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ces caves: toutes les marches ou gradins ont perdu leur » arête, & forment une espèce de dentelle, tant fur le plan » que fur l'élévation; une partie même de ces gradins a été » détruite pour la conftruction du cabaret que l'on voit fur »une des coupes. Il règne encore une tradition dans le pays dont le préjugé à fait donner au fol de cet amphithéâtre le nom de Mer rouge: on croit donc que l'on y > introduifoit des eaux quand on le jugeoit à propos, peut» être étoit-ce un bain public; cependant on ne conçoit » pas de quelle manière l'eau pouvoit être conduite; il eft » certain du moins qu'elle ne pouvoit fe conferver dans » des bancs de pierre traverfés par une auffi grande quan» tité de fils & de delits, tels qu'on les a annoncés fur les » coupes de cet amphithéâtre; d'ailleurs on ne découvre » aucun veftige de canal ou de tuyaux de conduite. On a cependant reconnu qu'une fontaine à l'usage de la Ville » de Doué & diftante de 4 à 500 toifes, a fes eaux fupé» rieures au fol de cet amphithéâtre, dont les environs » méritent quelqu'attention: en effet, par l'examen des lieux, on a remarqué que du côté du nord on voit une grande enceinte, dont le plan forme un quarré-long, qui eft taillée dans le roc comme l'amphithéâtre, & dont » les paremens piqués avec foin, & bien à-plomb, annon» cent une intention de régularité. On préfume que cette » enceinte, qui tient à l'amphithéâtre, dont elle n'efst séparée que par le maffif des gradins, comme on en peut juger par le plan & la coupe, a été creufée à la même profondeur que l'amphithéâtre, puifque n'ayant aujour» d'hui qu'environ 15 pieds de profondeur, d'après le ter» rein naturel & étant plantée de vignes, il y a tout lieu » de croire que la terre qui fert à la production de ces vignes, a été rapportée par fucceffion de tems; fans quoi » le fol de cette enceinte feroit, ainsi que celui de l'amphithéâtre, le banc de la même pierre. En confidérant » cette Antiquité comme un bain public, applicable, fui» vant les circonftances, à des fpectacles, on pourroit

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» trouver des raifons d'utilité à cette enceinte. Il eft à pro» pos d'obferver que ce monument, qui eft aujourd'hui à » une des extrémités de la Ville de Doué, pouvoit être » du tems des Romains vers le centre de ladite Ville, d'au» tant que, felon la tradition, le petit Village de Douce, éloigné de plus de 1200 toifes de l'amphithéâtre du côté » du levant, faifoit partie de la Ville de Doué, ainsi que » celui de la Chapelle-fous-Langé, fituée au couchant, » à peu-près à même diftance que celui de Douce. Cette » tradition paroît d'autant plus probable que tout le ter» rein compris entre ces Villages eft couvert de ruines, de » murs & de maisons, & qu'il eft conftaté par l'Hiftoire, » que les Romains ont long-tems féjourné dans cette partie de l'Anjou ».

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Les traditions qui paroiffent les plus établies ne font que trop fouvent modernes & données par des demi-fçavans; par conféquent elles ne méritent pas plus d'attention, quant à cet amphithéâtre & au motif de fes fouterreins, que les idées groffières du peuple fur la Mer rouge, & la Tribune de Céfar. Il faut partir des faits & raifonner en conféquence: plus le local fe trouve ici bien établi, plus les objections qui m'ont frappées feront fenfibles.

Premièrement, il eft difficile de comprendre par quelle raifon en travaillant fans aucune contrainte, comme on a fait dans cette montagne, on a contredit l'ufage indiqué par le bon fens, de donner la forme circulaire à ces fortes de bâtimens, la feule qui foit capable de mettre tous les Spectateurs à portée de voir également les objets. On conçoit encore moins pourquoi, fans aucune néceffité, on a excepté celui-ci pour le traiter à pans, & rendre fon plan inégal.

En fecond lieu, les gradins de tous les amphithéâtres que nous connoiffons, & notamment celui Vérone, mefuré & publié par Defgodets, ont un pied trois pouces de hauteur, & deux pieds un pouce de profondeur : par quel motif ceux-ci s'éloignent-ils d'une proportion fi

convenable, pour ne leur donner qu'un pied de marche & un d'élévation, proportion qui auroit placé les Spectateurs trop bas avec incommodité, & fans leur donner l'efpace fuffifant pour pofer leurs pieds? On bleffe aifément le goût, mais on attaque difficilement la commodité d'un usage connu & pratiqué dans fa propre Nation. D'ailleurs, ce mur d'enceinte féparé du haut de ce monument, ces 25 portes telles qu'on les a vûes dans la defcription font autant de différences effentielles, qu'on ne remarque ni dans les théâtres ni dans les amphithéâtres.

Ces réflexions tirées de la chofe même, empêchent fortement de fe livrer à la tradition d'un amphithéâtre.

Ce n'eft pas tout; M. de Voglie a prouvé par une démonstration Physique, & par conféquent folide, l'impoffibilité de conferver l'eau dans ce bâtiment: l'idée d'un bain public ne peut donc être écoutée, non plus que celle d'une Naumachie; elle eut été fi petite & fi ridicule, qu'il est impoffible de la fuppofer: d'ailleurs les fouterreins auroient été inondés par les jours qu'ils recevoient; & l'on peut encore ajoûter que ces jours & ces fouterreins étoient abfolument inutiles pour l'un ou pour l'autre de ces deux objets.

La fingularité de ce monument recommandable à plufieurs égards, le rend auffi curieux qu'intéreffant : ne pouvant prononcer fur ce qu'il a été, je me contente de dire ce qu'il n'a pû être.

PLANCHE CXV I I.

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On ne peut placer ce monument dans une autre claffe ni l'attribuer à un autre peuple qu'à celui qui en a rempli la Bretagne: le Lecteur verra même à la Planche CXXIII, une difpofition de pierres abfolument pareille, & trouve dans cette Province. Tout ce que je pourrois dire au fujet de cette conftruction bifarre, ne vaudroit pas la fimple explication que M. de Voglie, Ingénieur du Roi,

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les ponts & chauffées de la Généralité, a jointe au deffein qu'il a levé, & que j'ai fait graver: voici fes obfer

vations.

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« Cette Antiquité que l'on voit auprès de Saumur eft » connue dans le pays fous le nom de Pierre couverte : elle eft fituée à une demi-lieue de Saumur, fur le che» min qui conduit de Montreuil-Bellay, en paffant par le Coudray. Ce monument a 50 pieds de longueur; il eft compofé de deux files parallèles de pierres de grais brut, » diftantes entr'elles d'environ 1 1 pieds, & recouvertes de » pierres femblables, qui forment plafond à 7 pieds au» deffus du terrein naturel; on n'y remarque aucun vestige » de travail, ni d'objet d'habitation. La feule ouverture que l'on voye dans cet affemblage, est placée sur le chemin de Saumur à Montreuil-Bellay. L'autre extrémité » du côté de la campagne, eft fermée par une feule pierre; >> ce monument eft compofé de 13 grandes pierres, qui ont depuis 9 jufques à 18 pieds de longueur, fur 10 à 15 pieds de largeur, & 10 à 14 pouces d'épaiffeur, dont quatre fur chaque face, autant en plafond, & une en » clôture du côté de la campagne : le deffein joint à cette explication fera mieux connoître cette conftruction que » tous les détails qu'on pourroit en donner.

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Il y a beaucoup de monumens femblables dans les en» virons de Saumur, tant du côté de Montreuil-Bellay; » que de celui de Doué; on en trouve auffi plufieurs dans » les environs de Chinon & de l'Ile-Bouchard, mais au> cun de ceux-là n'est aussi considérable que celui dont il » est question».

On voit par cet exemple que non-feulement on rencontre ces monumens barbares fur les côtes de la mer; mais qu'on les trouve, & même en grand nombre, à 40 lieues ou environ dans les terres, ce qui donne une nouvelle preuve du long féjour que ces hommes du Nord ont fait dans la Gaule; car enfin, ce n'eft que de proche en proche, & par une fucceffion de tems, qu'un peuple étran

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