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foupçonneux par état, pour ne rien dire de plus, ne laiffoit paffer les lumieres & les vérités, que par un étroit guichet. Eh! combien d'entr'elles étoient étouffées au paffage? Chez la Nation la plus réfléchiffante, la plus grave & l'une de celles qui ont le génie le plus mâle de l'Europe, on n'eut ofé compofer un Livre de Droit naturel; on n'eut osé traiter à fonds de la Juftice par effence; on n'eut ofé difcuter & démontrer librement les droits réciproques des Nations & des Souverains.

Ces tems viennent de paffer. La pru. dente modération du Prince a laiffé le Tribunal des Inquifiteurs en poffeffion de la Police fur les Livres, qui lui a été confiée par les Rois fes Prédéceffeurs, Mais par fon Ordonnance datée d'Aranjuez, le 16 Juin dernier, & explicative de celle qu'il avoit déja rendue le 18 Janvier 1762, il vient de régler la maniere de laquelle ce Tribunal pourra

exercer, à l'avenir, une Police dont les conféquences peuvent être fi importan

tes.

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Par l'article premier de cette fage Ordonnance, il eft preferit (*) au » Tri»bunal de l'Inquifition d'entendre les » Auteurs Catholiques, connus avantageufement par leur érudition & par » leurs travaux, avant de prohiber leurs Ouvrages; & dans le cas où ces Au» teurs ne feroient pas Nationaux, ou » ne feroient plus, de leur nommer un défenfeur, qui foit perfonne publique & » de capacité reconnue, fe conformant, » en cela, à l'efprit de la Conftitution » Sollicita & provida du Pape Benoît XIV, & à ce que prefcrit l'équité. L'article fecond porte, » que par la » même raison, le Tribunal n'arrêtera » pas le cours des Livres, Ouvrages ou

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(*) Voyez la Gazette de France, dus de ce mois, dont ces articles font tirés.

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Papiers, fous prétexte qu'ils ont befoin d'un long examen; mais que s'ils ren» ferment quelques propofitions ou expreffions répréhenfibles & condamnables, il aura foin d'indiquer l'endroit & la page où elles fe trouvent, » de forte que la lecture de l'Ouvrage ne foit point difcontinuée, & que le Lec»teur puiffe lui-même faire les correc» tions néceffaires ».

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L'article quatriéme ordonne, » qu'a» vant que l'Edit, (prohibitif ou cor» rectif de l'Inquifition) foit publié, on

en présente la minute au Roi, par la » voie de fon Secrétaire des Dépêches "de Grace & de Juftice, ou en l'ab» fence de celui-là, par celle de fon Secrétaire d'Etat des Affaires Etran"geres, & que la publication en foit fufpendue jufqu'au renvoi de la mi

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"nute".

L'article cinquième défend,» qu'aucun Bref ou Refcrit de la Cour de Rome, » touchant

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touchant l'Inquifition, quoique relatif à la prohibition des Livres, foit mis à exécution, fans que le Roi en » aye connoiffance, & fans qu'on ait obtenu l'attache de fon Confeil, pré»liminaire requis & indifpenfable.

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Avec la liberté honnête qu'une Ordonnance auffi refpectable affure aux Auteurs, qui pourront toujours le défendre par eux-mêmes, ou par Avocats, & qui n'auront de dangers à courir que ceux de la cenfure prefcrite par l'article II; les efforts réunis des bons Citoyens, ne fauroient manquer de répandre promptement, en Espagne, les lumieres qui peuvent y être néceffaires, fur tous les objets importans à la Nation.

Ces lumieres, qui manifesteront évidemment l'intérêt commun qui unit le Monarque & les Sujets, & qui développeront les moyens d'accroître & d'affurer la félicité de tous, établiront Eph. 1768. Tom. VII.

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néceffairement & complettement, à la fin, la liberté, la propriété, la fureté; étendront les travaux & l'utilité du Commerce; feront renaître & profpérer l'Agriculture; augmenteront les revenus du Peuple & ceux du Prince; faciliteront la multiplication des richesses & des hommes du dedans, & l'immigration de ceux du dehors; hâteront enfin, de toutes manieres, la reftauration de ce bel Empire, trop long-tems affoibli par les defordres de la politique arbitraire, qui ne peut naître qu'au sein de l'ignorance & de l'erreur; & la hâteront avec d'autant plus de rapidité, que toutes chofes étant égales d'ailleurs, les hommes aiment mieux vivre & porter leurs richeffes fous un ciel heureux, dans un climat doux, fur un territoire fertile & riant, au milieu des forêts de grenadiers, de mirthes, d'orangers & de citronniers, que dans les frimats & les glaces, & au milieu des neiges prefque éternelles du Nord.

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