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effacera celle qu'on en auroit pû concevoir fur des portraits peu fidelles. On y trouvera fur tout la réfutation indirecte de ce que l'Auteur du Segrefiana a eu l'audace d'inférer dans fon livre, que M. de Montaufier étoit un homme de fortune, qui s'étoit élevé fans merite. On y verra un homme illuftre par l'antiquité de fa noblesse fe fignaler dès les premieres années par des actions éclatantes de valeur; mériter partes fervices les honneurs militaires; verfer fon fang, & expofer fa vie pour les intérêts de fon Roy & de fa patrie, fe facrifier pour la défenfe, & le falut des peuples confiez à fes foins, & attendre cependant affez long-tems les récompenfes dont il s'étoit rendu digne.

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Le fimple récit de la maniere dont le feu Roy, ce Prince fi équitable & fi éclairé, le choifit pour être Gouverneur de M. le Dauphin, eft fuffifant pour confondre l'ignorance ou la mauvaise foi d'un Ecrivain obfcur

qui fous un nom emprunté, ole lan cer les traits d'une fatyre calomnieuse contre un Seigneur également refpectable par fon rang & par fa vertu. La paffion de cet Auteur étoit bien aveugle, puifqu'elle ne lui laiffoit pas voir le tort qu'il faifoit à celui-là même, dont il prétendoit rapporter les fentimens & les difcours. Où est en effet la probité de M. de Segrais, fi après avoir donné à M. le Duc de Montaufier les plus magnifiques louanges dans les Eglogues, il le déchire impitoyablement dans fes entretiens particuliers avec M. Foucault? J'aurois dû peut-être moins infifter fur un lie belle, qui fut flétri dès fa naiffance; fi je ne fçavois que les fatyres & les calomnies, malgré toutes les précautions que l'on peut prendre, fe répandent ailément, & trouvent tou jours des gens malins, ou crédules, portés à y ajoûter foy fans aucun exa

men.

Quelques perfonnes avoient fou

haité que je m'étendiffe fur les preuves de la nobleffe de M. de Montaufier; mais outre que je ne fuis point au fait des Généalogies, j'apprens que celle de M. de Montaufier fera à la tête du nouveau volume que le R. P. Simplicien, continuateur du P. Anfelme, se dispose à mettre au jour. Sans rien entreprendre fur les droits d'un Auteur dont je refpe&te les lumieres, je me contenterai de dire ici en peu de mots, que la Maison de Sainte Maure compte plus de fix cens ans d'antiquités que les Seigneurs de ce nom fe font toujours diftinguez par leur courage, & leur probité; qu'ils ont été dans tous les tems revêtus des premiers emplois de la milice, & que Guillaume de Sainte Maure, qui avoit pris le parti de l'Eglife, fut élevé par Philippe de Valois à la dignité fuprême de la Robe. J'ajoûterai que cette Maifon fi noble par elle-même, s'eft d'ailleurs foutenue par fes alliances avec les familles les plus diftinguées du

Royaume; que celle de Montaufier entr'autres lui donna, il y a plus de trois fiécles, une nouvelle fplendeur, en y portant de grands biens& un nom des plus illuftres; que la branche de ce nom s'eft glorieufement perdue dans la maison d'Uzés, dont on connoît affez la grandeur, & qu'en fin la branche de Sainte Maure s'eft perpétuée & fubfifte encore dans des Seigneurs qui foutiennent fous nos yeux toute la gloire de leurs ancê

tres.

A l'égard du ftile que j'ai employé en écrivant cet Ouvrage, je crois que ce feroit exciter la cenfure, que de vouloir le juftifier par avance. Je dirai feulement que j'ai pris celui que j'ai jugé le plus convenable au fujer, & que je n'en ai point rejetté certains ornemens, dont il n'y a que les grandes Hiftoires, qui puiffent fe pafler. Dans la vie d'un particulier tous les faits ne font pas égalenient frappans; & ce n'eft, que par le fecours d'un

ftile élevé, que les petites chofes peuvent figurer avec les grandes.

Je dois avertir ici que cette Vie n'eft point, ce qu'on appelle Panégyrique; je fais profeffion d'y dire la vérité; & l'on s'appercevra que fi je cherche à faire briller les vertus de M. de Montaufier, je ne déguise pas fes défauts.

Il faut dire un mot auffi des fameuses Maximes, que ce grand homme infpiroit à M. le Dauphin, & dont on trouvera ici l'abregé. On longeoit d'abord à en faire un Recueil féparé, & un Ouvrage à part; mais la difficulté de mettre en œuvre des matériaux de cette nature, & la crainte de ne pas réiiffir même après un long travail, ont fait changer de deffein. On s'eft contenté de ramaffer les Maximes les plus belles, & de les inférer dans la fuite de la narration. Il y en a affez pour donner une grande idée de la maniére dont M. de Montaufier formoit l'efprit & le cœur de

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