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auroit

pas été bon pour les Normans, que cependant il avoit fçû s'accommoder 1664. à leur génie, & que l'évenement avoit fait voir qu'il étoit propre à tout. Cette réponse en le flatant, lui dictoit fon devoir, il s'y rendit, & fit fes préparatifs pour aller au-devant du Légat. Il partit vers la fin de May à la tête d'un détachement de la maifon du Roy, & rencontra le Miniftre de fa Sainteté à Lyon, d'où il l'amena par la Loire à Fontainebleau où étoit la Cour. En arrivant le Légat eut une audience fecrette du Roy, après la- 3. Juilquelle il trouva dans la galerie des let Cerfs un repas fuperbe, préparé aux frais de M. de Montaufier, qui l'ayant accompagné aux Audiences publiques, & à fon entrée dans la capitale du Royaume, le reconduifit jusqu'au lieu d'où il l'avoit amené. Le Légat & tous les gens de fa fuite s'en féparérent avec regret; ils avoient été charmez de fa politeffe, de fes attentions, de fa générosité, & de cet ef

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prit folide & aisé, par lequel il fça voit s'ajufter aux diférens génies, fans que le fien fouffrît aucune altération; qualité qui le rendoit plus femblable aux Italiens, qu'il ne penfoit, & qui juftifia parfaitement la réponse que le Roy lui avoit faite à cette occafion.

La maniere noble dont il s'étoit acquité de fa commiffion, & les grandes dépenfes où elles Favoient engagé, pour faire mieux connoître aux étrangers la grandeur du maître qu'il reprefentoit, lui en attira de nouvelles faveurs, ou plutôt de glorieufes récompenfes. Ce fut en ce tems-là que le Roy lui accorda des Lettres de Duc & Pair, & que non content de lui donner ce titre honorable, il donna auffi à la Ducheffe z. Août. fa femme le rang le plus diftingué de la Cour, en la nommant Dame d'honneur de la Reine. Cette place étoit occupée auparavant par la Ducheffe de Navailles, proche parente

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de Madame de Montaufier; & celle-
ci ne fe vit qu'avec peine revêtuë
des dépouilles d'une perfonne qui ne
lui étoit pas moins attachée par les
nœuds de l'amitié, que par les liens
du fang. Elle n'avoit pas ignoré la
difgrace dont fa parente étoit mena-
cée, & bien loin de fonger à profiter
de fon malheur, elle n'oublia rien
arrêter le coup, &
re rentrer dans les bonnes graces du

pour

pour

la fai

Prince. D'ailleurs elle s'étoit fi fort attachée à Monfeigneur le Dauphin, qu'elle ne pouvoit fe réfoudre à le quitter, préférant au droit de préfeance annexé à la charge qu'on lui offroit, la touchante fatisfaction de fervir 1664 pour ainfi dire de mere à un Prince destiné pour être un jour fon Roy. Mais les foins pour réconcilier Madame de Navailles, & fes raifons s'exempter de prendre fa place furent inutiles. Le Roy vouloit être obéi auffi-bien quand il faifoit des graces, que quand il donnoit des ordres, &

pour

pour ménager la tendreffe prefque maternelle, que la Ducheffe avoit pour fon éleve, Sa Majefté lui dit qu'elle feroit les deux charges à la fois, & qu'elle conferveroit la place de Gouvernante de Monfeigneur avec celle de Dame d'honneur de la Reine.

2.Août. Il fallut fe foumettre à des commandemens fi flateurs; Madame de Montaufier prêta ferment de fidelité pour fon nouvel emploi; & continua à faire les fonctions du premier, qui lui caufoit cependant de continuelles inquiétudes.

L'obligation où elle se trouvoit d'être fouvent auprès de la Reine l'empêchoit d'être affidue comme auparavant auprès du Dauphin; & elle trembloit toujours que dans ces momens d'absence il n'arrivât au petit. Prince quelque fâcheux accident ; fes craintes n'étoient que trop bien fondées, deux mois ne fe pafferent: pas que pendant l'abfence de la Gou

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vernante, Monseigneur tomba de fon berceau, par la négligence des fem mes, qui devoient y veiller, & Madame de Montaufier ayant profité de cette occafion pour faire comprendre au Roy de quelle conféquence il étoit que la Gouvernante de M. le Dauphin fut toute entiere à lui. Sa Majefté goûta fes raifons, & reçut fa démiffion de la charge de Gouvernante 4 des enfans de France, qui fut donnée peu de tems après à la Maréchalle de la Mothe..

On peut juger quelle devoit être dans ces circonftances la joie & la fatisfaction du Duc & de la Ducheffe de Montaufier. Ils fe voyoient com- . blez de biens & d'honneurs par un Roy, dont le difcernement égaloit la puiffance, & ils ne devoient rien à fes intrigues, que l'on n'emploie que trop fouvent à la Cour pour s'y avancer, mais dont le fuccès fait bien: moins d'honneur, que le pur choix d'un Prince éclairé, qui va lui-mê

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