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fon auguste él ve, & trop peu pour caufer de l'ennuy aux Lecteurs, même les moins curieux de morale.

Je ne fçai fila délicateffe de notre fiécle ne fera point bleffée de voir un homme de Cour loué fouvent pour fa piété & la Religion; mais je déclare qu'en ce point,je n'ai fait prefque que copier le Memoire de Madame la Ducheffe dUzés, & que d'ailleurs je n'ai pas crû que pour plaire davantage à un petit nombre de perfonnes, je duffe retrancher de la Vie de M. de Montaufier, ce qui peut le rendre encore plus eftimable & plus digne de vénération, aux yeux de tous Jes honnêtes gens.

LA

LA VIE

DE M. LE DUC

DE

MONTAUSI ER

LIVRE

PREMIER.

I la gloire des hommes dépendoit uniquement de la grandeur de leur origine il y en auroit peu qui dans

une condition privée, puffent tirer de leur naiflance un plus vif éclat que M. le Duc de Montaufier. Il naquit le 6. jour d'Octobre de l'année 161o. & Tome I.

A

fut le fecond fils de Leon de Saintes Maure, Baron de Montaufier, & de Marguerite de Chateaubriant, tous deux fortis des plus illuftres maisons de la Bretagne & de la Touraine. On ne difpute en effet ni à l'une ni à l'autre cette antiquité refpectable qui remonte jufqu'aux fiecles les plus reculés, & qui rend la nobleffe d'autant plus authentique, qu'il eft plus difficile d'en trouver la fource. Mais les qua litez du cœur & de l'efprit furpaffoient encore les avantages de la naiflance dans le Baron de Montaufier, & dans Mademoiselle de Chateaubriant. L'un réüniffoit en fa perfonne toutes ces nobles qualitez qui accompagnent d'or dinaire une illuftre origine. L'autre faifoit briller en elle ces graces & ces vertus dont l'alliance eft fi rare; & qui font regarder avec admiration les perfonnes dans qui elles fe trouvent heureusement raffemblées. Un mariage que l'inclination avoit formé fans aucune vue d'interêt, promettoit aux

deux Epoux une fuite de beaux jours, lorfqu'une mort précipitée vint les féparer pour jamais. LeBaron de Montaufier mourut dans la force de l'âge, & laiffa une époule tendrement cherie, accablée de la plus vive douleur, & chargée de l'éducation de trois enfans qui leur reftoient; fçavoir Hector, qui comme aîné de la maison prit le nom de fon pere; Charles dont j'écris la vie, qu'on appelloit Marquis de Salles, & Catherine qui fut mariée d'abord au Marquis de Lenoncourt, & en fecondes nôces au Marquis de Laurieres de la maison de Pompadour, dont fon fils devint le Chef.

Madame de Montaufier avoit tou tes les qualitez qui font le caractere de la femme forte, une ame élevée, des fentimens nobles, une fermeté & un courage au-deffus de fon fexe, une vertu folide & conftante qui ne se démentit jamais. Demeurée veuve à l'âge de vingt-cinq ans, elle oublia qu'étant jeune, belle & d'une condition

élevée, elle pouvoit encore goûter pendant long-temps les douceurs de la vie; elle fit de tous ces avantages fi précieux aux Dames, un genereux facrifice, & fe confacra toute entiere à l'éducation de fes enfans. Pour écarter tout ce qui eût pû la diftraire de cette occupation effentielle aux yeux d'une mere Chrétienne, & pour rétablir par une fage œconomie les affaires de fa famille, que l'inclination genereuse & liberale de fon époux, avoit confidérablement dérangées; elle réfolut de s'enfevelir, pour ainfi dire, toute yivante dans une de fes terres ; elle se défit de tous fes équipages, & ne garda que les Domeftiques les plus néceffaires; elle vendit fes pierreries & même fes habits pour acquitter les dettes de fon mari; & le réduifit à ne plus faire fervir fur la table que les mets les plus communs, & à ne s'habiller que d'une fimple robe de laine qu'elle filoit elle-même. Heureuse fi tant de vertus euffent été animées par la vraye Foy!

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