels il proteftoit que le du

lanez fans

lib. 17.

ché de Milan ne pouvoit fe conferver: mais les inftances de fa fœur, les ordres du roi, la promeffe pofitive même avec ferment d'envoyer cette fomme incontinent après lui, le déterininerent, il prit la pofte, & arriva à Milan. Il

connut bientôt qu'il avoit eu raifon de craindre; l'argent ne lui fut point envoyé, le roi ou- 1521. blia fes promeffes; & la régente qui le haïfloit pour avoir parlé indifcretement de certaines galanteries dont on foupçonnoit cette princeffe, divertit ce fond à d'autres ufages. Ce qui augmenta l'embarras de Lautrec à fon arrivée dans Milan fut que le vingt-neuf de Juin jour de la fête de S. Pierre & S. Paul un coup de foudre avoit mis le feu dans la tour du château où étoient les poudres, & l'avoit fait fauter en l'air, & le refte de l'édifice demeura tellement ébranlé, qu'on fut obligé d'y paffer les nuits, de crainte de furprise, jufqu'à ce qu'on eût renforcé la garnifon, & qu'on cût réparé les bréches, parce que les chefs de la faction impe riale dont le nombre etoit affez confiderable, ne penfoient qu'à s'emparer du château dans la confternation générale où cet accident avoit jetté tout le monde.

LVI.

Lautrec fle rendodieux

à toute la nobleffe du

Lautrec tâcha d'y mettre ordre, mais il fit un acte de féverité qui le rendit extrémement odieux à toute la nobleffe du Milanez.Le comte de Grammont qui avoit fait Mainfroi Pallavicin prisonnier, l'avoit envoyé fous bonne ef- Milanez. corte à Milan; Lautrec perfuadé qu'il en fal- Guicciard. loit faire un exemple, ordonna aux fénateurs L. 14. de travailler àfon procès:plufieurs le refuferent, d'autres lui confeillerent d'envoyer le prifonnier en France, & lui remontrerent qu'il alloit irrirer les plus confiderables maisons du Milanez,& le pape même de qui Pallavicin étoit parent. Lautrec, malgré toutes ces remontrances ne laiffa pas de lui faire trancher la tête, d'autres hiftoriens difent écarteler; & par un trait d'avarice qui ne contribua pas peu à révolter contre lui les gens dé bien, il confifqua tous les biens du criminel, & les donna au maréchal

de Lefcun fon frere, à qui il procura par cette 1521. confifcation près de vingt mille ducats de re

LVII.

Le roi

ce avec le

venu.

Pendant que l'Italie étoit fi agitée, David d'Ethiopie roi d'Ethiopie, qui craignoit la puiffance du fait allian- Turc, écrivit à D. Emmanuel roi de Portugal roi de Por. pour lui demander la protection contre cet ennemi. Ses lettres font remplies des éloges qu'il tugal. fait d'Emmanuel : il le remercie en particulier de la réception honorable qu'on avoit fait à un ambaffadeur nommé Matthieu qu'il avoit envoyé en Portugal en 1514. & il lui en apprend la mort. Enfuite il lui témoigne qu'il a un grand defir de joindre fes troupes à celles des Portugais, pour recouvrer ensemble le temple de Jerufalem fur les Infideles:on voit beaucoup de zele & d'affection dans ces lettres. David y prie auffi Emmanuel de lui envoyer d'excellens graveurs, des imprimeurs, & d'autres artifans habiles & experts dans leur art, ce qui montre qu'il avoit deffein de faire fleurir ces arts dans le païs de fa domination. Emmanuel répondit autant qu'il put aux empreffemens du roi d'Ethiopie & il fit alliance avec lui. Leon X.l'ayant appris fit part de cette nouvelle aux cardinaux. & dans le mois d'Août il en fit rendre publiquement des actions de graces. Mais cette cérémonie paffagere ne retarda nullement l'affaire de la ligue qu'il avoit encore plus à cœur.

LVIII.

Profper Colonne affiége la ville de Parme.

Profper Colonne qu'il avoit choisi pour commander l'armée eccléfiaftique, crut de. voir profiter de l'averfion qu'on avoit pour Lautrec. Il fe trouvoit à la tête de près de dixMem. du huit mille hommes, fans compter douze cens Bellai l. 1. hommes d'armes, & les bannis de Milan qui faifoient un corps affez confidérable. Il entra dans le Parmesan avec cette armée, & alla affiéger Parme où Lefcun s'étoit jetté avec qua

1521.

tre cens hommes d'armes, outre la garnifon qui étoit de deux mille foldats Italiens, que le prince Frederic Bozzolo y commandoit. Les affieY geans, après trois affauts, s'étoient déja emparé du quartier de la ville, féparé par la riviere, lorfque Colonne fut informé que le duc de Ferrare s'étoit mis en campagne avec cent hommes d'armes, deux cens hommes de cavalerie legere, & deux mille fantaffins; qu'il avoit déja pris Final & le château de Saint-Felix, & qu'il s'avançoit vers Modene; que Lautrec 11 eft conavoit paffé le Pô avec cinq cens Lances, cinq traint de mille Suiffes, & quatre mille fantaffins Fran- lever le fieçois pour fecourir Parme; il leva le fiege, dans ge le deffein de fe retirer.

LIV.

Guichard.

l. 14.

Le pape fut vivement touché de la levée de ce fiege: il prévoyoit que la guerre feroit longue, & que l'empereur n'ayant point d'argent, il faudroit que le faint fiege en fît tous les frais; d'ailleurs if fe méfioit des Efpagnols, qu'il croyoit ne pas agir fincerement; mais l'ambaffadeur d'Efpagne l'ayant rafluré, l'obligea d'écrire au cardinal de Sion pour lever douze mille Suiffes dans les Cantons, ce que ce prélat obtint après beaucoup de refus, & même à condition que ces Suiffes ne combattoient point contre la France, parce que, felon un des articles du traité que les Cantons avoient fait avec la France, ils ne pouvoient accorder aucunes troupes à un parti, quand ils en avoient déja accordé à l'autre; mais le cardinal sçut éluder cette condition. Le pape écrivit aussi à Colonne de traverser le Pô pour entrer dans le Milanez. Le cardinal de Medicis quitta promptement Florence, & prit en qualité de légat l'autorité fouveraine fur l'armée confederée, que Colonne & Pescaire lui remirent volontiers, de peur d'étre contraint de ceder chacun à fon concurrent.

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